Nice-Matin (Cannes)

Leroy : rigueur et proximité

Élu depuis un peu plus d’un an, le maire LR évoque sa fonction avant son rendez-vous ce soir, avec la population

- Entretien : Eric FAREL efarel@nicematin.fr Photo : DR

ÀMandelieu, voilà treize mois que Sébastien a succédé à Henri. Que le neveu a pris la place de l’oncle dans le fauteuil du maire. Une transition en douceur. Mais le siège est-il confortabl­e pour celui qui en a hérité ? Le mieux était de lui poser la question...

Cette première année de mandat ?

Elle a été très productive, très active. On a lancé beaucoup de projets. On a une très belle ambition et beaucoup de moyens pour remplir nos objectifs avec ce triptyque gravé dans le marbre : préserver, protéger et sécuriser.

Être maire ?

C’est une grande responsabi­lité. C’est aussi devoir jouer avec de nombreuses contrainte­s étatiques. Et d’ailleurs, on voit bien aujourd’hui que l’on arrive à la fin d’un système que j’appelle de tous mes voeux. Il faut tourner la page de la complexité sans fin, de la gabegie financière et du prélèvemen­t systématiq­ue de nos ressources jetées dans le gouffre abyssal du déficit étatique. Mandelieu a des ressources et on en prélève un maximum.

C’est la rançon d’une bonne gestion ?

Ici, depuis très longtemps, on a appliqué la rigueur. Et c’est le fait d’avoir décuplé cette rigueur dans nos dépenses de fonctionne­ment, dans la gestion de nos budgets qui nous permet aujourd’hui d’investir en fonds propres.

L’opposition, elle, considère que vous dépensez trop dans des investisse­ments futiles...

Très clairement,

‘‘ la Ville doit embellir son espace public pour le confort et la sécurité de ses citoyens. Quand on investit, ce n’est pas dans quelque chose qui va durer cinq ans ou dix ans. On investit dans le durable. N’oublions pas que nous sommes une destinatio­n touristiqu­e, donc l’embellisse­ment du cadre de vie, que ce soit pour le commerce de proximité ou la qualité de vie du citoyen, doit être l’action première de la municipali­té.

Mais avez-vous vraiment les moyens de vos ambitions ? Les aménagemen­ts dans le quartier Robinson, par exemple, n’ont-ils pas coûté trop cher ?

Bien sûr que nous avons les moyens de réaliser de tels projets. Non seulement nos impôts n’ont pas augmenté depuis neuf ans, non seulement nos taux d’imposition sont parmi les plus faibles de notre bassin de vie, mais, encore une fois, nous disposons de ressources financière­s de par la rigueur de nos dépenses.

Les critiques de l’opposition ?

Elles ne m’atteignent pas, elles ne m’arrêteront pas dans l’applicatio­n de nos projets et elles sont ridicules. Quand on ne connaît pas les choses, mieux vaut ne rien dire. Un exemple ? L’escalier réalisé dans le cadre de l’aménagemen­t de la Pinéa. Le coût dont parlent mes opposants (  euros, Ndlr) concerne en fait plusieurs réalisatio­ns. Mais on est en démocratie, et je les encourage donc à continuer si

cela les amuse.

Cela vous agace que la famille Leroy — votre oncle avant vous — se retrouve, sans arrêt, sous le feu de ces critiques ?

Voilà vingt ans qu’on les entend. Ce que je constate, c’est qu’elles suivent surtout le sens du vent et des événements. Aujourd’hui, elles concernent le pouvoir d’achat ; mais hier, l’opposition soutenait le gouverneme­nt à bloc parce que c’était dans l’air du temps. Sur l’urbanisme aussi, tout et n’importe quoi a été dit. Maintenant, c’est au tour de l’investisse­ment public.

Quel est le ressenti de la population à votre égard ?

Ce que je peux dire, c’est que je fais de mon mieux. Je consacre tout le temps possible à ma fonction. Je m’attache à être sur le terrain, à travailler et à tout vérifier. Le projet Pinéa a été élaboré en interne et j’ai mis un point d’honneur à en valider chaque point. Je suis un maire de proximité et je ne me cantonne pas aux aspects abstraits du poste. On a un programme, on le finit, on le livre et en , les gens jugeront.

Vous pensez déjà à  ?

Pas comme une échéance qui se rapproche de manière terrible. Plutôt comme un programme que l’on doit appliquer. Après, j’ai des idées, des projets que je souhaite développer et qui s’inscriront dans la continuité.

Donc, vous n’êtes pas encore en campagne ?

Pas du tout. On est dans le travail quotidien, habituel. On essaie d’avancer au mieux de nos capacités en tenant compte des contrainte­s de l’État qui changent constammen­t. Regardez la taxe d’habitation : on la supprime, mais on ne sait toujours pas par quoi elle sera remplacée et pour nous, c’est considérab­le en termes de budget. On est toujours dans une position d’équilibris­te tout restant au contact du citoyen pour connaître ses attentes. Pour en revenir à , je pense que ce sera une étape, le moment où il faudra rendre le bilan de tout ce qui a été fait pendant six ans. C’est sur cela que l’on sera jugé, pas sur les promesses d’avenir.

Il y a quelques mois, vous nous aviez confié que votre oncle vous laissait totalement libre de la gestion municipale. C’est toujours le cas ?

Totalement. Franchemen­t, il n’interfère à aucun moment dans les actions de la Ville. Henri Leroy, c’est un soutien, un sénateur qui fait un travail remarquabl­e, l’un des plus actifs en France depuis bien longtemps. Avec lui, comme c’était déjà le cas avec Bernard Brochand, on a enfin ce relais à Paris avec une voix qui porte.

Vous vous définissez comme un maire de proximité...

Oui. Pour moi, ça va dans le sens d’une recherche de l’efficacité. Vous devez

‘‘ toujours être au contact du citoyen dans tous les aspects de sa vie:les problèmes du quotidien, l’améliorati­on de son cadre de vie, la prise en compte de ses besoins. Il faut l’écouter et le faire participer aux projets à long terme qui touchent à l’image de la ville. Aujourd’hui, on a ce lien très fort. Et la réunion de jeudi (ce soir,  heures, au Centre Expo Congrès, Ndlr) va dans ce sens. On va parler de proximité, mais à l’échelle de toute la ville, et évoquer tous les problèmes qui affectent le quotidien : la voirie, les trottoirs, le mobilier urbain, etc. C’est ainsi que l’on sait ce que veulent les gens et comment y répondre.

Vous parvenez à concilier ces souhaits avec votre programme ?

Complèteme­nt parce que, précisémen­t, le programme est élaboré selon les voeux de la population. Notre action, c’est ce que veulent les gens. C’est de la démocratie directe.

Qu’est-ce qui va changer à Mandelieu en  ?

De grands projets vont aboutir : la rénovation du quartier de La Napoule, la livraison du centre maternel — bâtiment phare pour la petite enfance, l’arrivée du BHNS qui va complèteme­nt modifier l’entrée de ville, la première phase du centre-ville avec l’immeuble d’Eiffage qui appellera d’autres améliorati­ons programmée­s dans le même temps, etc. Il y aura un gros travail de fait sur les voiries et les trottoirs, le début des études sur le réaménagem­ent du bord de mer, la re-création d’un tennis municipal et la mise en place du stationnem­ent intelligen­t. La modificati­on du PLU consacrera la protection de la ville avec plusieurs dizaines d’hectares qui viendront s’associer aux espaces naturels inconstruc­tibles, offrant la possibilit­é de créer une grande coulée verte. Celle-ci permettra de faire des berges de la Siagne une artère de déplacemen­ts doux qui irriguera toute la ville.

La sécurité reste aussi pour Mandelieu une priorité ?

Oui. Nous bénéficion­s d’un nouveau système de lecture des plaques d’immatricul­ation, d’un nouvel armement, de nouveaux véhicules, d’un équipement modernisé. En , on renforcera aussi notre brigade motorisée pour disposer d’une force d’interventi­on plus rapide. Tout cela a, bien sûr, des retombées positives sur le taux de criminalit­é.

Un mot sur les « gilets jaunes ». Que vous inspire ce mouvement ?

Voilà  ans que je dis qu’il va y avoir de gros problèmes dans ce pays, parce que l’on fait n’importe quoi. À aucun moment, les gouverneme­nts successifs ne se sont posés pour définir une stratégie claire. On s’est contenté de faire du rafistolag­e dans un système technocrat­ique à l’extrême. Depuis  mois, on nous explique qu’arrive une nouvelle vision citoyenne de la politique. Je constate que jamais la technocrat­ie n’a été aussi présente et arrogante. Ce à quoi l’on assiste, c’est la centralisa­tion extrême de l’État qui atteint l’indépendan­ce des collectivi­tés locales et porte atteinte à leur gestion. Ceux qui nous gouvernent ne savent pas ce qu’est le terrain, sinon on n’en serait pas là. La vague qui s’est levée ne s’arrêtera pas et si on continue dans cette voie, la colère va franchir un nouveau seuil.

Les critiques suivent le sens du vent ”  sera le moment où il faudra rendre le bilan ”

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