Hypnose et méditation pleine conscience s’installent à l’hôpital
Ces méthodes sont de plus en plus utilisées pour limiter la douleur des patients. Au centre hospitalier d’Antibes-Juan-les-Pins, le Dr Bouredji en constate les effets bénéfiques
L’apport des médecines douces et autres techniques de relaxation est aujourd’hui incontestable (1). À tel point que des disciplines, à l’instar de l’hypnose et de la méditation pleine conscience, ont fait leur entrée à l’hôpital. Et notamment au centre hospitalier d’Antibes-Juan-les-Pins. Le Dr Kenza Bouredji, onco-gériatre au sein de cet établissement, prend ainsi appui sur la méditation pleine conscience pour aider ses patients à mieux gérer leurs sensations et perceptions. « La douleur est une expérience subjective et multidimensionnelle, alors que la souffrance est la réaction émotionnelle qui en découle. Cette dernière est en quelque sorte “le mal d’avoir mal”, analyse le Dr Bouredji. Il est important d’aider les patients, notamment ceux qui souffrent de douleur chronique, parce qu’elle les accapare, déforme leur perception de la réalité. Elle engendre une tension permanente qui épuise physiquement et moralement. La méditation pleine conscience ne va pas supprimer la douleur mais aider l’individu à vivre avec. On apprend à cultiver une présence non réactive : c’est pour cela que l’on dit qu’accepter la douleur est l’antidote à la souffrance. »
Le scientifique Jon Kabat-Zinn a créé le programme protocolisé MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction, soit réduction du stress par la pleine conscience) qui est largement utilisé dans des recherches cliniques. De nombreuses études ont mis en avant l’intérêt de la discipline. «En 2008, il a été Dans les années 1980, Jon Kabat-Zinn lui-même avait mis en évidence le fait que le ressenti de la douleur est moins désagréable chez les méditants alors que la douleur est la même, Si cela fonctionne, ce n’est pas miraculeux, l’explication est rationnelle : il y a une régulation du processus d’anticipation. C’est-à-dire que la douleur est la même mais elle paraît moins insupportable et surtout, le retour à la normale intervient plus rapidement. Dans cette optique, la méditation pleine conscience ne s’adresse bien sûr pas qu’aux malades. Il est tout à fait souhaitable d’acquérir les bases de la discipline afin de pouvoir s’en servir le jour où l’on fait effectivement face à la douleur. sur le même principe. L’hypnose est aujourd’hui entrée jusque dans les blocs opératoires. Pour cela, le soignant (formé à la discipline) s’intéresse au patient : il lui parle et fait doucement diversion pour qu’il ne pense pas ou plus à ses craintes. Petit à petit, la perception du patient va changer, il se retrouve immergé dans le virtuel (il s’imagine être dans un endroit plaisant par exemple). « L’hypnose est un savant mélange entre la science biomédicale, la philosophie et une part très subjective, résume le Dr Benhaiem. Le dialogue est primordial car ce sont les expériences passées qui vont déterminer la souffrance d’un patient. C’est en discutant que le soignant va trouver un point d’appui, une accroche pour lui permettre de s’apaiser. Ensuite, il va l’accompagner, il répond aux questions, rassure... voire déstabilise le patient ancré dans ses certitudes. Enfin, il s’installe et agit dans le présent car le patient ne doit pas ressasser mais être là ici et maintenant. Il ne doit pas penser mais ressentir : il quitte le rationnel, l’intellect, pour se raccorder au sensoriel. Il ressent la situation sans émotion.» L’hypnose ne s’adresse pas à tous. Il faut être dans un certain état d’esprit : « le patient qui veut bien consulter est en train de guérir. En quelque sorte, c’est un bien portant qui est juste désorienté ! »