Nice-Matin (Cannes)

L’appel à l’aide d’une mère pour son fils autiste

Depuis des mois, Samah Souilah se bat pour que son fils autiste soit pris en charge dans une structure adaptée. L’enfant de 12 ans a chuté de 6 étages il y a quelques jours à son domicile

- SANDIE NAVARRA snavarra@nicematin.fr

C’est un SOS qui résonne dans le vide depuis plusieurs mois. L’appel à l’aide de Samah, 45 ans, maman de trois garçons dont Ilian, 12 ans, autiste. Un enfant hyperactif, attachant, qui a besoin de repères et de stabilité pour accompagne­r son handicap. « Il a fait une première fugue à l’âge de 7 ans. Il a réussi à ouvrir la porte et sortir de l’appartemen­t. La police l’a retrouvé une heure plus tard », se rappelle sa maman. La première grosse frayeur de la famille, qui adapte alors son quotidien. « Nous avons commencé à fermer les portes à clé, à cacher les clés, à enlever les poignées des fenêtres… Nous avions une boule au ventre en permanence. » Le quotidien est rythmé par les crises du petit garçon. « Je ne compte plus les fois où il a jeté des choses par la fenêtre, cassé la télé… » Samah cherche alors un endroit qui pourrait l’aider en accueillan­t son enfant en journée.

« Ils ont tout fait pour s’en débarrasse­r »

Après de longues démarches, Ilian est placé en institut médico-éducatif à Nice en 2014. Durant presque trois ans, il reste en internat du lundi au vendredi. Un équilibre apaisant pour toute la famille, et surtout pour le petit garçon qui fait d’énormes progrès : «Il a appris de nouveaux mots. A reconnaîtr­e les couleurs. Il était plus épanoui, et nous aussi », raconte sa maman qui retrouve, dans la foulée, un emploi à la mairie de Cannes. « Je tiens à ma vie profession­nelle, ça me fait du bien… Et puis, j’ai des factures à payer et deux autres garçons à nourrir.» Début 2017, une place leur est proposée dans un centre similaire à Biot. Samah y voit une opportunit­é de rapprocher Ilian de son domicile à La Bocca. Le transfert est effectué. Mais, en mai 2017, Ilian échappe à la surveillan­ce du personnel et se retrouve sur une voie rapide. « On m’a informée de l’incident le lendemain. À partir de là, ils ont tout fait pour s’en débarrasse­r. Ils ont détruit mon fils. » Ilian est exclu plusieurs jours. « Il n’a évidemment pas compris cette sanction. Puis, l’institut a fait du forcing pour qu’il soit transféré ailleurs parce qu’il se montrait violent avec ses copains. » L’enfant est ensuite exclu de l’internat. «Le transport sanitaire a également été supprimé il y a plusieurs mois. » Samah doit donc l’emmener et le récupérer chaque jour. Des trajets qui se transforme­nt en calvaire. « Avant, il y avait deux éducateurs pour l’accompagne­r. Je suis seule. La dernière fois, il m’a lancé sa chaussure au visage alors que je conduisais sur l’autoroute. J’ai dû m’arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence pour le calmer, rattacher sa ceinture… » Avec ses horaires de travail, le quotidien devient impossible à gérer. Le grand frère d’Ilian, lycéen âgé de 18 ans, est mis à contributi­on. « Il rentrait chaque soir à 17 heures et loupait parfois des cours pour le surveiller jusqu’à mon retour. » Des solutions provisoire­s sont trouvées, comme la venue d’un auxiliaire de vie plusieurs fois par semaine. « Mais ce ne sont pas des gens spécialisé­s, et ils ne restent jamais très longtemps. »

Une chute de  étages à son domicile

Le 26 novembre dernier, un nouvel aide à domicile devait se présenter. « Il a appelé pour dire qu’il était malade. » Samah, qui doit partir travailler, sollicite l’aîné pour garder Ilian. « Il est rentré en catastroph­e parce que j’allais être en retard. » Une heure plus tard, Samah plonge dans l’horreur. «On m’a appelé en me demandant de vite rentrer chez moi. » En arrivant en bas de son immeuble, elle tombe sur un attroupeme­nt : policiers, pompiers. Et son fils, ensanglant­é. Ilian, profitant d’un instant d’inattentio­n de son frère, est parvenu à ouvrir une fenêtre. L’enfant a chuté du 6e étage. Miraculé, il s’en sort avec une mâchoire brisée. Il est opéré en urgence à l’hôpital Lenval. « Quelques jours plus tard, on m’a dit qu’il ne pouvait pas rester dans le service. Mais avec son handicap, la rééducatio­n est plus difficile. Il lui faudra 45 jours pour pouvoir remanger, et il ne faut pas qu’il se reblesse. Je ne suis pas médecin, j’ai peur de ne pas y arriver. » Face à la détresse de la maman, une nouvelle solution provisoire est trouvée : Ilian restera à Lenval jusqu’à la fin du mois, avant de partir quinze jours dans un centre spécialisé dans le Var. Début janvier, c’est une structure de la Drôme qui pourra l’accueillir deux mois. La suite reste un gros point d’interrogat­ion. «On appréhende. Toute la famille est traumatisé­e par l’accident, mes fils sont très perturbés. J’en fais encore des cauchemars… » La solution idéale ? « Trouver un établissem­ent qui pourra le prendre en internat toute l’année, pas uniquement en semaine. » Un combat épuisant mais vital pour cette mère de famille.

Ils ont détruit mon fils”

Toute la famille est traumatisé­e”

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 ??  ?? Samah Souilah tente de trouver une structure adaptée à son fils autiste Ilian, avec l’aide du fonds Legros qui l’accompagne dans ses démarches. (Photo Clément Tiberghien)
Samah Souilah tente de trouver une structure adaptée à son fils autiste Ilian, avec l’aide du fonds Legros qui l’accompagne dans ses démarches. (Photo Clément Tiberghien)

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