Nice-Matin (Cannes)

« C’est notre maison commune »

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Dans le vif du sujet, d’entrée.

« C’est quoi l’Europe ? Personne n’est vraiment capable de nous l’expliquer, et on n’y comprend pas grand-chose », pose Raymond Sarfati.

« Durant des décennies, gauche et droite confondues ont mis le succès sur le compte de la France et les échecs sur celui de l’Europe. L’Europe, c’est nous, c’est notre maison commune, recadre Nathalie Loiseau. Il n’y a pas une décision à laquelle nous n’avons pas participé. Je suis toujours frappée par ceux qui ont un discours différent à Bruxelles et en France. Je pense par exemple au Rassemblem­ent national, qui nous dit combattre l’immigratio­n et le terrorisme… Je n’arrive pas à comprendre qu’il nous dise cela et qu’au Parlement européen, il ait voté contre le partage des listes de passagers des compagnies aériennes, qui permet de repérer plus facilement les gens dangereux. Nous sommes  millions d’hommes et femmes, cela nous permet de parler d’égal à égal avec la Chine et les Etats-Unis. Ce n’est pas au niveau national que l’on pourra tenir tête aux géants du numérique. Quand nous sommes unis, nous parvenons à imposer nos choix de vie. Mark Zuckerberg a d’ailleurs dit lui-même que ces géants avaient besoin d’être régulés, que l’Europe allait dans le bon sens. Quand  millions d’Européens décident quelque chose, ça pèse. Nous sommes le seul espace ou l’on parvient à concilier la liberté, l’esprit d’entreprise et la justice sociale. Un repas sur quatre des Restos du coeur est payé par l’Europe, il faut le savoir. Parler d’une Europe ultralibér­ale relève de la caricature. Mais vous avez raison, l’Europe a très mal su expliquer, notamment aux Anglais, ce qu’elle faisait. »

A Jacques Cappa, qui regrette une dichotomie parfois réductrice entre les populistes et un camp du progrès « arrogant, donneur de leçons », l’ancienne ministre répond : « Je suis fière d’être française et de porter des idées plus grandes que la France. A l’est de l’Europe, des population­s qui se font voler leurs rêves nous demandent de ne pas les laisser tomber. Je ne veux pas que l’Europe de  ressemble à l’Europe de . J’ai hérité de mon père, qui a été maquisard, la détestatio­n des nationalis­mes exacerbés. Je ne me bats pas contre les peuples, mais contre les nationalis­tes ; je les combats à chaque fois que je le peux. »

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