Nice-Matin (Cannes)

« Une vraie chasse à l’homme » : Un Niçois témoigne après l’attentat

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Colmar, Riquewihr, Ribeauvill­é, Kaysersber­g… Et puis, Strasbourg pour terminer. La tournée des marchés de Noël du Grand Est devait être féerique pour Krishna, kinésithér­apeute niçois de 32 ans, et sa compagne. Elle l’a été. Mais la dernière étape s’est soldée par une frayeur dont ils se souviendro­nt longtemps. « Nous allons bien, à Strasbourg. » C’est par ces quelques mots laconiques sur les réseaux sociaux que le couple a rassuré ses proches de la Côte d’Azur (et d’ailleurs) après avoir été pris, ce mardi soir, dans un mouvement de foule, survenu quelques minutes après la fusillade dans le centre-ville. Les deux tourtereau­x flânaient sur la place Broglie, à deux pas de la place Kléber, en quête d’un cadeau de Noël lorsque des cris attirent leur attention. « J’ai vu deux jeunes filles courir vers moi complèteme­nt paniquées, puis une foule. Mais aussi un commerçant qui fermait à toute vitesse. Des gens qui parlaient de morts », témoigne Krishna.

« Je ne me sentais pas en sécurité dans le restaurant »

Il lui faut alors quelques secondes pour réaliser que le pire est arrivé. « On a vu les gens paniqués et certains pleuraient. Alors, très vite, on a compris que quelque chose de mal s’était passé. On s’est donc mis à courir dans une ruelle adjacente où nous avons très vite croisé deux militaires de l’Opération Sentinelle. Ils nous ont dirigés vers un restaurant à côté. Nous y sommes restés juste quelques instants car je ne m’y sentais pas en sécurité. Comme l’alerte n’avait pas été réellement donnée, le militaire nous a autorisés à sortir vers une ruelle qui menait au tram. » Dans les artères qui mènent au tram, l’ambiance est particuliè­re. À la fois pesante et… détendue. « Dans le centre, les gens étaient complèteme­nt paniqués mais comme ça venait d’arriver, les gens à l’extérieur n’étaient pas au courant et très calmes», poursuit le trentenair­e. Une fois à l’abri dans leur location Airbnb, Krishna et sa compagne pensent pouvoir se remettre doucement de leurs émotions. En réalité, pas vraiment. Leur appartemen­t se situe dans le quartier de Neudorf, lequel sera, dans la soirée, bouclé par les forces de l’ordre pour retrouver le suspect de l’attentat, parti en taxi. « On a dormi avec les hélicoptèr­es audessus de nos têtes. Ça n’a pas arrêté. Une vraie chasse à l’homme…», conclut Krishna, de retour sur la Côte d’Azur hier soir.

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