Nice-Matin (Cannes)

CHAMBOULTO­UT

- PHILIPPE DUPUY pdupuy@nicematin.fr PH. D.

De Eric Lavaine (France). Avec Alexandra Lamy, José Garcia, Michaël Youn. Durée :  h . Genre : comédie. Notre avis : ★★ Béatrice (Alexandra Lamy) célèbre avec les siens la sortie de son livre, dans lequel elle raconte l’accident de son mari (José Garcia) qui a bouleversé leur couple.

Véritable hymne à la vie, ce livre va pourtant déclencher un joyeux pugilat parmi leurs proches.

Même si Béatrice a changé les noms, chacun s’y reconnaît et n’apprécie pas forcément l’image que le livre lui renvoie… Décidément fidèle, Eric Lavaine retrouve pour la troisième fois Alexandra Lamy, qu’il avait fait tourner dans ses deux derniers films, Retour chez ma mère (2016) et L’Embarras du choix (2017). En attendant un probable Retour chez ma mère 2, la belle Alexandra campe donc Béatrice, dont la vie bourgeoise et tranquille va être quelque peu bouleversé­e par l’accident de son mari Frédéric (José Garcia). Rendu aveugle et privé d’une partie de ses capacités intellectu­elles, c’est devenu un véritable boulet totalement désinhibé, capable de dire les pires horreurs et obnubilé par la nourriture. Elle gère la situation avec patience et affection (ce qui ne l’empêche pas de trouver satisfacti­on dans d’autres bras) et a écrit un livre sur son expérience. Mauvaise idée : tous ses amis, qui jusque-là louaient son courage et compatissa­ient à sa situation, lui en veulent désormais de ce qu’elle a écrit sur eux !

Basé sur le témoignage d’une amie, qui a vécu ce genre de situation, le film d’Eric Lavaine oscille entre comédie, drame conjugal et film choral. Le résultat se révèle au final plutôt sympathiqu­e, grâce au charme solaire d’Alexandra Lamy et à l’abattage de José Garcia, qui s’en donne à coeur joie dans un rôle à la Vittorio Gassman (impossible de ne pas penser à Parfum de femme).

Pas toujours léger, ni extrêmemen­t subtil, Chamboulto­ut ne chambouler­a pas le paysage cinématogr­aphique français, mais reste un divertisse­ment très regardable sur des thèmes d’époque comme l’acceptatio­n du handicap, l’amour hors mariage et la médiatisat­ion de la vie privée. Pour éponger les dettes de son père, Marie de Heredia (Noémie Merlant) épouse le poète Henri de Régnier (Benjamin Lavernhe), mais c’est Pierre Louÿs (Niels Schneider) qu’elle aime, poète également, érotomane et grand voyageur. C’est avec lui qu’elle va vivre une initiation à l’amour et à l’érotisme à travers la liaison photograph­ique et littéraire qu’ils s’inventent ensemble.

Pour son premier long-métrage, Lou Jeunet ose un biopic fantasmé de Marie de Heredia, fille du poète et muse de Pierre Louÿs, érotomane notoire qui s’en servit de modèle pour ses photos érotiques.

Dans une reconstitu­tion d’époque minimalist­e, Noémie Merlant, Niels Schneider, Benjamin Lavernhe et Camélia Jordana jouent très charnellem­ent aux jeux de l’amour et du hasard. Les corps et les sentiments se mélangent dans une forme finalement très moderne, soulignée par la musique électroniq­ue d’Arnaud Rebotini ( battements par minute).

D’un érotisme chic, très littéraire, le film séduit par la fraîcheur de son casting, la maîtrise de la mise en scène et la modernité des thèmes abordés, avec une héroïne bien décidée à bousculer les codes d’une société corsetée et à affirmer sa liberté de femme.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France