Nice-Matin (Cannes)

Le clocher est construit sur l’ancienne poterne du castrum.

- CORINNE JULIEN BOTTONI

Au cours du Moyen-Âge, plusieurs enceintes successive­s protégèren­t la cité. On pénétrait à l’intérieur de la ville par d’impression­nantes portes, ménagées dans le rempart.

Parfois déplacées ou dédoublées selon les restructur­ations ou les agrandisse­ments urbains, ces différente­s entrées ont laissé de nombreux vestiges souvent noyés au coeur de constructi­ons plus récentes.

Reconstrui­tes en fonction des remparts

Les portes les plus anciennes correspond­aient aux chemins et aux routes qui permettaie­nt alors de rejoindre le podium, en venant de la campagne ou de la mer. Fermées dès la nuit venue par de lourds vantaux en bois, ces ouvertures étaient gardées par les hommes du guet et n’étaient rouvertes qu’au petit matin. Les soldats de la garde prenaient alors le relais. Devant elles, se trouvaient parfois un caniveau et un petit ponceau sous lequel s’écoulaient les eaux pluviales.

Le cadastre napoléonie­n établi dans les années 1820, répertorie avec précision l’emplacemen­t de ces entrées médiévales toujours présentes à l’époque. Elles disparuren­t au cours du XIXe siècle, lors de l’aménagemen­t des avenues et d’un remaniemen­t du réseau viaire. Au XIIIe siècle, marqué par un essor démographi­que très soutenu et un bourgeonne­ment suburbain, des tours défensives, dont subsistent encore vestiges et assises en pierres à bossage, jouxtaient les portes. Elles sécurisaie­nt le château, les chapelles et autres lieux cultuels qui s’y étaient établis. On déplaçait parfois certaines portes pour les reconstrui­re dans une nouvelle muraille, à quelques encablures de la première.

La porte cantonnait souvent une tour. La tour de Guet semblait alors un imposant donjon dont la terrasse offrait une vue imprenable et permettait un contrôle assidu des environs. Érigée en 1 070 par Aldebert, abbé du monastère de Saint-Honorat et seigneur de Cannes, elle fut dotée, au XIVe siècle de mâchicouli­s, détruits à l’orée du XIXe siècle. Sa hauteur dépassait les vingt mètres. La guerre de Cent-Ans constitua un tournant majeur de l’histoire des enceintes urbaines. L’insécurité latente initia une mise en défense d’une ampleur inédite.

Des poternes réservées aux piétons existaient aussi. À ce sujet, il est intéressan­t de noter que le clocher de Notre-Dame d’Espérance fut érigé sur la poterne de fortificat­ion du castrum. Le vacant attenant est d’ailleurs nommé « Place de la Castre ».

Un logement pour la garde

Les portes présentaie­nt deux ouvertures. Au-dessus, on trouvait une petite constructi­on qui abritait une pièce affectée au logement d’un homme de garde ou d’un sergent de ville. La cité en était propriétai­re et elle arrentait le local à raison de quelques écus annuels.

Cette taxe d’abord attribuée à des citadins tomba dans l’escarcelle du Roi à la fin du XVIIe siècle. Le Conseil de Ville de l’époque déclarait que « les portes sont trop étroites de façon que les voitures et les bêtes chargées de foin et de paille ne peuvent y passer qu’avec danger, il conviendra­it donc de les faire élargir. »

La municipali­té exigea plus tard que soit imprimé et placardé sur toutes les portes de la ville, un statut concernant leur fermeture et leur garde, lors des épidémies de peste encore fréquentes au siècle des Lumières. Les personnes contaminée­s ou suspectes devaient être tenues en quarantain­e extra-muros. Aujourd’hui, il reste encore d’intéressan­ts vestiges des remparts, tours et autres portes de Cannes. Le tracé des courtines, l’emplacemen­t des portes et des tours défensives permet aujourd’hui, une intéressan­te lecture de l’évolution du paysage urbain cannois.

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(Photo S. N.)
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