Nice-Matin (Cannes)

Ciotti: «On ne peut plus pleurer les victimes sans rien changer»

Après l’attentat de Strasbourg, le député niçois, référent pour les questions de sécurité chez LR, invite une nouvelle fois à «rompre avec la naïveté». Il livre ses pistes pour renforcer la vigilance

- RECUEILLI PAR TH. PRUDHON

Ministre de l’Intérieur virtuel dans le shadow cabinet des Républicai­ns, le député niçois Eric Ciotti propose plusieurs mesures pour lutter plus efficaceme­nt contre le terrorisme.

Si vous étiez le vrai ministre de l’Intérieur, quelles décisions prendriez-vous aujourd’hui ?

Dans la quasi-totalité des attentats qu’a subis la France depuis , qui ont fait  morts et plus de  blessés, les auteurs avaient été préalablem­ent identifiés par nos services de renseignem­ent. La vraie question est donc de savoir comment empêcher de passer à l’acte ceux dont on a déterminé la dangerosit­é, les fameux « fichés S ». Je ne me résoudrai jamais à un statu quo qui se réfugie derrière l’état de notre droit actuel. On dénombre   personnes signalées pour radicalisa­tion terroriste, dont  dans les Alpes-Maritimes. Si j’étais en responsabi­lité, je proposerai­s donc trois mesures immédiates.

Lesquelles ?

D’abord, l’expulsion des   étrangers, soit environ  % des « fichés S », qui présentent une menace terroriste pour notre nation. Comment concevoir qu’un étranger accueilli en France, et qui la menace, puisse demeurer librement dans notre pays ? Il faut immédiatem­ent retirer tout titre de séjour à ces personnes et les expulser.

Mais comment les expulser sur une simple suspicion ?

Il faut que notre pays retrouve une forme de souveraine­té. Le titre de séjour doit pouvoir être enlevé pour un motif d’ordre public. Le droit au séjour ne peut pas être absolu. C’est à la France de déterminer qui elle veut garder sur son territoire. Il nous faut rompre avec la naïveté.

Vos deux autres propositio­ns ?

Il faudrait mettre en place une rétention de sûreté pour les radicalisé­s qui vont sortir de prison. Dans l’année qui vient,  islamistes, sur les  détenus, vont sortir de prison. Ils constituen­t un danger majeur, sans doute le plus grave auquel on est exposé. Je suggère donc de leur imposer le même dispositif d’évaluation que celui mis en oeuvre par Nicolas Sarkozy pour les criminels sexuels.

Sur quels critères pourra-t-on les évaluer sans se faire berner ?

La règle doit être un principe de précaution, en faisant évaluer la dangerosit­é par une commission spécialisé­e incluant des membres de l’administra­tion pénitentia­ire, du renseignem­ent, mais aussi des psychiatre­s, comme c’est le cas pour les délinquant­s sexuels.

Votre troisième mesure ?

Elle viserait à instaurer une rétention administra­tive pour les plus dangereux des « fichés S » non étrangers. Il ne s’agirait pas d’enfermer tout le monde, mais de disposer d’un outil juridique d’interventi­on en cas de soupçon grave et imminent. Pour les autres, un bracelet électroniq­ue géolocalis­é nous garantirai­t une meilleure protection. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut plus rester dans le système actuel et, à chaque attentat, pleurer les victimes tout en disant qu’il ne faut surtout rien changer.

Vous appelez par ailleurs au rétablisse­ment de l’état d’urgence. Quel en serait donc l’intérêt ?

L’état d’urgence offrait aux préfets des outils de police administra­tive qui permettaie­nt de vérifier des soupçons d’attentat. Ils ont permis d’en déjouer plusieurs. Pendant l’état d’urgence, il y a eu   perquisiti­ons administra­tives préventive­s, qui ont conduit à  gardes à vue. Depuis la fin de l’état d’urgence, on est tombé à  visites domiciliai­res en un an, dont  à peine ont donné lieu à une saisie. Dans les Alpes-Maritimes, il y a ainsi eu zéro perquisiti­on administra­tive, cette mesure est devenue inopérante. Il en va de même pour les assignatio­ns à résidence, qui permettaie­nt de contrôler des individus dangereux. Désormais, l’assignatio­n est élargie à une ville entière. Il est donc faux de dire que les mesures de l’état d’urgence ont été retranscri­tes dans la loi. Enfin, on n’éradiquera pas le terrorisme islamiste si l’on n’est pas implacable sur la laïcité : il faut fermer les mosquées salafistes, combattre le port du voile dans les services publics et lutter sans répit contre le communauta­risme. Ce qui implique de stopper nos flux migratoire­s, soit l’inverse de ce que fait la France en votant le Pacte de Marrakech.

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