Saint-Jacques : un réveillon en jaune
Ils étaient une quarantaine à fêter la nouvelle année sur le rond-point de Saint-Jacques. Ambiance bon enfant, buffet et musique. Leurs voeux pour 2019
Champagne, huîtres, fois gras, saumon, bûches glacées. Sur le pavé. Au rond-point de SaintJacques. Un 31 décembre dans la France macronienne de 2018. Ils s’en souviendront de ce réveillon ! Mains se réchauffant au feu d’un bidon. Mets de fêtes enrobés du suc précieux de la solidarité.
« Chaleur humaine »
«Avec tellement de chaleur humaine qu’on n’a pas eu froid», glisse Joëlle, retraitée et gilet fluo de la première heure. Sur ce bout de trottoir, leur QG à ciel ouvert depuis le 17 novembre, ils ont festoyé jusqu’à 2 heures du matin. Dansé sur le trottoir. Chanté quelques airs antiMacron. Mais les tubes des Beatles aussi.
Un groupe électrogène a permis les watts, les spotlights et aussi de réchauffer les p’tits plats grâce à un microondes! «On a eu beaucoup de dons des automobilistes », précise Pascal. Toute la soirée, des concerts de klaxons ont ponctué ce réveillon insolite. Des fêtards voisins sont même venus se joindre aux «gilets». Bourrés d’espoir, ils étaient de nouveau sur le pavé, hier. Lendemain de fête. L’occasion de glaner leurs voeux. «On ne parle pas politique ici. On a des revendications qui se rejoignent», assure ce formateur de 59 ans qui penche pour François Asselineau. À chacun ses souhaits pour 2019. Pascal lui, ne demande pas d’argent. « Mais le référendum d’initiative citoyenne, la reconnaissance du vote blanc et le casier judiciaire vierge pour tous les élus ». Denise, 72 ans, retraitée à Cabris, n’est pas là pour elle-même, mais aimerait que « personne ne soit au-dessous du seuil de pauvreté en France. Ceux qui en ont le plus besoin n’ont rien eu ». Thierry, dans la fonction publique appelle «une prise de conscience collective» de ses voeux. Et Claude, 68 ans, de Peymeinade, est mobilisé «pour les 10 millions de gens dans le besoin ». Tous fustigent le discours du président prononcé le soir du 31 destiné « à nous monter les uns contre les autres ». Pas de quoi sabrer le champagne de la victoire. Non. Mais entamé en 2018, le combat, pacifique, résolu, continue. Les «gilets jaunes» de Grasse ne lâchent – toujours – rien en 2019.