Nice-Matin (Cannes)

« Tu te sentais porté ! »

Mustapha El Haddaoui, brillant milieu offensif du Gym (88-90), recevra le trophée de l’ancien Aiglon dimanche avant Nice-Montpellie­r. L’occasion d’évoquer quelques beaux souvenirs du Ray

- FRANÇOIS PATURLE

La frappe, la vitesse, la technique, il avait tout, Mustapha El Haddaoui. Nous étions en 1988, l’idole du chaudron stéphanois (les Verts restaient sur très belle saison, 4es) débarquait à Nice. Premier joueur marocain de l’histoire à avoir disputé deux Coupes du monde (1986 et 1994), ‘Mouss la foudre’’, son surnom, marqua le Gym de son talent durant 2 saisons (8890), avant de partir sous d’autres cieux à la 3e, lorsque Jean Fernandez arriva aux commandes. Si la tignasse, aujourd’hui, est plus rangée, la passion coule toujours dans les veines. C’est avec bonheur que nous avons retrouvé hier Mustapha El Haddaoui, 57 ans, au centre d’entraîneme­nt du Gym. Devenu président du syndicat des joueurs marocains (UMFP), membre de la Ligue nationale profession­nelle du Maroc, il a retrouvé le Gym cette semaine en observateu­r, en train de boucler son mémoire pour le diplôme d’entraîneur-manager de haut niveau au pays de l’Atlas.

Votre arrivée à Nice, en  ?

J’avais débuté la saison à l’entraîneme­nt avec les Verts. Je ne me voyais pas du tout partir, d’autant qu’il me restait  ans de contrat. A la fin du e entraîneme­nt, une dame âgée, fidèle supportric­e, avait la mine triste. ‘’Alors, Mouss, tu vas nous quitter ?’’. Je n’étais pas au courant… Elle m’a tendu le journal, l’Equipe, c’était marqué : « El Haddaoui en partance vers Nice ». En fait, les présidents Innocentin­i (Nice) et André Laurent (ASSSE) s’étaient mis d’accord pour un transfert. Je suis allé trouver Robert Herbin dans son bureau. Il m’adit: « J’aurais voulu te garder, mais le président a décidé ». J’ai eu ensuite le président Innocentin­i au téléphone. Le coach Bjekovic me voulait absolument, Nice voulait monter une grosse équipe pour l’Europe, il y avait un beau projet. Et il a su vanter les mérites de la Côte d’Azur pour convaincre mon épouse ! J’ai signé  ans au Gym.

Cette saison / avec le Gym ?

Des joueurs extraordin­aires, Bravo, Rohr, Ricort, Bocandé, Marsiglia, Guérit, Langers... les “Yougos”, Djelmas, Kurbos, Elsner... On avait fini e, on avait des problèmes de régularité et on était moins performant­s à l’extérieur. C’est un petit regret, je pense qu’on avait l’équipe pour gagner un titre. La saison suivante, on a connu des départs, c’était compliqué, on se sauve lors de ce barrage contre Strasbourg qui reste mon plus beau souvenir à Nice (-, - au retour à) Nice). Dans le vestiaire, avant le retour au Ray, on était comme une armada. On était certains qu’on allait les manger ! Il y a eu ce soir là une communion avec le public comme on en voit rarement…

Vous aviez manqué les  premiers mois, cette saison-là ?

Oui. Charly, le taxi du club, me l’avait dit : l’appartemen­t que j’habitais, à l’Arcadia, boulevard Napoléon-III, était l’endroit maudit. Tous les joueurs qui avaient logé là s’étaient retrouvés blessés. En tout début de saison, j’avais ressenti une douleur (il montre sa cheville, ndlr). Une fissure. Au bout de  semaines de soins avec le kiné Philippe Boulon, j’étais presque guéri. Et là, en rentrant chez moi, je glisse sur le trottoir. Fracture ! J’étais démoralisé, j’étais retourné un peu au Maroc pour me reposer. Heureuseme­nt, j’étais bien revenu ensuite.

LeRay?

Aussi fort que le chaudron vert et Bollaert à Lens… C’était chaud, intense. Tu te sentais porté. Tu avais envie de faire plaisir. Le public savait aussi mettre la pression. Il fallait se donner à fond. En revenant ici, j’ai été frappé par les nouvelles installati­ons au Centre d’entraîneme­nt. CharlesEhr­mann, ce n’était pas le même confort. On y était bien quand même. Le club a grandi, avec ce mélange d’ambition et de sagesse.

Du Gym de votre époque, le joueur le plus doué ?

Daniel Bravo, oui, il respirait le foot.

Le plus adroit ?

Roby Langers, sur un nuage !

Le plus fort ?

Jules (Bocandé). La classe. Il pesait tellement sur un match. Normalemen­t, ce sont les attaquants qui finissent un match fatigué. Avec lui, on voyait les défenseurs épuisés à la fin.

Le plus inépuisabl­e ?

Monsieur  pompes, Eric Guérit !

Le plus dur sur l’homme ?

Jean-Philippe Rohr. Pas méchant, mais rigoureux. Et bon aussi techniquem­ent.

Le plus drôle dans le vestiaire ?

Roger Ricort, du caractère et une belle patte gauche.

Cette équipe de Patrick Vieira, aujourd’hui ?

Vieira coach a appris en Angleterre, aux USA et à Nice il montre qu’il est dans le camp des grands entraîneur­s. Il possède non seulement la science du foot, il est respecté au vu de tout ce qu’il a accompli, mais le plus important je pense c’est le don qu’il a pour faire passer son message. On voit qu’il sait parfaiteme­nt parler aux jeunes joueurs d’aujourd’hui, il faut savoir les accompagne­r, les orienter, avec autorité bien sûr, mais sans vouloir jouer les grands maîtres. Nice a une vraie équipe, soudée, je regarde la plupart de leurs matches et moi je suis convaincu qu’ils peuvent aller chercher l’Europe. Je dirais aussi un mot au sujet de Lucien Favre.. Il jouait au Servette quand j’étais à Lausanne. Un pied gauche exceptionn­el, il avait fini meilleur buteur du championna­t.

Votre joueur préféré dans ce Nice - ?

Allan Maximin. S’il avait joué avec moi à l’époque, il aurait mis  buts ! Il fait tellement d’appels, il va tellement vite, j’adore. Je citerais aussi Dante, car une équipe a besoin de joueurs comme lui pour marcher.

Votre plus beau souvenir d’internatio­nal ?

La Coupe du monde  au Mexique… Avec le Maroc, on était dans le groupe de la mort. La Pologne de Boniek, l’Angleterre de Lineker et Hoddle, le Portugal de Fernando Gomes. On s’était qualifiés premiers du groupe en battant le Portugal - au dernier match. La première équipe du Maghreb à se qualifier pour les /es.. On avait perdu - contre l’Allemagne en /es. Un coup-franc de Matthaus à deux minutes de la fin. Notre mur était mal placé.

La famille El Haddaoui ?

Avec Amel,  ans de mariage ! Nos  garçons : Nassim, l’aîné ( ans), fait partie des tout meilleurs joueurs de Beach Soccer, Anas ( ans), Sami ( ans) font des belles études, Amir ( ans) est gardien de but au Raja Casablanca. Internatio­nal olympique, il a signé son er contrat pro. Son entraîneur des goals est Gilles Morisseau, l’exportier du Gym.

 ??  ?? Mustapha El Haddaoui, le coeur rouge et noir, sera au café des Aiglons à la rencontre des supporters à partir de h dimanche. (Photo OGC Nice Médias)
Mustapha El Haddaoui, le coeur rouge et noir, sera au café des Aiglons à la rencontre des supporters à partir de h dimanche. (Photo OGC Nice Médias)
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