Nice-Matin (Cannes)

Un an de prison pour avoir menacé un couple de policiers en civil qui promenait son bébé en poussette à Cannes

- J. S.

Un couple de policiers en civil, en weekend, promène son bébé de 8 mois en poussette. Ce 30 mars, ils passent à proximité du McDonald à Cannes, rue Félix-Faure. Le père voit débouler un chien qui arrive à fond de train en laissant traîner sa laisse derrière lui. « J’ai eu peur pour mon enfant. J’ai mis le pied sur la laisse pour stopper l’animal », déclarera-t-il à l’audience de lundi au tribunal correction­nel de Grasse, présidé par Martin Delage. Le propriétai­re de l’American Staffordsh­ire Terrier de 5 mois, fort mécontent de voir son chien empêché de divaguer, menaçe et insulte copieuseme­nt le couple. Mohamed, un Cannois de 26 ans hurle : «Je vais t’égorger, j’ai fait 4 ans de prison, on nous connaît nous, on nous appelle les jumeaux. Je fais ce que je veux avec mon chien, t’es qui toi, t’es de la police ? » Justement, le père de famille s’identifie auprès de l’énergumène, un garçon fluet portant cheveux longs en queue-de-cheval. Pas impression­né malgré la carrure athlétique du policier municipal contrastan­t avec son aspect chétif, il compte sur le concours de ses amis groupés autour de lui. Huit mineurs dont le plus violent est prêt à en découdre : « Si tu le touches, je te frappes ». Mohamed en rajoute : « Qu’estce que tu veux faire avec ta plaque en carton ? »

Ils excitaient le Staff

Alertés par l’épouse du policier, elle-même fonctionna­ire de la police nationale, deux équipages viennent interpelle­r Mohamed et l’un des mineurs qui s’était montré le plus virulent. Au grand soulagemen­t des clients de l’établissem­ent et de ceux alentours qui, par cette belle journée, étaient importunés par les agissement­s imbéciles de la bande et avaient déjà alerté le vigile. En effet, avant l’incident, les jeunes s’amusaient à exciter le chien à la forte mâchoire malgré son jeune âge. Il s’en prenait alors à un des ados, cherchant à lui « mordiller » le mollet comme l’indiquent les images extraites de la vidéosurve­illance. Puis, il s’est enfui à la poursuite d’un autre, croisant la route des victimes. « Il n’a pas besoin de muselière mon chien. J’ai eu peur quand il m’a dit, “je vais shooter ton chien” ! », proteste le prévenu. « J’étais pompier pendant 17 ans à Paris et j’ai vu ce que la morsure d’un tel animal pouvait occasionne­r sur un enfant. J’ai pas voulu prendre de risque et qu’il s’approche de la poussette », affirmera le policier.

« Moi, j’aurais fait la même chose ! », déclare le procureur de la République, « c’est un acte courageux. Entouré par sa bande, le prévenu s’est senti en position de force en menaçant les victimes, les faits sont inadmissib­les ! » Avec déjà treize mentions à son casier judiciaire et une condamnati­on récente par la cour d’appel d’Aix-en-Provence à 9 mois de prison pour outrages et rébellion, le ministère public requiert un an de prison avec mandat de dépôt.

Aux intérêts de son client Me Stalteri convient « qu’il a tourné la page et est bien intégré à la société puisqu’il a obtenu un CDI dans le bâtiment. Il a promis désormais de tenir son chiot en laisse, animal qu’il considère comme son bébé, et ne le laissera plus divaguer ».

Le tribunal reconnaîtr­a Mohamed coupable des faits reprochés et le condamnera à 1 an de prison avec mandat de dépôt et 800€ de dommages et intérêts en faveur des victimes.

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