« Gilets jaunes » : un acte IV moins violent à Paris
Des unités de police plus mobiles et un dispositif renforcé avec 89 000 agents déployés en France ont abouti à 1 385 interpellations et moins de casse. En région, de nombreux incidents
Des échauffourées se poursuivaient dans la nuit hier à Paris et dans quelques villes de province, au terme de la 4e journée nationale de mobilisation des «gilets jaunes» émaillée encore de violences, le Premier ministre espérant « retisser l’unité nationale » (voir encadré ci-dessous). Pour cette journée de manifestations des «gilets jaunes», placée sous très haute sécurité, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a annoncé 125 000 manifestants, soit un peu moins que le 1er décembre.
interpellations
En revanche, les forces de l’ordre ont procédé à beaucoup plus d’interpellations 1 385 qui ont donné lieu à 975 gardes à vue sur l’ensemble de la France. « C’est un niveau exceptionnel», a-t-il ajouté, qui reflète l’importante mobilisation policière déployée pour cette journée jugée à hauts risques. Après une matinée relativement calme, des heurts ont éclaté dans l’après-midi à différents endroits de la capitale mais aussi en province, notamment à Bordeaux, où le défilé de plusieurs milliers de participants, d’abord pacifique, a dégénéré en fin de parcours. Au moins une personne a été grièvement blessée, selon un journaliste sur place.
« Scènes de chaos »
Des heurts violents se sont également produits à Toulouse, où plusieurs milliers de personnes refoulées hors du centre-ville à coups de gaz lacrymogène ont érigé et incendié des barricades. A Paris, des voitures ont brûlé, des boutiques ont été pillées, mais dans une proportion moindre que le samedi précédent et parfois sous les cris de réprobation de « gilets jaunes ». Anne Hidalgo, la maire PS de la capitale, a déploré « des scènes de chaos » et des « dégâts incommensurables » pour l’économie et l’image de la ville, à l’issue de cette nouvelle mobilisation du mouvement hétéroclite qui entend protester contre les taxes et la baisse du pouvoir d’achat. Christophe Castaner a fait état de 118 blessés du côté des manifestants, « liés à des accidents pour l’essentiel sur le domaine routier », et 17 blessés du côté des forces de l’ordre, à l’échelle nationale, donc moins que la semaine précédente - 201 manifestants blessés et 284 côté forces de l’ordre. Pour l’ensemble du territoire, 89 000 membres des forces de l’ordre étaient mobilisés, dont 8 000 à Paris appuyés par 14 «VBRG», véhicules blindés à roue de la gendarmerie. Des pillages et incendies de voitures se sont produits dans la capitale, du fait de petits groupes de jeunes. Ces scènes, rapides et violentes, ont cette fois touché des rues plus éloignées des Champs-Élysées et des grands boulevards.
Macron va parler
Autoroutes coupées, échangeurs bloqués, déviations, sorties obligatoires: le réseau routier et autoroutier français connaissait de nombreux points de perturbations. Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a de nouveau évoqué hier « la dissolution » de l’Assemblée nationale, qui selon lui « s’approche comme une issue raisonnable et tranquille » à la crise. Silencieux toute la semaine, Emmanuel Macron s’exprimera en « début de semaine prochaine », Le Parisien évoquant même une intervention télévisée lundi soir.