irréductibles « gilets jaunes » au centre de Nice
L’acte IX s’est déroulé dans le calme, hier, au centre-ville de Nice. Les slogans restent immuables : « Macron démission » et « Non à l’Europe de la finance » ont scandé les manifestants
Cornes de brume, sifflets stridents, fumigène… Les « gilets jaunes » azuréens se retrouvent devant le Mac-Do de la promenade des Anglais à Nice dans une ambiance de supporters de football.
« Emmanuel Macron, on est venu te chercher », chantent certains sur l’air de la chanson à la gloire de Benjamin Pavard, l’arrière de l’équipe de France championne du monde.
Drapeaux tricolores agités, Marseillaise entonnée et journalistes critiqués. Rien ne change d’une semaine sur l’autre. Antonin, 40 ans, travaille dans le bâtiment. Il se dit «apolitique». Il ouvre les hostilités : «Les médias sont tous dans le moule. Ils essaient de nous diviser et de décrédibiliser le mouvement. Les milliardaires qui vous possèdent ont peur parce qu’on déstabilise le système en place. »
Interpellation d’un contre-manifestant
«Libérez le boxeur, libérez le boxeur », scandent des « gilets jaunes », en brandissant des photos en couleur de manifestants blessés présentés comme des victimes des forces de l’ordre et de Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur. Fidèles à leur ligne de conduite, les « gilets jaunes » niçois se distinguent, eux, par leur calme et leur détermination.
La seule intervention policière concerne un provocateur place Toselli. L’individu, doigt levé bien haut, s’attire les foudres de la tête du cortège. Certains accourent pour lui régler son compte. Les policiers plus prompts l’interpellent sous les applaudissements et l’exfiltrent prudemment vers la caserne Auvare. Antonin, dans son gilet fluo, reprend le fil de sa réflexion politique : « Pour moi, le préambule est de sortir de l’Europe, de redonner à la France des frontières et une souveraineté. »
Martial, 51 ans, routier, « gilet jaune » de la première heure, a déjà son cahier de doléances en tête: « La hausse des petites retraites, la fiscalité remise à plat, la suppression de la CSG et une réforme du permis à points. » En attendant, les voitures sont au point mort sur une voie Mathis (voie rapide), coupée à la circulation en fin de matinée.
Le défilé en zigzag impacte également les transports en commun notamment le tramway en ce jour de forte affluence, soldes obligent. Les commerçants froncent les sourcils.
L’Europe dans le collimateur
Sur les pancartes, on peut lire:« Technocrates imbéciles et vaniteux, c’est vous qui asphyxiez l’économie». On en appelle au RIC, le référendum d’initiative citoyenne. « Les élus nous ont trahis », s’époumone Antonin. « Il faut tout rebâtir sur des bases saines. »
« Macron t’es foutu, les Gaulois sont dans la rue », hurle son voisin. Le prix de l’essence, qui avait mis le feu aux poudres, n’est plus évoqué. C’est visiblement l’Union européenne la nouvelle cible, à quatre mois du renouvellement du parlement des vingt-huit États membres.