Nice-Matin (Cannes)

Agression sur mineur : un taxi condamné

- JEAN STIERLÉ

Jean-Paul, un artisan taxi de 61ans, s’avance à la barre du tribunal correction­nel de Grasse, convoqué pour agression sexuelle sur mineur. Accompagné par son avocat, les yeux baissés, il va devoir s’expliquer sur des faits qui se sont déroulés à Grasse en juillet 2013, puis renouvelés en avril 2016 à Cuges-lesPins (13) au parc d’attraction­s OK Corral. Habitué à recevoir une amie de la fille de sa compagne, pour des baignades dans la piscine de sa résidence, Jean-Paul profite de ce bain collectif pour poser ses mains sur la jeune fille et pratiquer des caresses et des gestes déplacés. Elle n’a, alors, que 13 ans. Chaque été, entre 2013 et 2016, il va réitérer ces actes, adressant des SMS exprimés sans détour. « Me demandant de m’allonger sur un lit. Il me caressait toujours sous l’eau, mais je n’ai rien dit » témoigne la victime, aujourd’hui majeure et absente à l’audience.

« J’étais attiré »

Jusqu’à cette sortie en famille au parc d’attraction­s, où le prévenu se glisse sous sa couche. Il recommence ses gestes pervers, passant sa main sous la culotte de la victime. « Elle avait subi les agissement­s répétés de ce Monsieur, ses SMS et ces jeux prétendus d’enfants ! » révèle Me Virginie Sana, avocat de la partie civile. Une plainte sera déposée en avril 2017 et le mis en cause placé sous contrôle judiciaire. Sans émotion particuliè­re, il avoue : « Je reconnais les faits, j’étais attiré par cette jeune fille, c’était un jeu malsain, elle semblait aimer les mots que je lui envoyais. » Il lui disait qu’il l’aimait et lui demandait de cacher les SMS. « Vu son état, la victime n’est pas venue témoigner de son calvaire, imposé par un pervers sexuel qui l’a réduite au simple objet de ses jeux malsains » ajoute Me Sana, qui demandera 47 840 euros de dommages et intérêts. Le procureur de la République, Maud Marty, requiert 3 ans de prison, dont deux avec sursis mis à l’épreuve pendant 2 ans. Aux intérêts de son client, Me Frank Ginez déclare : « Je ne défends pas un prédateur sexuel, mais un homme qui, dans une relation malsaine, a dérapé. » La victime change plusieurs fois de portable; dès lors, « comment a-t-il pu obtenir à chaque fois le

nouveau numéro?» Des interrogat­ions dont il use comme arguments, insinuant une implicatio­n de la victime. «Elle fréquentai­t des sites de rencontres et échangeait avec des hommes plus âgés jusqu’à se prendre

au jeu et en avoir peur. » Le tribunal condamnera Jean-Paul à 3 ans de prison, dont deux avec sursis mis à l’épreuve pendant 2 ans sans mandat de dépôt. En outre, il devra indemniser la victime à hauteur de 6 000 euros, suivre des soins, et interdicti­on lui est faite d’approcher la victime, avec inscriptio­n au fichier des délinquant­s sexuels. Une inscriptio­n au casier B2 lui sera épargnée, ce qui lui permettra de continuer son activité profession­nelle et d’indemniser sa victime.

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