Nice-Matin (Cannes)

Business angels, mode d’emploi BtoB

Quelles qualités un entreprene­ur doit-il avoir pour attirer l’attention de business angels ? Quand faire appel à eux ? Pour tout savoir - ou presque - sur ces investisse­urs en cinq points

- KARINE WENGER kwenger@nicematin.fr

Basé sur la technopole, le Sophia Business Angels (SBA) vient de fêter ses quinze ans. Depuis sa création, il a investi 54 M€ dans 300 startups. Cette année, 19 startups ont été accompagné­es pour 1,8 M€. Un résultat qui ne satisfait guère son président Marcel Dridje mais qu’il explique par la mise en place de loi Finance 2018. Il vise les 3 M€ d’investisse­ment en 2019. Comment les business angels fonctionne­nt-ils ? Avec Tanguy de la Fouchardiè­re, président du réseau France Angels et son viceprésid­ent Guy Gourevitch, Marcel Dridje donne la vision des SBA.

- Comment attirer un business angel?

Avec de l’innovation. « Ce n’est pas un secteur économique précis que recherchen­t les business angels, explique Tanguy de la Fouchardiè­re, mais de l’innovation. On raisonne en apport de valeur. Contrairem­ent au marché mature qui est un marché de demande, l’innovation est un marché d’offre, qui crée de la valeur et permet d’avoir une scalabilit­é.» Autre façon d’attirer l’attention d’un business angel: «Participer à des événements comme la Startup Factory ou la Venture Academy que SBA organise plusieurs fois par an. La parole y est donnée à des startups au stade de l’idéation», précise Marcel Dridje. Si l’innovation est une condition sine qua non, le côté humain est également primordial : « Le pitch de l’entreprene­ur est celui qui va donner envie au business angel d’investir, souligne Guy Gourevitch. On fait très attention au manager, à son entourage premier, son équipe.»

- Quel rôle joue-t-il?

Plus que de signer un chèque, le business angel accompagne et mentore la jeune pousse « avec confiance et bienveilla­nce», précise le président de France Angels. Son rôle, à l’instar d’un ange-gardien, est d’aider le startuper, à surveiller la dépense de sa levée de fonds. «Si besoin, de faire pivoter son business model que cela touche la forme, l’offre, le type de clientèle. Il y a un intérêt convergent à faire réussir la société. » Pour Marcel Dridje, cela va au-delà d’un investisse­ment financier : « Le business angel a envie de partager son expérience avec un autre entreprene­ur. » Peu importe s’il n’a pas l’expertise technique dans le secteur où opère la startup. « On peut les suivre dès lors que l’on comprend le business model et que l’on peut ouvrir des portes avec notre carnet d’adresses. »

- Quand y faire appel ? Et combien de temps ?

Les business angels intervienn­ent généraleme­nt au début de la confrontat­ion d’une offre à son marché, lorsque la startup commence à faire sa preuve de concept. Attention, conseille Tanguy de la Fouchardiè­re : « N’allez pas chercher de l’argent sans avoir fait mûrir votre projet. Pour cela, il existe des incubateur­s et revenez nous voir après. » Quant à la durée de l’implicatio­n des business angels : «On a un vrai rôle à jouer les trois premières années. On sort de la startup après cinq ans. Si elle performe, elle aura besoin d’un fonds d’investisse­ment. A nous de les mettre en relation. »

- Quelle différence avec le crowdfundi­ng?

Elle se situe au niveau du mentorat, du suivi pendant plusieurs années et de l’expertise. Et surtout «Le business angel a un lien direct avec l’entreprise. Il l’a depuis le sourcing jusqu’à la sortie, explique Tanguy de la Fouchardiè­re. Il est maître de son investisse­ment du début à la fin: c’est bénéfique pour l’entreprene­ur car sur 100 € levés, 99 € arrivent dans l’entreprise. »

- Pour quels résultats?

«Sur dix startups dans lesquelles on a investi, trois vont mourir; six ont une progressio­n et une va performer, résume Guy Gourevitch. Sa sortie justifiera son investisse­ment et celui des neuf autres. » Rappelons qu’une jeune pousse sur deux non accompagné­es ne survit pas.

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 ??  ?? De gauche à droite. Guy Gourevitch, Tanguy de la Fouchardiè­re et Marcel Dridje. (Photo K.W.)
De gauche à droite. Guy Gourevitch, Tanguy de la Fouchardiè­re et Marcel Dridje. (Photo K.W.)

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