Nice-Matin (Cannes)

Georges Dorival, le comédien collection­neur

Une vingtaine de lots issus de la collection de l’artiste passeront sous le marteau le 13 décembre à Monaco

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La postérité se souvient de lui comme l’un des grands comédiens du début du XXe siècle. Georges Dorival (1871-1939), de son vrai nom Georges Édouard Lemarchand, était aussi un amoureux de l’art. Le 13 décembre, plusieurs pièces issues de sa collection privée sont mises aux enchères par l’Hôtel des ventes de Monte-Carlo au Yacht Club de Monaco. « Elles proviennen­t de son héritier direct », précise Franck Baille, commissair­epriseur. C’est à l’âge de 25 ans que Dorival découvre la notoriété en devenant membre de la troupe de l’Odéon à Paris. Pendant près de vingt ans, il enchaîne les succès sur la scène nationale et internatio­nale. L’artiste à la voie puissante est engagé à la Comédie-Française en 1917, dont il devient le doyen jusqu’à sa mort en 1939. On le retrouve également dans de nombreux films et courts-métrages dès 1909. Dorival donne parallèlem­ent des cours privés de diction au théâtre Maubel (actuel Théâtre Michel Galabru), passage obligé pour ceux qui souhaitent intégrer le Conservato­ire d’art dramatique de Paris. Plusieurs de ses élèves deviendron­t célèbres : René Simon, fondateur du cours Simon, Jean Weber, Robert Dheri, Claude Berri, Pierre Brasseur ou Pierre Renoir. Jean Marais raconte dans un ouvrage comment Dorival lui sauva la vie en le recalant à l’entrée de son cours, l’obligeant à s’orienter vers la voie du cinéma. Au-delà des planches, la grande passion de ce peintre amateur reste l’art. Au début des années 30, sa collection totalise plus de 500 oeuvres, acquises pour la plupart directemen­t auprès des artistes, bien souvent des amis. Obsessionn­el, il peut accumuler plus d’une dizaine de toiles d’un même peintre, comme pour son ami Max Jacob ou les frères Dufy, Raoul et Jean, voire même une vingtaine ou une trentaine comme pour Gen Paul. Cet érudit découvre le premier l’originalit­é et la valeur de la peinture de Max Utrillo. Il collection­ne aussi Cézanne, Manet, Renoir, Guillaumin ou Modigliani, qui réalise en 1916 deux portraits de Blanche Dorival, épouse de Georges, dont l’un d’eux appartient à une grande collection suisse, la Fondation Im Obersteg. 18 lots en tout sont présentés lors de la vacation. La star de la vente : un tableau de Kees Van Dongen (1877-1968), « Jeune femme ajustant sa bottine », évalué entre 600 000 et 800 000 €. « C’est vraiment un chef-d’oeuvre, pour une estimation très raisonnabl­e », souligne Franck Baille. La peinture était particuliè­rement chère à Georges Dorival, qui l’a longtemps gardée sous ses yeux dans sa salle à manger du Boulevard de Clichy puis dans sa villégiatu­re de Saintry. D’autres peintres remarquabl­es figurent également au catalogue : le Douanier Rousseau, Jean Dufy, Marcel Gromaire, Moïse Kisling, Georges Braques, Max Jacob ou Gen Paul. Une véritable aubaine pour tous les collection­neurs d’art moderne.

 ??  ?? Kees Van Dongen (-) - Jeune femme ajustant sa bottine, circa - - Huile sur toile  x  cm - Estimation :   -   €.
Kees Van Dongen (-) - Jeune femme ajustant sa bottine, circa - - Huile sur toile  x  cm - Estimation :   -   €.
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