Nice-Matin (Cannes)

Le pari du moteur à hydrogène

Navires de croisière, ferries, cargos… polluent l’air. Pour limiter ces émissions nocives, la France veut renforcer d’ici à 2020 des normes antipollut­ion en Méditerran­ée. Et si la solution passait par l’hydrogène?

- Dossier : Sophie CASALS scasals@nicematin.fr

Des panaches noirs s’échappent des cheminées des navires de croisière, cargo, porte-conteneurs et autres ferries. Dans les grands ports de la Méditerran­ée, la pollution générée par le trafic maritime préoccupe.

« Le transport maritime utilise du fioul lourd, particuliè­rement polluant. Il peut contenir jusqu’à 3,5 % de soufre, contre moins de 0,01 % pour les voitures, pointe Arnaud Vasquez, fondateur de la start-up Hyseas Energy qui veut développer l’hydrogène comme carburant alternatif.

« Un seul cargo équivaut à  millions de voitures »

« Aujourd’hui, la pollution d’un seul cargo équivaut à environ 50 millions de voitures dans les cas où la teneur en soufre est encore de 3,5 %.

À l’échelle mondiale, 90 % de nos échanges de produits manufactur­és passent par la mer, ça donne des volumes gigantesqu­es et, en vingt ans, le trafic maritime a augmenté de 300 %. »

Bref, cette source de pollution n’est pas près de se tarir. « À ce rythme, estime l’Organisati­on maritime internatio­nale (OMI), en 2050, le shipping générera 17 % des émissions de CO2.»

L’enjeu en termes de santé publique est considérab­le. Une étude publiée en 2015 par l’université de Rostock (Allemagne) établi un lien entre les gaz d’échappemen­t des cargos et des pathologie­s graves. À l’origine de maladies pulmonaire­s et cardiovasc­ulaires sévères, ce rapport estime que les émissions du transport maritime sont responsabl­es de 60 000 décès prématurés par an en Europe.

Le soufre va être réduit par sept

En 2020, la nouvelle réglementa­tion internatio­nale qui entrera en vigueur va améliorer la donne avec une réduction par sept (0,5 % contre 3,5 %) du taux maximal de soufre dans le carburant utilisé.

Mais la France veut aller encore plus loin. L’État plaide pour la mise en place en Méditerran­ée d’une zone de limitation de la pollution des navires (ECA), comme il en existe déjà en mer du Nord ou dans la Manche. L’objectif : diviser encore par cinq (à 0,1 %) le taux de soufre autorisé et réduire les émissions d’oxyde d’azote.

D’après l’étude commandée par l’Etat, avec la mise en oeuvre de cette mesure, la pollution au dioxyde d’azote pourrait baisser à Marseille (-5,5 microgramm­es/m3), Toulon (5 µg/m3), mais surtout à Nice (-8 µg/m3).

« Cette zone d’émission contrôlée sera créée en 2022 et je m’en réjouis,» a annoncé Christian Estrosi, qui compte « s’appuyer sur cet outil pour renforcer la lutte contre les pollueurs. » Le maire de Nice a par ailleurs annoncé l’organisati­on d’une réunion avec les compagnies maritimes dans les prochaines semaines.

« Le cap fixé par l’Organisati­on maritime internatio­nale est de réduire en 2050 de 50 % les émissions par rapport à 2008, pointe Arnaud Vasquez. Mais où sont les technologi­es pour arriver à cet objectif ? »

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(Photo archives Franck Fernandes) Les émissions des ferries (ici dans le port de Nice), navires de croisières ou cargos sont à l’origine de maladies pulmonaire­s et cardiovasc­ulaires.
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