« Gilets jaunes » : policiers et gendarmes déployés pour l’acte IV
Alors que des collectifs modérés appellent au calme avant une nouvelle journée d’action aujourd’hui, un dispositif de police « exceptionnel » est mis en place face aux craintes de violence
La France est en alerte rouge et Paris a commencé à se barricader à la veille d’un nouveau samedi de manifestations de « gilets jaunes », une crise sociale et politique qui déchire le pays et sidère le monde. Commerces fermés, spectacles annulés, matches de foot reportés, programme du Téléthon et parcours de la marche pour le climat changés : partout dans l’Hexagone, des dispositions exceptionnelles sont en vigueur pour se prémunir d’une nouvelle flambée de violences, comme celles du 1er décembre. La situation est suivie de près à l’étranger. Le ministère belge des Affaires étrangères a conseillé à ses ressortissants de « reporter leur séjour » à Paris ce week-end. « Ces trois dernières semaines ont fait naître un monstre qui a échappé à ses géniteurs » ,a estimé hier le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.
Stratégie du chaos
Face au risque d’une nouvelle explosion de violences, un dispositif policier « exceptionnel » sera déployé sur tout le territoire avec 89 000 membres des forces de l’ordre, dont 8 000 à Paris. Dans la capitale, pour la première fois depuis des décennies, l’État engagera des «VBRG», ces véhicules blindés à roue de la gendarmerie. Éric Drouet, visé par une enquête après avoir appelé à entrer dans l’Élysée, a également appelé à laisser « Paris aux casseurs » et d’aller manifester « sur le périphérique » parisien à la place. Un des représentants des « gilets jaunes libres », Benjamin Cauchy, a appelé à ne pas aller manifester à Paris, estimant que ce rendez-vous était « un traquenard ». Il a été reçu avec une délégation de «gilets jaunes» pendant une heure et demie hier soir à Matignon par le Premier ministre, « conscient de la gravité de la situation », selon lui. « Le Premier ministre nous a écoutés et promis de porter nos revendications au président de la République. Maintenant nous attendons M. Macron. J’espère qu’il va parler au peuple de France comme un père et qu’il prendra des décisions fortes », a déclaré à la sortie Christophe Chalençon, un autre porte-parole du mouvement. Silencieux toute la semaine, Emmanuel Macron ne s’exprimera qu’en « début de semaine prochaine » sur la crise. Le chef de l’État s’est rendu dans la soirée au fort de Nogent-sur-Marne pour y rencontrer des gendarmes mobiles qui seront déployés aux Champs-Élysées. Trois semaines après la première grande mobilisation contre l’augmentation de la taxe sur les carburants, le gouvernement a multiplié les appels au calme, constatant que l’annulation de cette hausse n’a pas suffi à apaiser la colère.
Ultradroite et ultragauche
L’exécutif craint une alliance entre ultradroite, ultragauche, «gilets jaunes» les plus remontés et jeunes de banlieue, dont certains se sont livrés à des pillages samedi dernier dans la capitale. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, en a appelé aux entreprises, soulignant que «tout le monde doit faire sa part» et évoquant le versement d’une prime exceptionnelle défiscalisée et exonérée de charges.