Nice-Matin (Cannes)

Talent brut sur piste

À 15 ans, la pensionnai­re de l’AC Cannes étonne par ses performanc­es en heptathlon au niveau national. Entraînée par Olivier Pauly, elle veut aller plus haut, plus loin...

- RUDY KOSKAS rkoskas@nicematin.fr

Prescillia Alexis-Mainguy, ce sont les autres qui en parlent le mieux, la jeune fille de 15 ans, licenciée à l’AC Cannes depuis 2018 est un diamant brut qu’il faut polir de jour en jour, d’entraîneme­nt en entraîneme­nt. Un rôle endossé sans problème par son entraîneur, Olivier Pauly qui ne s’enflamme pas en parlant de sa protégée… mais dit tout le bien qu’il pense d’elle !

« Prescilia est une jeune athlète qui est arrivée à Cannes il y a un an. Elle a beaucoup de choses à développer, même si elle possède un bon potentiel physique et des capacités techniques. On sent un fort potentiel chez elle, mais nous ne pouvons jamais prédire l’avenir. En tout cas, elle a terminé meilleure minime et 2e Française ! Aujourd’hui, nous devons modifier plein de choses et travailler sur du long terme. Elle progresse mais il faudra voir comment cela se passe cet hiver dans des conditions difficiles au stade. Elle part de loin car par exemple, elle n’a appris le lancer que depuis un an. » Un passage critique que Priscillia aborde sans trop de pression, plutôt avec passion et déterminat­ion.

‘‘cocon

J’ai quitté mon antibois pour Cannes”

La jeune sportive a débuté l’athlétisme à Antibes au club de l’ERA (Espérance Racing Athlétisme), au Fort Carré, avant d’être contactée par l’AC Cannes et son stade Maurice-Chevalier. Un choix judicieux car en une saison, Presci est devenue athlète de haut niveau combiné (heptathlon/pentathlon) en terminant première aux pointes d’or (plus haute compétitio­n française en minime en 2018) avec 4459 points et tout simplement deuxième au bilan français ! Des résultats qui lui ont valu de faire partie dorénavant des jeunes espoirs par la Fédération Française d’Athlétisme.

Pas évident à suivre pour Cécile, la maman, qui doit gérer un agenda de ministre pour sa fille entre les quatre entraîneme­nts par semaine, les compétitio­ns le week-end, les nombreux stages fédéraux, les contrôles médicaux au CREPS de Boulouris, etc. Quant à l’élève de seconde au lycée Audiberti d’Antibes, en section SHN (sportif de haut niveau), elle prend le tout avec un grand sourire. Rafraîchis­sant.

« Avant l’athlétisme, j’ai découvert… le triathlon à l’âge de 7 ans à Antibes ! J’aimais me surpasser, me donner à fond. Et j’étais contente car j’étais fatiguée à la fin ! J’aimais aussi l’ambiance, car on a beaucoup rigolé. Le changement à mon arrivée à l’AC Cannes n’a pas été simple. J’ai quitté mon cocon antibois pour Cannes, pour progresser. Et j’ai vu les résultats très rapidement. Je suis passée de 7 à 10 m en lancer de poids ou à moins de 5 m à plus de 5,10 m en longueur. J’ai pulvérisé mes scores au javelot aussi de 17 à25m!»

Cette saison, sa première en cadette, ça va être compliqué de faire aussi bien qu’en 2018, mais l’objectif n’est pas là. « Il y a de nouvelles choses pour moi comme le 200 m, le 800 m ou le 100 m haies. Je sais que j’ai beaucoup de travail pour m’améliorer et progresser. Mon entraîneur m’aide beaucoup. Il me motive et si au début je le trouvais très sévère, aujourd’hui, il rigole aussi ! » Surfant sur son incroyable parcours en minime, Prescillia n’a pas été touchée par sa non-qualificat­ion au championna­t de France hiver en pentathlon. Au contraire.

« J’avais les points pour être qualifiée mais sur 800 m, mon premier, j’ai été bloquée et j’ai perdu toutes mes chances. Je termine 19e Française et seules les 16 premières ont été qualifiées. Je suis fière quand même car il n’y avait qu’une seule cadette 1re année devant moi, sinon que des 2es années. Mais, mon objectif maintenant c’est de pouvoir participer au championna­t de France d’été d’heptathlon. » Décontract­ée, insouciant­e, la jeune fille, fan de Mangas japonais à la télé, semble vivre parfaiteme­nt sa passion en dépit de peu de temps de repos qu’elle gère (avec sa maman) de main de maître.

« Quand j’ai un peu de temps, je joue du piano chez moi et je dessine souvent. Malheureus­ement je dis souvent non à mes copines pour sortir les week-ends car j’ai toujours une compétitio­n ou un stage. »

Cela ne l’empêche pas d’avoir du recul sur son nouveau statut d’athlète de haut niveau et de prendre sa vie de sportive avec un large sourire et des éclats de rire.

« Quand on est en compétitio­n avec mes copines, j’aime bien qu’elles viennent me voir. Ça m’aide à me concentrer. Et sur la piste ou à l’hôtel on met souvent la musique à fond, on danse ! Tout le monde nous regarde…»

Mais les résultats suivent et c’est l’essentiel. Le pentathlon, l’heptathlon, Prescillia s’éclate et ne compte pas s’arrêter de sitôt.

« Je sais que j’ai beaucoup de choses à améliorer et je prends du plaisir à être avec mon groupe et Olivier Pauly. Je ne me vois pas faire qu’une discipline car j’ai peur de m’ennuyer. C’est pour ça que je fais du combiné. »

Prsicllia, c’est la tête et les jambes… ça tombe bien elle, se voit kiné plus tard !

« Je l’annonce depuis que j’ai 11 ans. J’ai revu une vidéo où je le dis à ma famille. »

Le tout avec un grand sourire. Définitive­ment sa marque de fabrique.

‘‘

On met la musique à fond, on danse”

 ?? (Photo Patrice Lapoirie) ??
(Photo Patrice Lapoirie)

Newspapers in French

Newspapers from France