Et si les jeunes pouvaient conduire dès ans ?
Un rapport parlementaire, présenté hier, propose des pistes pour réformer le permis de conduire. Parmi les propositions, celle de passer le permis sans être majeur mais sous certaines conditions
Pouvoir passer son permis dès 17 ans ou durant le futur service national universel (SNU) : un rapport parlementaire remis, hier, au Premier ministre propose des pistes pour réformer le permis de conduire, examen jugé trop coûteux et long à obtenir.
Ce rapport de la députée du Gard (LREM) Françoise Dumas préconise également une réforme de l’agrément des auto-écoles, mesure dénoncée par les organisations professionnelles qui y voient une « uberisation » au profit des plateformes en ligne de mise en relation d’élèves et de moniteurs.
Devant les députés hier, Christophe Castaner a défendu un rapport qui « ne vise pas à soutenir telle ou telle catégorie ni à en pénaliser une au profit d’une autre ».
Matignon a appelé dans un communiqué à « poursuivre et élargir » le débat sur ce sujet, qui « pourra notamment être discuté dans le cadre du Grand Débat national ». « Le gouvernement entamera également un cycle d’échanges à son niveau avec les parties prenantes », notamment les responsables d’auto-écoles, avant de « se prononcer de façon complète », at-il précisé. Premier examen de France (1,51 million de candidats en 2017, 57,2 % de réussite), le permis de conduire revient régulièrement au coeur d’un débat mêlant sécurité routière et enjeux économiques. « La route est la première cause de mortalité chez les jeunes, un quart des jeunes renoncent à un emploi faute de permis, les délais – même s’ils ont été rabaissés – restent d’au moins un mois ou deux et entraînent des surcoûts, il y a de fortes disparités régionales... », énumère Françoise Dumas. « Nous voulons garantir dans le temps et sur tout le territoire une formation de qualité et accessible, en termes de coûts et de délais », résume-t-elle. Patrice Bessone, président du principal syndicat d’autoécoles (CNPA-Education routière), dénonce, lui, « un rapport qui passe totalement à côté du sujet ». « Pour avoir un permis accessible et de qualité, il faut avant tout trouver des financements », affirme-t-il, suggérant de puiser dans les recettes générées par les radars.
Encourager la conduite accompagnée
Un des leviers préconisés est d’encourager la conduite accompagnée, «qui fait l’unanimité » selon Françoise Dumas avec un taux de réussite de 74,24 % mais qui ne représente qu’un quart des permis délivrés. Pour cela, la parlementaire propose d’« expertiser l’abaissement à 17 ans de la limite d’âge pour la délivrance d’un permis B, valable uniquement sur le territoire national » pour les apprentis ayant validé ce dispositif. Aujourd’hui, un jeune qui a suivi la conduite accompagnée peut obtenir le permis à 17 ans et demi, mais ne peut conduire seul avant sa majorité. Les modalités restent encore à définir, avec notamment de possibles restrictions sur la conduite de nuit ou pour certaines routes.