Nice-Matin (Cannes)

A la gloire de son père

Falcao a perdu son père la semaine dernière. Le Monégasque est devenu la star que son papa, profession­nel lui aussi, n’a jamais été

- MATHIEU FAURE

Radamel Enrique García King aurait eu 62 ans en avril. Victime d’un arrêt cardio-respiratoi­re alors qu’il disputait un match de tennis chez lui, à Santa Marta, l’ancien joueur de football n’a pu être réanimé. Comme son nom l’indique, il s’agit du père de Falcao. En août, le capitaine de l’ASM avait déjà perdu son oncle, le frère de Radamel Garcia, Herbert King victime d’une insuffisan­ce cardiaque à l’âge de 55 ans. Le « Tigre » est retourné auprès des siens pour affronter cette terrible tragédie car entre le père et le fils existait un lien qui s’étalait audelà de la simple filiation. Le père a transmis à son fils son amour du football, d’ailleurs « Falcao » est un hommage à son idole, le milieu de terrain Brésilien. Avant d’être le capitaine de la Colombie et de l’AS Monaco, Falcao a surtout été le fils du King, un robuste défenseur des années 80.

« J’étais un footballeu­r total. J’attaquais, je défendais et je marquais beaucoup de buts. Hélas, mes entraîneur­s préféraien­t me faire jouer derrière parce qu’ils ne voyaient en moi qu’un gros potentiel physique » dit-il en 2013, interrogé par So Foot. Dans la famille, on est des solides gaillards de père en fils. L’arrièregra­nd-père du Monégasque, George King, était une force de la nature et travaillai­t pour une compagnie fruitière pour laquelle il avait déménagé des îles Britanniqu­es pour s’installer en Colombie en 1932.

1986, le King joue au sein de la modeste équipe de l’Union Magdalena, le club formateur de Carlos Valderrama à Santa Marta une station balnéaire réputée, quand Falcao vient au monde. La voie de l’héritier est toute tracée : il doit devenir ce que son père n’a jamais pu être, une star du football. Chose que le paternel n’a jamais vraiment cachée au demeurant. « Ce que je voulais le plus au monde, c’était que mon fils devienne une star et que son nom soit en haut de l’affiche. J’étais obsédé par cette idée-là », confesse-t-il sans honte lors du passage de son fils à l’Atlético Madrid.

L’histoire raconte que le King a tout fait pour mettre son fils dans les meilleures conditions. Ainsi, quand toute la petite famille allait à la plage, King creusait des trous pour y mettre les jambes de son rejeton pendant 20 minutes avant de lui appliquer du blanc d’oeuf partout pour les fortifier. Sa puissance viendrait de là. Malheureus­ement, le jeune Falcao n’aime pas particuliè­rement le football. 1991, le paternel débarque au Vénézuela et signe au Deportivo Tachira avant de rejoindre le Vigia FC dont le slogan est « Nous nous confions à Dieu ». Là, dans le seul pays d’Amerique du Sud à ne jamais avoir été qualifié pour une Coupe du monde, Falcao découvre enfin le ballon rond mais se prend d’affection pour le sport roi local, le base-ball. Falcao Junior semble promis à un brillant avenir batte en mains au grand désarroi de son père. Alors quand le petit se découvre finalement une passion pour le ballon rond, le pater familias met les gros moyens en oeuvre. « Quand j’ai vu que le football l’attirait, je lui ai dit de jouer attaquant parce que ce sont ceux qui gagnent le plus d’argent. Les Pierrafeu comme ton père, on ne leur donne rien ». Finalement, le destin va s’en mêler. Radamel King termine sa carrière au Monagas Sport Club qui ne dispose pas de section base-ball. A 9 ans, Falcao choisit finalement le football et son père débute son travail de formation. Ballotés aux quatre coins du pays, le père et son fils tissent une relation fusionnell­e. Une fois les crampons raccrochés, la famille retourne à Bogota. « Falcao n’avait pas d’amis, parce qu’ici, à Bogota, tu ne sais pas vraiment qui peut être ton voisin. Ce n’est pas une question d’insécurité, c’est une habitude ici : personne ne connaît personne » ditil. Là, seul, le futur taulier de l’ASM apprend le football. « Falcao jouait au football tout seul, contre un mur. Des fois, il y avait bien des enfants qui venaient s’amuser avec lui, mais c’était rare. La plupart du temps, je descendais avec lui pour l’accompagne­r. C’est là qu’il pouvait courir et jouer librement au ballon. Ça le rassurait de me voir à ses cotés. » Les deux hommes ne vont plus jamais se quitter y compris quand Falcao prend la direction de l’Argentine et de River Plate à tout juste 14 ans.

Le formateur, c’est lui. « Falcao, c’est moi qui l’ai construit. Je lui ai appris le bien et le mal, le respect des consignes, des partenaire­s, des adversaire­s et des professeur­s. Je voulais que mon fils soit exemplaire. Je n’aime ni le conflit ni le désordre, donc j’ai toujours été attentif aux personnes qui l’entouraien­t. Quand je voyais que certains types pouvaient avoir une mauvaise influence sur lui, je lui disais de ne plus s’approcher d’eux. Je suis quelqu’un de discipliné et Falcao, quelque part, est à mon image. »

Jusqu’au bout, les deux hommes étaient fusionnels. Après chaque match, le fils envoyait toujours la même question à son père via WhatsApp : « Papa, qu’est-ce que t’as pensé de ma prestation ? » Contre l’OM, pour la première fois de sa carrière, ça ne sera pas possible.

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Ce que je voulais le plus au monde, c’était que mon fils devienne une star ”

Radamel King

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