Nice-Matin (Cannes)

Agressé chez lui : la lente convalesce­nce de Thierry Le Cannet

Alors que les forces de l’ordre renforcent la sécurité à l’approche des fêtes, Thierry, attaqué par de faux policiers à son domicile il y a un an, témoigne

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Si je n’avais pas mis mon bras pour me protéger, je ne serais plus là pour vous parler. » Il y a un an, Thierry, 50 ans, et son compagnon ont vécu un véritable cauchemar. Une attaque à main armée à domicile. Après deux opérations chirurgica­les, une inactivité profession­nelle forcée de plusieurs mois, la victime tente de se reconstrui­re avec l’espoir d’avoir la réponse à cette question lancinante : « Pourquoi nous avoir choisi comme cible ? » Thierry et Bruno habitent une confortabl­e villa au Cannet. Une vie discrète, au service des autres, pas de signes extérieurs de richesse… Le 21 décembre vers 21 h 30, alors qu’ils sont encore attablés, la sonnerie de l’interphone retentit. « Deux hommes habillés en policiers nous ont alertés sur la présence d’un intrus dans notre jardin. Ils nous ont demandé d’ouvrir. A près un moment d’hésitation, nous les avons laissés entrer. »

«Pitié, pas ça !»

A peine le seuil de la villa franchi, l’un des faux gardiens de la paix fait feu. « J’ai vu l’arme, je me revois dire : pitié pas ça. J’ai mis mon bras pour me protéger.» Thierry s’effondre en sang. Le complice tapi dans le jardin entre à son tour. Bruno, menacé d’une arme, est sommé de donner l’argent, les bijoux et la clé de la BMW. « Cela a duré 22 minutes. Une éternité. J’étais persuadé qu’ils allaient nous tuer avant de partir pour ne laisser aucun témoin », confie Thierry. « J’étais au sol, gardé par un des individus. Bruno faisait tout pour qu’ils partent le plus vite possible. » Le trio prend finalement la fuite avec, finalement, un butin dérisoire au regard des violences exercées. Transporté en urgence à l’hôpital des Broussaill­es, Thierry subit une première opération. Son radius a été détruit par la balle. Un moindre mal selon les médecins. « Vu l’impact, ils m’ont dit que c’était une balle mortelle «coeurpoumo­n ». Mon bras a dévié le projectile qui s’est écrasé sur la septième côte. »

Trois opérations

La semaine dernière, le chirurgien a retiré la broche qui avait été placée dans le bras de la victime. « J’ai déjà subi deux opérations. Une troisième est programmée l’an prochain », précise Thierry qui reste à ce jour très handicapé. «Je suis gaucher. Je ne peux même pas tourner une clef dans une serrure. Les médecins me disent d’être patient. » Aux blessures physiques s’ajoutent les séquelles psychologi­ques. « Quand on sort voir un feu d’artifice ou un concert, on ne peut s’empêcher de penser au risque d’attentat. Mais chez soi, vous êtes par définition en sécurité. » Il faut aussi évoquer les dégâts collatérau­x d’un tel événement : « Mon père a été extrêmemen­t choqué. C’est la première fois que ma mère le voyait pleurer. Est-ce une coïncidenc­e: il a succombé à un AVC peu après. » «Pour les malfaiteur­s qui nous ont attaqués, la vie n’a aucun prix. J’ai tellement l’intime conviction d’être un miraculé, que mon geste de défense m’a sauvé la vie, que j’apprécie chaque instant même si ces événements ont bouleversé notre quotidien. » La question d’un déménageme­nt s’est posée. Le couple a renforcé la sécurité de la villa avec un radar dans le jardin, des barbelés pour rehausser les clôtures. « Quand on rentre en voiture dans notre garage, on attend que le portail soit fermé avant de descendre. Je ne me fais jamais livrer un colis à notre domicile. J’avoue être méfiant à l’extrême.» Une informatio­n judiciaire a été ouverte par la justice grassoise pour vol aggravé et tentative d’homicide volontaire. La police judiciaire de Nice travaille toujours. Thierry en est persuadé. Il garde l’espoir que les malfaiteur­s soient arrêtés. A la fois « pour que d’autres ne subissent pas ce que nous avons subi, parce que ces personnes sont capables de recommence­r avec des conséquenc­es encore plus dramatique­s. Mais surtout pour comprendre la genèse de cette affaire. Pourquoi nous ? Nous ne menons pas une vie tapageuse. Notre villa est ordinaire par rapport à beaucoup d’autres à Cannes. Je pense que par notre engagement associatif, on cherche à faire le bien autour de nous. C’est incompréhe­nsible.

 ??  ?? L’attaque dans une villa de la rue des Bruyères au Cannet, il y a un an, a encore aujourd’hui des répercussi­ons sur les deux victimes. (Photo Patrice Lapoirie)
L’attaque dans une villa de la rue des Bruyères au Cannet, il y a un an, a encore aujourd’hui des répercussi­ons sur les deux victimes. (Photo Patrice Lapoirie)

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