Une sortie de crise est-elle possible ?
D’une certaine façon, les « gilets jaunes » ont déjà gagné. En tout cas à Paris, où l’un après l’autre, les grands magasins et les musées ferment leurs portes, où cafés, restaurants et pharmacies baissent leurs rideaux tandis que les établissements scolaires se barricadent. Ils ont gagné,
donc, mais quelle est leur victoire ? Celle de la peur, sûrement. Cela leur suffitil ? Non, évidemment. Car celle-ci, justement, peut se retourner contre la cause qu’ils défendent. Chacun d’un coup, hier, à gauche, à droite et même chez les « gilets jaunes », de Marine Le Pen à Laurent Wauquiez en passant par les leaders « historiques » de « gilets jaunes », a bien ressenti le danger que peut faire courir, pour la République et la démocratie tout simplement, – grands mots que certains viennent de redécouvrir – un mouvement incontrôlable, aux mille revendications, sans leaders reconnus, dont les demandes vont de la pure revendication sociale, dont celle, justifiée, du pouvoir d’achat, aux appels à investir l’Élysée, comme en , quand les Parisiens ont investi la Bastille. Voilà pourquoi les « gilets jaunes » sont arrivés, aujourd’hui, à un tournant majeur de leur mouvement. Pourquoi ? D’abord parce que le gouvernement, – et donc le Président – ont ouvert le dialogue avec eux, dialogue que ceux-ci ont accepté, en se rendant hier soir à Matignon. Certaines des revendications des « gilets jaunes », en effet, pouvoir d’achat, salaires, difficultés des retraités, ont été entendues. L’heure de la concertation semble avoir sonné. Ensuite parce que la majorité de ceux qui bloquent les carrefours ou allument des braseros dans toute la France ne réclament, au plus profond d’eux-mêmes, ni le chaos, ni la révolution. Ils demandent seulement qu’on les entende, et qu’on ne leur promette pas des carabistouilles, mais quelques mesures, précises, efficaces, qui mettent un terme à leurs fins de mois difficiles. Des casseurs ? Il y en a beaucoup depuis des années dans les manifestations, à Paris et ailleurs depuis des années. Mais ils restent, et de loin, minoritaires. Ils sont là, comme leur nom l’indique, pour détruire, et pas pour construire. Le bon sens voudrait, – mais la politique est-elle faite avec du bon sens ? – que le moment des Etats généraux soit venu, et pas celui de la mort du Roi.
« La majorité de ceux qui bloquent les carrefours ne réclament, au plus profond d’eux-mêmes, ni le chaos, ni la révolution »