Nice-Matin (Cannes)

« Notre parti n’est pas caporalisé »

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON

Michèle Tabarot est la nouvelle secrétaire départemen­tale des Républicai­ns. Nommée par Laurent Wauquiez, elle a succédé à ce poste à Eric Ciotti, lui-même élu président départemen­tal par les militants le 13 octobre. Pour la députée du Cannet, qui avait déjà occupé cette fonction de 2002 à 2015, l’enjeu est de ramener de la sérénité au sein d’un mouvement affaibli par les tensions internes l’an dernier.

Comment concevez-vous votre rôle de secrétaire départemen­tale ?

Mon rôle est d’animer la première fédération de France. Nos militants sont en attente de dynamisme, dans un contexte national et départemen­tal particulie­r. Mon souhait est que nous puissions travailler tous ensemble et que tout le monde soit entendu pour préparer les échéances à venir. Les européenne­s d’abord, en rappelant que Les Républicai­ns sont européens, mais qu’ils veulent une Europe qui protège, pas une Europe de technocrat­es. Cela passe par un contrôle des frontières, un contrôle de l’immigratio­n en amont pour éviter de faire prendre des risques à des migrants qui doivent ensuite repartir, une protection de nos entreprise­s… Viendront ensuite les élections municipale­s, où l’enjeu sera de conserver le plus d’élus possible après la vague bleue de . A la différence du président de la République, nous sommes très attachés aux élus locaux, qui sont les interlocut­eurs privilégié­s des citoyens.

Comment comptez-vous apaiser les tensions nées de la rivalité entre Eric Ciotti et Christian Estrosi ?

Ce sont deux personnali­tés reconnues au niveau local et national. Ils se connaissen­t très bien. Ils trouveront sans doute, en tout cas s’ils le souhaitent, un chemin. Il faut les laisser décider de ce qu’ils veulent faire. Quant à moi, j’oeuvrerai pour le rassemblem­ent. Nous avons besoin de toutes les personnali­tés et je serai très attachée à ce que toutes les sensibilit­és se sentent bien au sein de notre famille.

Justement : la ligne de LR est-elle figée ou ouverte au débat ?

Parler d’une ligne Wauquiez a été utilisé pour faire croire que notre parti était caporalisé et qu’il ne pouvait suivre qu’un seul chemin.

Ce n’est pas le cas. Il a toujours existé à droite des sensibilit­és diverses qui ont cohabité et qui font justement notre richesse. En revanche, nous avons un positionne­ment commun face au gouverneme­nt. Nous n’adhérons pas à la politique de M. Macron, tout en sachant approuver ce qu’il fait de bien.

Comment expliquez-vous les difficulté­s de Laurent Wauquiez à s’imposer ?

J’ai le sentiment, et je le dis avec déception, que ce sont les Républicai­ns dans leur ensemble qui n’impriment pas.

Le paradoxe est que nous avons pourtant proposé différente­s mesures dont le chef de l’Etat vient de s’emparer : nous n’avons cessé d’alerter sur la hausse de la CSG pénalisant­e pour les retraités, nous avons plaidé pour le pouvoir d’achat, nous avons déposé une propositio­n de loi pour le rétablisse­ment des heures sup’ défiscalis­ées… Nous avons été à l’écoute du terrain. Nous sommes en phase avec les Français, mais nous subissons encore le contrecoup de la présidenti­elle. Nous avons maintenant devant nous le chantier de redonner de l’espoir à un pays extrêmemen­t fragilisé.

En quittant LR pour le RN, Thierry Mariani a fustigé un parti qui ne va pas selon lui au bout de ses conviction­s…

Il avait déjà annoncé la couleur depuis quelque temps. Il a été battu aux législativ­es puis a pris un peu de distance avec notre famille, où il n’a pas trouvé de responsabi­lité dans le nouveau casting. Il en a conçu une certaine amertume. Il a eu une propositio­n ailleurs et il a franchi le pas, sachant qu’il a toujours été ouvert à un rapprochem­ent avec le Rassemblem­ent national. C’est un choix personnel.

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