Chez Résistex à Saint-André-de-la-Roche ce n’est déjà plus tout à fait un sujet
Créée en 1937 et dirigée par le petit-fils de son fondateur, Bernard Alfandari, l’entreprise Résistex produit et assemble du matériel d’éclairage. Le prélèvement à la source n’est plus tout à fait un sujet, parfaitement intégré depuis que la DRH, Karine Grall, a diffusé une plaquette de synthèse et animé une réunion au cours de laquelle toutes les questions ont trouvé leur réponse. Accompagnement, soutien et intéressement font partie de l’ADN de cette entreprise où l’on se dit attentif à la situation personnelle de chaque employé. Serge, dix-huit ans d’ancienneté, peut en témoigner. Il est passé par des moments difficiles et a notamment surmonté cette épreuve : « Quand on est mensualisé, si un prélèvement est rejeté, on doit trouver un moyen de verser la totalité de ce qu’il reste à payer. » Ce qui lui a valu des retenues sur salaires « amorties » par des démarches de la DRH auprès de l’administration, pour l’obtention d’un échelonnement. Avec le prélèvement à la source, Serge sait qu’il pourra éviter cet écueil : « Pour moi, c’est plus souple et plus simple. » Isabelle, comptable, n’y voit, elle aussi, que des avantages. « J’étais déjà mensualisée. Le prélèvement sur douze mois au lieu de dix, c’est mieux pour tout le monde. »
Fini l’effet N-
Rami, qui vient d’être embauché après une période d’intérim, a perdu un millier d’euros par rapport à l’emploi qu’il occupait auparavant: « J’étais monteur de pneus sur poids lourds. Je gagnais mieux ma vie, mais c’était très dur, très stressant.» Avec le prélèvement à la source, pas de coup de massue à redouter sur le fameux effet N-1. De toute façon, il payait ses impôts en une fois: «C’était une question d’habitude, j’ai toujours fait comme ça.» Marié, papa d’un jeune enfant, il accédera bientôt à la propriété, manière de s’assurer une retraite plus clémente. Car le logement est le premier poste avec lequel il faut compter, bien avant les impôts. «Locataire, je paie depuis quatre ans 1125 € pour un trois-pièces à SainteMarguerite. » C’est beaucoup plus que le loyer d’Isabelle, qui bénéficie d’un appartement HLM. Si l’on parle de justice sociale, le prélèvement à la source lui paraît de ce point de vue plus équitable: «J’ai connu des gens qui, ne remplissant aucune déclaration, n’ont payé aucun impôt pendant dix ans. C’est injuste. Et même si cela peut sembler utopique, je me dis que, si tout le monde contribue, à terme, chacun paiera peut-être un peu moins. » Karine, plus perplexe, n’en oublie pas pour autant que le prélèvement est une provision : « Ce qui sera prélevé chaque mois, ce sera quand même un acompte…» La préparation de cette nouvelle disposition ne s’est pas seulement traduite pour la DRH par une charge de travail supplémentaire. Elle a représenté pour la PME un coût non négligeable : « Nous avons dû financer l’adaptation de notre logiciel, soit près de 7000 €. Et là, pas de crédit d’impôt ! » Si, pour les salariés, l’avantage en termes de gestion de trésorerie lui paraît une évidence, elle estime que, d’une certaine façon, l’entreprise se substitue à l’administration fiscale. Il faudra notamment inciter les salariés à faire part de tout changement dans leur vie de famille, et pousser ceux qui auraient choisi le taux individualisé à corriger le tir, en cas de besoin. Sans oublier que, dans tous les cas, une régularisation interviendra après déclaration. F. L.