Des femmes à la bonne frappe mises à l’honneur
A l’occasion de son exposition temporaire, le musée de la carte rend hommage aux sténodactylographes. Du temps, ancien, où la machine à écrire s’affichait comme une star
Sténodactylographe ? Pour les moins de vingt ans, ce mot n’évoque rien ou presque. Les autres se souviendront que fut un temps, les secrétaires tapaient sur des machines à écrire mécaniques, après avoir pris sous la dictée de leur patron un courrier, en sténo. Quésaco ? Une écriture qui abrège les mots, chaque signe représentant une syllabe. Aujourd’hui, on enregistre les discours et on tape sur le clavier d’un ordinateur, via un logiciel de mise en page.
A l’occasion de sa nouvelle exposition temporaire, le musée de la carte postale redonne des couleurs aux sténodactylographes. Un métier très en vogue au début du XXe siècle. La preuve avec de nombreuses cartes. À cette époque, « la France (ainsi que d’autres pays) connaît une expansion industrielle qui génère de nouveaux besoins et de nouveaux métiers. Chaque jour on réclame des sténodactylographes », écrit dans sa présentation Christian Deflandre, fondateur du musée. De nombreuses écoles de sténographie et de dactylographie sont créées à travers le pays.
Un métier qui fait rêver
Pour beaucoup de jeunes filles, ce métier est un rêve. C’est le moyen d’échapper à l’usine ou aux rudes travaux des champs. Pour leur profession, les jeunes secrétaires sont coquettes. Elles côtoient des chefs d’entreprise, des hommes de « pouvoir »... En 1919, une pièce de théâtre a pour héroïne une secrétaire : « Malikoko ». L’histoire d’une milliardaire américaine qui, pour trouver l’amour, le vrai, apprend la sténo et la dactylo à l’école Pigier, à Paris ! « Les cartes postales depuis la Belle Epoque jusque dans les années 30 s’emparent du thème de la sténodactylographie ». On trouve de cartes publicitaires vantant les mérites d’une méthode de sténo. Certaines sont même rédigées de manière abrégée ! Le moyen de délivrer des messages indéchiffrables !
« Osmose entre la belle et la machine »
D’autres cartes illustrent des écoles avec leurs salles de classe et des élèves très actives. « Les revendeurs et les fabricants de machines à écrire produisent des cartes postales, où les machines flambant neuves, trônent en majesté, comme de véritables stars. Le plus souvent présentées par de charmantes jeunes femmes,en tenue vaporeuse, il semble qu’il y ait comme une osmose entre la belle et la machine. Un peu comme de nos jours, lorsqu’on vous présente une voiture de luxe au Salon de l’Auto, comme si en l’achetant vous alliez emporter avec, la créature aux formes parfaites assise derrière le volant » sourit Christian Deflandre. On peut toujours rêver. Et même des célébrités posent devant leur machine préférée. Ainsi, Mistinguett le proclame : « Si je battais la grosse caisse, ce serait pour l’Oliver. For ever ».