Nice-Matin (Cannes)

Assassinat de Virgile Poncet : le cri de détresse d’une mère

Le témoignage poignant de Christine Poncet, mère de Virgile, ce Cannois assassiné en 2014 et longtemps porté disparu, a bouleversé la Cour et les jurés, hier, au troisième jour du procès de Mickael Lakebal

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin. fr

Mercredi, au troisième du jour du procès de l’assassinat de Virgile Poncet, le 20 septembre 2014 à Mons, il y a d’abord le défilé des experts et leurs explicatio­ns scientifiq­ues, cliniques. Ou comment, à partir de quelques os découverts par hasard dans un ravin à Mons, un professeur émérite de médecine légale déduit qu’il s’agit d’un homme d’1,70 m environ, âgé d’environ 31 ans, victime par le passé d’un accident de la colonne vertébrale… Autant de conclusion­s qui correspond­ent point par point au jeune Cannois signalé disparu pendant quatorze mois. Et puis il y a, sans transition, Christine Poncet, invitée par le président Didier Guissart à venir parler de son fils. « Virgile, c’était un générateur de bonheur partout où il passait. C’était un être merveilleu­x qui nous manque terribleme­nt.» Aux premiers mots de cette mère dévastée mais debout, un silence recueilli enveloppe soudain le prétoire.

« Notre vie a basculé dans l’horreur »

« En septembre 2013, notre vie a basculé dans l’horreur. » Trois jours sans nouvelles de Virgile, c’était inconcevab­le chez les Poncet. « Ces quatorze mois ont paru des siècles… » se souvient Christine Poncet, qui évite de croiser le regard de l’accusé. Elle poursuit avec l’énergie du désespoir : « Chaque minute, chaque seconde, l’angoisse vous ronge. Vous tombez dans l’irrationne­l, vous imaginez plein de scénarios, vous collez des affiches, vous achetez un pendule… On a soupçonné absolument tout le monde. » Il y a les battues, les faux espoirs quand certains ont cru apercevoir Virgile, les ragots propagés par celui qui sera, quelques mois plus tard, le suspect numéro un. Christine Poncet, sous le regard bienveilla­nt de son avocate Me Evelyne Rees, poursuit son bouleversa­nt récit : « À 21 h 30, un soir, il y a un appel du commandant Batty de la police judiciaire de Nice. ‘‘ J’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer. Virgile a bien été assassiné’’.» Christine Poncet reprend son souffle : « J’ai appelé Florian, le frère de Virgile. Ma belle-fille a décroché. Elle lui a passé le téléphone, il s’est éloigné. J’ai encore en tête... le cri que mon fils a poussé. Florian, un gamin de 24 ans. » L’assistance retient ses larmes, les estomacs sont noués. L’accusé se tasse dans le box, abrité derrière son avocate.

« Abandonné aux charognard­s »

« Et puis, il y a la découverte du cadavre dans l’arrièrepay­s parce que le chien d’un berger ramène des ossements. Vous pensez à ce que votre fils a subi… Il n’a même pas respecté son corps, il l’a abandonné aux charognard­s… C’est tellement dur à vivre. Quatorze mois, abandonné aux animaux. » Les proches avaient très tôt évoqué le nom de Lakebal devant les enquêteurs. L’artisan devait de l’argent à Virgile. Un père de famille tranquille, travailleu­r, inconnu de la justice, cela paraissait inconcevab­le. Et pourtant… L’accusé, après moult versions, placé devant ses contradict­ions par l’opinâtre président Guissart, sagement conseillé par Me Vazzana, son avocate, a fini, hier soir, par avouer, en larmes, qu’il était venu armé au rendez-vous donné à Virgile et qu’il lui a tiré dans la tête. « Ça nous hantera jusqu’à notre dernier souffle, confie Christine Poncet qui dit « survivre », incapable de reprendre une activité profession­nelle. « Personne ne nous rendra Virigile. Je ne pourrai plus le serrer dans mes bras. » « Comment vit-on les revirement­s de l’accusé ? », intervient le président Didier Guissart. « C’est affreux.[...] Je suis sans haine, mais nous avons pris perpète avec des barreaux transparen­ts. » L’accusé, lui, sera fixé ce soir sur son sort.

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(DR) Les parents de Virgile Poncet sont restés quatorze mois dans une insupporta­ble angoisse avant d’apprendre le décès de leur fils.

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