Florilège de motions pour les «gilets jaunes »
La majorité, le Rassemblement National et le Front de gauche ont présenté, hier en conseil municipal, des résolutions concernant le mouvement citoyen. Un débat ferme mais constructif
Le mouvement des « gilets jaunes » s’est invité au conseil municipal, hier. Et même physiquement, puisqu’un homme vêtu de la désormais célèbre et voyante chasuble était présent dans le public. Calme, il est resté debout durant tout le temps qu’a duré le débat suscité par la présentation de trois motions, dont celle de la majorité. Pour Lionel Tivoli qui présentait le texte au nom du Rassemblement National : « La commune doit soutenir le mouvement populaire des « gilets jaunes » et doit demander au gouvernement d’instaurer la paix fiscale (...) Sous la bannière des « gilets jaunes », la France qui travaille et qui galère est sortie de son long silence. C’est un mouvement de retraités, d’actifs, de commerçants, d’artisans, d’ambulanciers, de pompiers, de chômeurs, de précaires, d’ouvriers et de salariés (...) Notre commune n’est pas épargnée par la contestation. La colère est factuellement plus expressive ici qu’ailleurs sur le département. Parfois des groupes de casseurs agissent sur notre commune. Seize gardés à vue samedi dernier qui ne seraient pas des Antibois. »
Tivoli : « Instaurer un dialogue…»
En conclusion, « il est demandé au conseil municipal d’instaurer un dialogue entre la municipalité et les « gilets jaunes » afin d’en ressortir des revendications claires. » Les violences, « commises par des casseurs », doivent être aussi condamnées. La motion présentée par Cécile Dumas (Front de Gauche) prône, elle, des mesures concrètes et sociales pour les plus fragilisés. « Les politiques locales peuvent avoir un effet réducteur des inégalités. » Quelles sont ces mesures ? « Encadrement des loyers comme la loi ELAN le permet et gel des loyers dans les logements sociaux, gratuité des transports en commun sur toute la Casa, chèque culture et loisir aux enfants et aux jeunes pour leur faciliter l’accès aux associations et aux clubs sportifs et accès à tous à la cantine dans les écoles avec la gratuité pour les plus défavorisés.»
Dumas : « Plus de ans d’austérité »
Pour l’élue d’opposition : « Notre pays traverse une grave crise sociale et politique qui s’exprime par ce mouvement, bien sûr, mais aussi celui des lycéens et toutes les mobilisations à l’initiative des organisations syndicales depuis plus de deux ans. Cette explosion de colères et la conséquence de plus de vingt ans de politiques d’austérité. » « M. Tivoli vous avez raison en partie », a estimé pour sa part le maire Jean Leonetti. « Ce pays est l’un des plus taxés au monde et là, on en a rajouté une couche en touchant les plus fragiles… Une fiscalité qui augmente dans un pays dans lequel on prélève déjà 48 % du PIB ! Mais, on ne peut pas non plus ne pas condamner ces débordements de violence. Vous avez raison, ce ne sont pas le fait d’Antibois. Mais ce mouvement met à bout les forces de l’ordre, il est catastrophique pour notre économie… C’est pourquoi, nous lançons un appel à l’apaisement. » Quant à recevoir des « gilets jaunes » ou pas… « Si une délégation se présente, ma porte n’est pas fermée. J’ai déjà réceptionné des courriers adressés au président Macron et transmis par le député Eric Pauget. »
Leonetti : « Respect de l’ordre républicain »
S’adressant à Cécile Dumas, le maire a rappelé que certaines de ses revendications « étaient déjà mises en place. Bien avant les « gilets jaunes ». Je n’ai pas de ma ville une image de carte postale. » Et le maire d’annoncer qu’ «uneffort supplémentaire, significatif, est d’ores et déjà inscrit dans le budget 2019. » De manière plus générale, Jean Leonetti est d’accord : « Il faut trouver un moyen de dialogue démocratique en continu. Mais, les appels à la violence, la demande de démission du président qui n’est pas prévue par la Ve République, sont inadmissibles. » « L’opposition veut-elle être associée à la motion de la majorité ? » interroge le maire au moment du vote. C’est non. Chacun campe sur sa motion. Le groupe « La Gauche unie et solidaire » n’a rien présenté et ne prend pas part au vote. Pour aucune des trois motions. Mais, elle demande que les propositions de Cécile Dumas fassent l’objet d’une analyse. Évidemment, pas de suspense : des trois motions présentées, hier, celle portée par la majorité municipale a été adoptée. Ainsi, « le conseil municipal d’AntibesJuan-les-Pins appelle chacun au calme et au respect de l’ordre républicain ».