Lutte antiterroriste: nécessaire transparence
Et revoilà l’hydre ! La menace terroriste, cent fois déjouée, jamais éradiquée. Il suffit de l’oublier un mois, deux mois, pour qu’elle se rappelle brutalement à notre souvenir. Que de douleur. La mort des innocents ne leur suffit pas. Ils y rajoutent toujours une part symbolique, pour donner du sens à leur folie furieuse : hier la si joyeuse promenade des Anglais, la très libre rédaction de Charlie, le supermarché de campagne à Trèbes, les petits restos parisiens près du canal Saint-Martin, les décibels du Bataclan, cette fois la magie de Noël du marché de Strasbourg. Dans leur tête, tout est calculé, prédéfini, sauf le nom des victimes : le hasard est l’allié des barbares qui frappent toujours aveuglément, pour que personne n’échappe à cette angoisse d’être un jour frappé à son tour. Faut-il s’y habituer ? Jamais. D’où l’importance, pour les pouvoirs publics, de partager avec le grand public la réponse à la question suivante : comment l’auteur de l’attentat a-t-il pu le matin échapper à une interpellation, accéder armé à un site aussi fréquenté, faire autant de victimes, s’échapper à pied puis en taxi (!) sans être neutralisé ? Selon les premières explications, fournies en haut lieu, le passage à l’acte était imprévisible. Dans un pays qui a appris à déjouer la plupart des attentats, qui a investi en argent, en hommes, en formation, en… fichiers, pour venir à bout de ce fléau, chaque acte terroriste est un aveu d’échec d’autant plus insupportable. Que le budget du ministère de l’intérieur soit en hausse en ne suffit pas à rassurer. C’est la moindre des choses, dans un pays en tension. A l’heure où le pays vient de prélever à milliards, pressé par l’urgence sociale, il est tout aussi légitime de répondre, financièrement, à l’urgence sécuritaire. Mais ce n’est pas qu’un problème d’argent. Ce qu’il faut ? Plus de prévention, de vigilance, de dialogue, de promesses respectées. Comme de communiquer aux maires, à leur demande, la liste des fichiers S recensés sur le territoire, ne serait-ce que pour rassurer leurs concitoyens. Le ministre de l’intérieur Christophe Castaner s’y est engagé, il y a un mois. Il semblerait que cela ne soit pas encore le cas.