«Voir la fin du Sida avant la fin de ma vie»
Pascale Bastiani est bien connue dans le milieu associatif azuréen. Séropositive depuis plus de ans, elle n’hésite pas à prendre la parole et à engager le dialogue avec les plus jeunes pour leur faire comprendre à quel point le Sida est un fléau. « Quand on évoque le VIH, il y a plusieurs types de réactions. Certains disent que ce n’est pas grave, qu’il y a des traitements – des antibiotiques, disent-ils ! – d’autres pensent que ça ne les concerne pas, que ça n’arrive qu’aux autres. Pourtant lorsqu’ils découvrent leur séropositivité, ils ont la même réaction que celle que j’ai eue en . Ils pensent qu’ils vont mourir. » Pascale Bastiani a découvert qu’elle était infectée au milieu des années . « Je faisais partie d’un groupe de toxicos. On a été contaminé à cause des seringues. J’étais dans une association de sevrage, on a commencé à avoir beaucoup de cas de gens immuno-déprimés. On a donc organisé un dépistage communautaire. Sur , on était séropositifs. Lorsque j’ai su que je l’étais, je me suis juste dit “je vais mourir demain”. » Suivent des années de suivi, de traitements pour le VIH mais aussi pour une hépatite qu’elle a contractée au même moment. «Jen’ai pas mené à terme deux grossesses. On était tous les deux séropos. Ce n’était pas envisageable. » Les choses ont eu beau se dérouler dans les années , Pascale Bastiani a l’impression qu’il y a encore beaucoup de gens qui ignorent quels sont les modes de contaminations (« Je connais un mec qui refuse de me faire la bise... Il a ans et pense qu’il peut attraper le Sida avec une bise ! » – sic). C’est pour les jeunes qui prennent des risques qu’elle s’inquiète mais aussi « pour les vieux. Tous ceux de ma génération – ceux qui sont encore vivants – comment vont-ils faire ? On ne veut pas d’eux en Ehpad ; en même temps ils ne sont pas capables de vivre seuls. Il y a encore beaucoup de choses à faire en termes de stigmatisation. Il faut travailler sur les représentations du Sida. J’en connais tellement, des séropositifs qui n’osent pas le dire au travail, qui se cachent pour prendre leurs médicaments parce qu’ils ne veulent pas en parler à leur famille... » Et Pascale conclut : « Non, le VIH ce n’est pas une maladie chronique, c’est l’isolement, les rêves abandonnés, les objectifs manqués. Je veux continuer à m’impliquer dans la lutte avec l’espoir de voir la fin du Sida avant la fin de ma vie. »