Des retraités dans le piège de « La Veuve noire »
Au deuxième jour du procès en appel de Patricia Dagorn, la cour d’assises a passé en revu le destin parfois funeste des messieurs tombés sous le charme d’une quinquagénaire entreprenante
L’étrange décès d’un retraité de Mouans-Sartoux
Francesco Filippone n’a fréquenté Patrica Dagorn que quatre semaines. En février 2011, le vieil homme, maçon à la retraite, est découvert sans vie dans sa baignoire. Sa femme de ménage, intriguée, est formelle : il ne prenait jamais de bain. Son médecin, pour sa part, l’estimait plutôt en bonne santé pour ses 82 ans. En revanche, il l’avait ces derniers temps trouvé « confus», «trop euphorique». Un abus de médicaments? L’hypothèse est avancée... La femme de ménage se souvient «d’un homme de caractère, très dur, très entreprenant avec les femmes», devenu en quelques jours « ensuqué et sale ».
Autre bizarrerie : Francesco Filippone voulait, selon Patricia Dagorn, investir dans une joaillerie azuréenne. Un ordre de virement de 750 000 euros signé de sa main a été retrouvé lors d’une perquisition. «C’était destiné à mettre en confiance la vendeuse monégasque de la bijouterie », affirme l’accusée qui évoque « une amitié profondeentre M. Filippone et elle-même.»
Patricia Dagorn a tenté après le décès de « son ami » de mettre à l’encaissement un chèque de 21 000 euros. Elle qui, jusque-là, avait raté sa vie, rêvait de la gérance d’une bijouterie.
Un autre document pose question. Patricia Dagorn pensait être l’héritière de M. Filippone, lui qui avait deux enfants. Un notaire lui a indiqué que ce document n’avait pas de valeur juridique. «Pas une surprise », explique avec aplomb à la Cour celle qui prétend être titulaire d’une maîtrise de droit.
A Nice, un plat au goût amer
En décembre 2011, le Niçois Ange Pisciotta rencontre Patricia Dagorn par l’intermédiaire d’une agence matrimoniale. « Elle m’a appelé, voulait me voir. Elle m’a dit j’ai 45 ans. Je lui ai répondu que ça ne me convenait pas mais elle a insisté », détaille le retraité « Quand elle m’a tutoyé de but en blanc, qu’elle m’a dit j’aime bien les hommes âgés je me suis dit qu’il y avait anguille sous roche. » Pour ce retraité au caractère bien trempé, aucun doute: «Elle cherchait à me dépouiller ». Il raconte comment après avoir été drogué, il a dormi plus de 24 heures « tout habillé ».« Mon plat était immangeable tellement il était amer. Quand je me suis réveillé, matériel informatique, scanner, blouson en cuir… tout était parti. »
Ange Pisciotta téléphone alors à Patrica Dagorn pour lui demander des explications: «Elle m’a précisé qu’elle avait utilisé du Lexomil victime.
Quand Patricia est entendue par la PJ de Nice, elle explique que les objets », affirme la prétendument volés sont « des cadeaux de Noël », que le paisible retraité était en réalité armé et menaçant.
« Le capitaine » victime d’un cocktail médicamenteux
Michel Knefel, 66 ans, surnommé «le capitaine» en raison de son inamovible casquette de marin, était un sans domicile fixe cannois que Patricia Dagorn a fréquenté quelques jours. Le 21 juin 2011, elle règle deux nuits à l’hôtel du Piémont à Nice. A 14 heures, elle enferme son compagnon d’infortune dans la chambre. A son retour à 23 heures, elle appelle SOS Médecin. Michel Knefel est mort d’un oedème pulmonaire.
L’expertise toxicologique révèle une alcoolémie de 1,02 g par litre et la présence à hautes doses de plusieurs antidépresseurs. Un cocktail qui peut expliquer le décès selon le légiste.
A l’arrivée de la police, Patricia Dagorn tente de dissimuler un sac contenant divers écrits, notamment un testament du défunt. Un courrier dactylographié donne procuration à Patricia Dagorn sur tous les comptes bancaires de Michel Knefel. En détention, Patricia Dagorn a cherché auprès de codétenues à construire un alibi pour ce tragique 21 juin. A son procès, elle persiste et signe: «J’étais au mauvais endroit au mauvais moment.»
Suite du procès lundi.