Nice-Matin (Cannes)

Un autobus nommé désir

Interview Après avoir joué avec Florence Foresti L’Abribus, l’auteur et comédien Philippe Elno revient sur scène avec sa délicieuse pièce. Au théâtre Le Tribunal dès mercredi soir

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Pas la peine d’attendre Godot, y’a déjà un bus qui demande de la patience. Philippe Elno revient sur les planches avec L’Abribus, sa création cousue surmesure pour Florence Foresti. Dès mercredi, l’auteur et comédien partagera la scène du théâtre Le Tribunal avec Cécilia Zanin.

Comment avez-vous vu évoluer cette pièce qui a plus de dix ans ?

C’est surtout au début qu’elle a évolué. Mais on reprend une version un peu différente. C’est surtout au niveau de l’actrice que ça change puisque nous avons construit un nouveau duo ensemble.

Et au niveau du jeu ?

On est restés exactement sur la même direction d’acteur. Dans l’idée : il faut surtout qu’on se parle et qu’on s’écoute dans nos personnage­s, dans ce qu’on a envie de défendre.

Vous sentez l’attente des répliques phares dans la salle ?

Il faut aussi penser qu’il y a des gens qui n’ont pas vu la pièce. [rires] Mais à la sortie, il y a des gens qui disent qu’ils se sont remémorés certaines choses, qu’ils ont redécouver­t l’aventure.

Quel a été le point de départ de la création?

La pièce a été insufflée par Florence Foresti elle-même. À l’époque on était voisin, elle m’a dit qu’elle avait envie de passer au théâtre mais qu’elle ne recevait pas des choses qui lui allaient. Alors j’ai pris un cahier, un stylo. Et j’ai attaqué cette histoire-là en pensant à elle.

Écrire pour les autres, c’est une habitude ?

Je ne l’avais jamais fait avant L’Abribus. Mais depuis, ça m’est arrivé à plusieurs reprises. Comme Sous les jupes qui est une commande au départ également. Itinéraire Bis c’est parti comme ça aussi, ils ont joué la saison dernière au théâtre Le Tribunal d’ailleurs !

Lorsque vous écrivez, d’où partez-vous ?

Ce que je cherche avant tout c’est un sujet, une idée. L’idée de base peut venir quand ce n’est pas le moment... En fait, c’est souvent comme ça. [rires] J’aime bien travailler sur des personnage­s, la caractéris­ation. J’aime imaginer leur propre histoire avant de les faire se rencontrer. Et des fois, je suis moi-même surpris par ce qui en ressort.

Avec toujours cet humour...

J’ai toujours ce sens-là. Je ne suis pas porté sur le dramatique, c’est vrai. Même en écrivant des moments un peu plus calmes, posés, où j’essaie de révéler des choses il y a toujours une réplique qui va casser l’atmosphère et faire retomber la pression, j’avoue ! [rires]

Vous écrivez tout le temps ?

C’est vrai que j’ai toujours des notes, des choses commencées... Après là j’ai travaillé quatre ans sur le même projet pour un film, donc c’est un autre exercice, plus long que pour écrire une pièce. Pour les comédies, je laisse les choses venir. Il y a des moments où ça va très vite.

Vous êtes du genre à vous

enfermer pour écrire ?

Pas forcément, non. J’aime beaucoup écrire en terrasse à Paris, regarder les passants...

Vous fixez-vous une limite, des zones à ne pas atteindre ?

La vulgarité. Ce n’est vraiment pas mon truc. J’essaie d’éviter ce genre de blague facile et de me creuser un petit peu la tête quand même.

Après autant de représenta­tions, vous montez sur scène sans doute ?

Oh, il existe toujours un petit peu. C’est évident qu’il se fait moins présent au bout de la e mais il est là. Rien que le simple fait de changer de théâtre par exemple. Même avec Florence, on a fait quatre ou cinq théâtres différents et à chaque fois il fallait reprendre nos marques. C’est une petite zone de stress.

Mais c’est aussi cela qui est intéressan­t en tournée : aller à la rencontre de nouveaux endroits, de nouvelles personnes. C’est une vraie richesse.

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(DR) Cécilia Zanin et Philippe Elno débarquent au théâtre Le Tribunal dès mercredi soir.

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