Le clocher est construit sur l’ancienne poterne du castrum.
Au cours du Moyen-Âge, plusieurs enceintes successives protégèrent la cité. On pénétrait à l’intérieur de la ville par d’impressionnantes portes, ménagées dans le rempart.
Parfois déplacées ou dédoublées selon les restructurations ou les agrandissements urbains, ces différentes entrées ont laissé de nombreux vestiges souvent noyés au coeur de constructions plus récentes.
Reconstruites en fonction des remparts
Les portes les plus anciennes correspondaient aux chemins et aux routes qui permettaient alors de rejoindre le podium, en venant de la campagne ou de la mer. Fermées dès la nuit venue par de lourds vantaux en bois, ces ouvertures étaient gardées par les hommes du guet et n’étaient rouvertes qu’au petit matin. Les soldats de la garde prenaient alors le relais. Devant elles, se trouvaient parfois un caniveau et un petit ponceau sous lequel s’écoulaient les eaux pluviales.
Le cadastre napoléonien établi dans les années 1820, répertorie avec précision l’emplacement de ces entrées médiévales toujours présentes à l’époque. Elles disparurent au cours du XIXe siècle, lors de l’aménagement des avenues et d’un remaniement du réseau viaire. Au XIIIe siècle, marqué par un essor démographique très soutenu et un bourgeonnement suburbain, des tours défensives, dont subsistent encore vestiges et assises en pierres à bossage, jouxtaient les portes. Elles sécurisaient le château, les chapelles et autres lieux cultuels qui s’y étaient établis. On déplaçait parfois certaines portes pour les reconstruire dans une nouvelle muraille, à quelques encablures de la première.
La porte cantonnait souvent une tour. La tour de Guet semblait alors un imposant donjon dont la terrasse offrait une vue imprenable et permettait un contrôle assidu des environs. Érigée en 1 070 par Aldebert, abbé du monastère de Saint-Honorat et seigneur de Cannes, elle fut dotée, au XIVe siècle de mâchicoulis, détruits à l’orée du XIXe siècle. Sa hauteur dépassait les vingt mètres. La guerre de Cent-Ans constitua un tournant majeur de l’histoire des enceintes urbaines. L’insécurité latente initia une mise en défense d’une ampleur inédite.
Des poternes réservées aux piétons existaient aussi. À ce sujet, il est intéressant de noter que le clocher de Notre-Dame d’Espérance fut érigé sur la poterne de fortification du castrum. Le vacant attenant est d’ailleurs nommé « Place de la Castre ».
Un logement pour la garde
Les portes présentaient deux ouvertures. Au-dessus, on trouvait une petite construction qui abritait une pièce affectée au logement d’un homme de garde ou d’un sergent de ville. La cité en était propriétaire et elle arrentait le local à raison de quelques écus annuels.
Cette taxe d’abord attribuée à des citadins tomba dans l’escarcelle du Roi à la fin du XVIIe siècle. Le Conseil de Ville de l’époque déclarait que « les portes sont trop étroites de façon que les voitures et les bêtes chargées de foin et de paille ne peuvent y passer qu’avec danger, il conviendrait donc de les faire élargir. »
La municipalité exigea plus tard que soit imprimé et placardé sur toutes les portes de la ville, un statut concernant leur fermeture et leur garde, lors des épidémies de peste encore fréquentes au siècle des Lumières. Les personnes contaminées ou suspectes devaient être tenues en quarantaine extra-muros. Aujourd’hui, il reste encore d’intéressants vestiges des remparts, tours et autres portes de Cannes. Le tracé des courtines, l’emplacement des portes et des tours défensives permet aujourd’hui, une intéressante lecture de l’évolution du paysage urbain cannois.