Risque avalanche : pas de vacances pour la prudence
Après la chaude alerte à Saint-Dalmas-le-Selvage, les services de l’Etat enjoignent à respecter les règles et à bien s’équiper en cas de hors piste. « La montagne est belle, mais dangereuse »
Vacances scolaires, soleil généreux et neige au rendezvous. Difficile, dans ces conditions royales, de faire passer un message de prévention. Et pourtant. Le risque d’avalanche est là, et bien là. Hier, les représentants de l’Etat et de la sécurité en montagne ont martelé un appel en trois mots : « Prudence, prudence, prudence ».
Risque plus élevé qu’il n’y paraît
Avec 160 cm de neige à Isola 2000, 120 cm à Auron ou 90 cm à Valberg, les stations azuréennes arborent leurs plus blancs atours. Mais gare à ne pas noyer les règles de prudence dans l’ivresse des cimes. « La montagne est belle mais dangereuse, avertit la sous-préfète Nice-Montagne, Gwenaëlle Chapuis. ll a beaucoup neigé. On a un manteau neigeux instable. Le redoux ne signifie pas qu’il y a moins de danger, bien au contraire ! » Certes, le risque avalanche est redescendu à 3 sur 5. « Risque marqué », donc. Rassurant ? Même pas, estime le major Pascal Loszach, commandant en second du PGHM 06 (peloton de gendarmerie de haute-montagne) : « D’après mon expérience, 80 % des avalanches impliquant des gens se déclenchent par risque 3... » Les Alpes-Maritimes ont reçu un avertissement à moindres frais, samedi, à Saint-Dalmas-le-Selvage (lire ci-contre).
Une sortie hors piste, ça se prépare
Bien sûr, pour limiter les risques, rien de tel que de rester sur les pistes. Ceux qui veulent s’en écarter doivent avoir « une bonne condition physique », insiste Gwenaëlle Chapuis. Ensuite, «onnepartpas seul mais accompagné, avec un professionnel de la montagne ».
Cela n’exonère pas de s’informer sur le bulletin météo, le niveau de risque, les zones délicates, ni de
consulter des tutos sur les gestes de premiers secours ou la conduite à tenir en cas de pépin. Les professionnels de la montagne conseillent même de faire un exercice préalable avec le matériel adéquat... et de penser, au moins, à lire la notice.
Jamais sans mon équipement
En raquettes comme à ski, une sortie hors piste suppose un équipement conséquent : « Eau, nourriture, boussole, lunettes de soleil, téléphone avec batterie chargée pour la journée... », énumère Gwenaëlle Chapuis. Voilà pour la base. À cela s’ajoute le matériel spécifique pour veiller au grain.
C’est d’abord le DVA (détecteur de victimes d’avalanches), de type Arva, essentiel pour retrouver ses compagnons ou être retrouvé soimême. Les prix oscillent entre 90 et 350 euros, mais un DVA peut être loué... Et une vie n’a pas de prix ! « Il faut envisager avec quel matériel vous voudriez être sauvé », explique le capitaine Ludovic Saint-Bonnet, chef de la section CRS Alpes 06. Autres équipements incontournables : la sonde, pour localiser une victime ensevelie, et la pelle, pour la dégager. Enfin, dans l’idéal, un sac Airbag. Précision glaçante du capitaine Saint-Bonet : « Enlevez un seul de ces éléments et vous perdez 50 % de chances de survie ».
« Il faut se battre »
Pour optimiser ses chances, même le matériel ne suffit pas. Reste à anticiper, et à réagir au mieux. «Enlevez les dragonnes pour ne pas être tiré vers le bas, et les leash [ndlr : lanières reliant les skis aux fixations] pour pouvoir déchausser, prévient le major Loszach. Ayez un bandana pour protéger le visage, car la neige va s’insérer par la bouche et le nez – il faut essayer de la pousser avec la langue. Et il faut se battre ! Car une fois sous l’avalanche, vous êtes comme plâtré. » Ces montagnards chevronnés le martèlent : « Les premiers secouristes, c’est vous et vos camarades. »