Nice-Matin (Cannes)

Boccolacci : « Du plaisir pur »

Aux antipodes des circuits de Formule 2, le jeune Cannois dégourdit ses semelles dans le baquet d’une BMW M2. Un débutant plutôt doué sur la glace qui a remporté la catégorie Élite hier soir

- Textes : Gil LÉON Photos : Bruno BADE

La montagne, ça le gagne! Un an après sa pige couronnée de succès dans les rangs de l’Enedis Trophée électrique, Dorian Boccolacci reprend de la glace. Cette fois, c’est en mode thermique que le pistard natif de Cannes (20 ans) vivant à Callian tutoie les limites de l’adhérence... avec la bagatelle de 340 chevaux sous la pédale de droite d’une BMW M2 évoluant déjà régulièrem­ent aux avant-postes de la catégorie Elite. Rencontre express dans le paddock congelé d’Isola 2000 entre manche qualif’ et finale de la course 1 remportée haut la main !

Dorian, peut-on parler d’un coup de foudre entre le Trophée Andros et vous?

Oui, mais cette histoire d’amour ne date pas d’hier. Je me souviens très bien de deux déplacemen­ts avec mes parents ici, à Isola , quand j’étais gamin. Évidemment, le ballet de ces voitures dansant sur la glace m’avait frappé. Depuis, chaque hiver, je suis régulièrem­ent les courses à la télé. Si certains pistards n’aiment que les trajectoir­es au cordeau sur circuit, moi, je suis attiré par d’autres champs d’action. Le Trophée Andros, certaines épreuves mythiques, comme le Dakar... J’aime vraiment ce genre de challenges où il faut se remettre en question, sortir de sa zone de confort.

Juste après votre baptême victorieux au sein de l’Enedis Trophée électrique, l’an dernier sur ce tracé, vous pensiez déjà à rempiler ?

Pas du tout. Ou plutôt si, mais dans la catégorie électrique. Finalement, l’opportunit­é d’évoluer à l’étage supérieur s’est présentée assez tard. On a donc décidé de disputer les deux premières manches, Val-Thorens et Andorre, histoire de tâter le terrain. Vu que ça va bien, on joue la prolongati­on à domicile. Mais rien n’est décidé pour la suite.

Glisser avec quatre roues motrices et directrice­s, ça

change la vie du pilote ? Un peu, quand même. Par rapport à la petite Andros Car propulsion de la saison passée, surtout ne pas contre-braquer quand ça part en survirage. Il faut garder le volant tel quel, accompagne­r la dérive. Bref, oublier deux ou trois réflexes.

Au début l’équipe

CMR m’a donné quelques tuyaux. Des petits trucs vite pigés.

Surpris par cette adaptation instantané­e ?

Vous savez, moi, quelle que soit la discipline, je place toujours la barre assez haut. Partout, je veux performer le plus tôt possible. Tenez, en janvier , j’avais battu d’emblée les meilleurs spécialist­es du Trophée électrique. Donc, pas question de faire de la figuration en catégorie Élite. La glace, c’est une surface qui me va bien. Je voulais me battre devant. Objectif atteint (Première victoire en Élite hier soir, ndlr) Aujourd’hui, vous aimeriez améliorer quoi en priorité ?

En manche qualif’, j’arrive à claquer le meilleur tour. Mais j’ai plus de mal à réussir la série de trois ou quatre boucles qui détermine la position sur la grille de départ. Alors, voilà, il me faut gagner encore un peu de constance. Parvenir à enchaîner les runs rapides sans commettre le moindre écart. Pas de miracle, ça viendra chemin faisant.

Pourriez-vous devenir un fidèle parmi les fidèles, voire viser le titre Élite Pro un jour ?

Pourquoi pas ? En tout cas, cette perspectiv­e me tente. Le Trophée Andros meuble bien le long break entre deux saisons sur circuit. Ça permet de garder le rythme de la ‘‘compète’’. Sans aucune pression. Là, pour l’instant, j’ai tout à apprendre, rien à prouver. C’est du plaisir pur, quoi !

Vous verra-t-on sur l’ovale de la super-finale, le  février au Stade de France ?

J’adorerais participer à ce show, oui. Un événement exceptionn­el, rare. Loeb, Ogier, Muller sont annoncés. Chouette, non? Ça me rappelle l’ERDF Masters Kart de Paris-Bercy . En Junior, j’avais affronté, entre autres, quatre pilotes de F actuels : Leclerc, Ocon, Stroll, Russell. Et j’étais monté sur la e marche du podium (derrière un certain Charles Leclerc).

Avec un peu de recul, quel regard portez-vous sur votre saison  à deux vitesses ?

La perte sur tapis vert de ma victoire en GP au Castellet a modifié la donne. Je décroche la pole position, je gagne la course  sans avantage technique, et boum ! En une fraction de seconde, on perd les fruits de notre travail. Pire, j’entame la C en fond de grille. Tout le week-end est ruiné à cause du réservoir d’essence poreux qui nous a empêchés de présenter l’échantillo­n réglementa­ire au contrôle technique. Une pilule très difficile à avaler, croyez-moi. Après, vu mon classement au championna­t, il faut revoir les objectifs à la baisse.

Pas de regret d’avoir pris le train de la Formule  en marche durant l’été ?

Non, même si je gagne à la C à Budapest, il n’y a plus grand-chose à espérer en GP. Comme le team MP Motorsport me propose de prendre l’ascenseur, je saisis l’occase. Bon, je savais qu’il serait compliqué de tirer mon épingle du jeu en F où quatre équipes de pointe se partagent presque tout le gâteau. Mais rouler dans l’antichambr­e de la F m’a permis d’engranger pas mal d’infos. Gestion des pneus, puissance accrue, courses longues... Une expérience précieuse pour la suite peut-être.

‘‘ Gagner encore un peu de constance ”

2019, justement ?

Mystère et boule de gomme ! La F, ça coûte un bras et tous les baquets des top-teams sont déjà réservés. Mais cette piste reste à l’étude, comme d’autres, tous azimuts. Seule certitude : il y a des contacts très avancés, donc je pense être fixé d’ici un mois.

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Dorian Boccolacci : « Quelle que soit la nature du terrain, je veux toujours performer le plus tôt possible. »

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