Aschieri : son “oui si” pour
Le maire de Mouans-Sartoux dément les rumeurs de tension dans sa majorité et se positionne pour 2020
Il se dit qu’à Mouans-Sartoux, la majorité se fait un peu la gueule. Il se dit qu’à Mouans-Sartoux, les relations sont tendues entre le maire et « Malou » Gourdon, l’une de ses emblématiques adjointes. Il se dit, il se dit... Mais quelle est la part de vérité dans tout cela ? Réponses à ces allégations – et à d’autres – avec Pierre Aschieri, qui rectifie le tir.
Plusieurs membres de votre majorité ont voté contre l’une de vos délibérations sur le parking du Château au dernier conseil. D’aucuns y voient le signe avantcoureur d’une crise municipale...
Bien sûr que non. Des tensions dans la majorité, il n’y en a pas plus aujourd’hui qu’il n’y en a eu par le passé. Ce n’est pas la première fois que des membres de la majorité s’affrontent sur des projets structurants. Sur ce plan-là, rien n’a changé à Mouans-Sartoux.
Généralement, des votes négatifs traduisent quand même des soucis internes, comme on l’a vu à Mougins récemment...
Chez nous, il n’y a pas de consignes de vote. Tout le monde s’exprime : cela a déjà été le cas dans ce mandat ; cela l’a été aussi à plusieurs reprises dans les mandats précédents.
Mais Christian Rouvier, un adjoint « historique » qui avait procuration de votre père, a lui aussi voté contre. Que doit-on en déduire ?
Il a fait une mise au point, disant qu’il parlait en son nom, pas au nom de mon
‘‘ père. Il est heureux qu’il l’ait précisé d’ailleurs, parce que pour le coup, cela aurait été désobligeant. Ce parking, dont on parle depuis ans, c’est le dernier projet pour lequel mon père s’est battu. Sa réalisation lui tenait particulièrement à coeur et il aurait été déplacé de le faire voter contre. Mais ça n’a pas été le cas.
Pourquoi ce projet suscite-t-il autant de tensions, y compris au niveau de la communauté d’agglo ?
Vu de l’agglo, c’est un projet mouansois qui est une espèce de compensation par rapport à tout ce qu’apporte la commune, sur le plan des recettes fiscales. Et il avait été trouvé, dans la précédente mandature, un accord stipulant que la communauté d’agglomération (à l’époque, Pôle Azur Provence, Ndlr) participerait à la réalisation d’un équipement, en l’occurrence le parking du Château. Le nouveau conseil communautaire (la CAPG, Ndlr) n’a pas perçu les choses comme cela. Certains élus se sont élevés contre, disant qu’il s’agissait d’un projet mouanso-mouansois et que l’agglo n’avait donc pas à le financer. Pour éviter que le bureau des maires se fracture sur ce sujet très clivant, le président, Jérôme Viaud, m’a demandé de faire un effort à travers un « fonds de concours » (de euros, Ndlr), objet de la délibération évoquée plus haut.
Et les Mouansois, qu’en pensentils ?
On avait annoncé que ce projet serait financé à % par l’agglo et les subventions. Finalement, le fait que la commune apporte son concours financier était assez facile à critiquer. Après, en faisant le film à l’envers, si on nous avait dit dès le départ que l’on contribuerait à hauteur de %, je pense que tout le monde aurait signé. Tout cela fait partie des aléas de la vie politique : on fait des projets, on part sur des perspectives de financement que l’on réajuste par la suite.
Mais cet équipement a-t-il vraiment une utilité ?
Il est intéressant à plus d’un titre : d’abord, parce qu’il sera un élément structurant de la mobilité, au sens large, sur le territoire de la communauté d’agglomération. Ensuite, il permettra de doubler la capacité de stationnement dans le centre-vlle de Mouans-Sartoux. Enfin, il permettra de restructurer l’entrée de ville côté Grasse en faisant disparaître les voitures au bénéfice d’un espace végétalisé.
On dit de vous que vous êtes moins dans la concertation que votre père. Vrai ou faux ?
Peut-être est-ce l’opposition qui manque de proximité avec Mouans-Sartoux. Je pense que c’est plus ainsi qu’il faut voir les choses. Soyons sérieux : on fait des réunions de concertation quasiment toutes les semaines et je n’ai plus le compte des réunions de quartiers. Cette critique-là est sans objet. On peut me reprocher beaucoup de choses, mais pas sur la proximité. Ma porte est ouverte, je suis à toutes les manifestations, à toutes les assemblées générales, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Nous, le débat, on le fait tous les jours.
On vous reproche aussi de trop densifier la ville...
Je me positionne comme l’ensemble des élus qui sont contraints de se plier aux exigences de la loi et qui sont également obligés de satisfaire aux besoins d’une partie de la population. Cela aussi, c’est un faux débat. La loi oblige et contraint fortement : si on ne suit pas ses prescriptions, non seulement on est pénalisé, mais en plus l’État se substitue à nous. D’autre part, il faut aussi satisfaire les demandes – j’en reçois toutes les semaines – et les sollicitations pour des logements parce que le prix de l’immobilier, ici, est trop élevé.
C’est l’une des raisons qui fait que Mouans-Sartoux n’a pas vu sa population augmenter ces dernières années ?
On est passé de habitants en à aujourd’hui. Cela n’est pas vraiment un problème mais il ne faudrait pas que le phénomène s’accentue. La pyramide des âges révèle un creux très prononcé : les jeunes qui entrent dans la vie active n’ayant pas les moyens de se loger chez nous s’exilent ailleurs et reviennent plus tard, lorsqu’ils ont suffisamment de pouvoir d’achat pour procéder à l’acquisition d’un bien.
La densification à MouansSartoux concerne surtout le centre-ville ?
L’orientation prise est de mettre le logement collectif à proximité des équipements et des axes de transports pour éviter la dispersion de l’habitat, l’augmentation des déplacements en voiture et le grignotage de l’espace naturel. En habitant le centre-ville à MouansSartoux, on peut tout faire à pied. C’est donc une démarche écologique que de recentrer la population, mais cela reste un point de vue critiquable. On peut envisager de faire de l’habitat dispersé et de créer une grande banlieue. Ce n’est pas l’option que l’on a retenue...
Votre commune a porté plainte contre le groupe Total. Quelle est l’histoire ?
Dans cette démarche, nous avons été sollicités par les Eco-maires (Association nationale et internationale des maires et des élus locaux pour le développement durable, Ndlr) .On s’est associé avec d’autres villes contre Total qui ne respecte pas ses engagements en termes de réduction de gaz à effet de serre. Cette action s’inscrit un peu dans le même registre que la pétition contre le gouvernement, initiée par la fondation pour la nature et l’Homme de Nicolas Hulot.
Avez-vous réfléchi à l’échéance de et à votre éventuelle candidature ?
Si mes amis du conseil municipal ainsi qu’une partie de la population que je croise régulièrement, pensent que je suis la bonne personne, je continuerai.
Vous pensez donc que vous faites l’affaire ?
Les gens avec qui je parle sont plutôt sympathiques avec moi. J’aurais donc plutôt tendance à penser que oui.
La fonction vous plaît ?
Il y a des aspects très intéressants, d’autres décevants voire frustrants : le manque de marge financière, réglementaire et autre. Une grande partie de ce qu’a réalisé mon père par le passé ne serait plus faisable aujourd’hui en raison de ces contraintes.
Et malgré tout, vous seriez tenté par un nouveau mandat ?
Oui, bien sûr. Mais j’aurais aimé être là trente ans en arrière...
Vous auriez fait les mêmes choses que votre père ?«
Dans les grandes lignes, oui. Il a été visionnaire et l’on s’aperçoit que les orientations qu’il avait prises voici ans sont complètement d’actualité, comme la régie des eaux. Pouvoir conserver la maîtrise de ce service est une vraie richesse. En termes d’urbanisation, il a eu une vraie vision de l’aménagement du territoire, de la politique et du devenir de cette ville qui avait la vocation de devenir la banlieue de Cannes et de Grasse. La destinée de Mouans-Sartoux était celle d’une ville-dortoir. Or, c’est devenu l’inverse : les gens viennent chez nous pour l’activité. En somme, mon père a inversé le sens de l’histoire.
Le nouveau complexe cinématographique de Cannes ne va-t-il pas faire ombrage à La Strada ?
Oui. Beaucoup de Cannois viennent à MouansSartoux aujourd’hui, et l’on s’attend donc à une baisse de fréquentation. Grasse et Mougins ont aussi des projets de cinémas. C’est normal. Cela fait partie des évolutions naturelles.
Ici, il n’y a pas de consignes de vote ”
‘‘ J’ai tendance à penser que je fais l’affaire ”
Vous vous entendez bien avec tous vos voisins ?
On a normalisé nos relations.
Y compris avec les Tabarot ?
Je dirais même que j’ai d’excellentes relations avec Philippe qui nous a bien aidés pour le parking du Château au niveau des subventions de la Région et des fonds européens. Et je n’ai pas de problème à le dire publiquement.
Vous organisez un Grand débat ?
Oui. Cela a du sens. Les occasions où l’on peut élever le débat sur le plan national sont rares et un petit groupe de citoyens m’a même sollicité pour disposer d’un espace de partage et d’échanges. On va essayer de définir les contours pour que cela puisse perdurer.