Nice-Matin (Cannes)

OPEN MOURATOGLO­U À SOPHIA ANTIPOLIS « Un super tremplin »

Alors que le tournoi challenger franchit un palier, Patrick Mouratoglo­u ne veut pas se précipiter et savoure les progrès en pensant à la suite. Et garde un regard aiguisé sur le tennis

- VIVIEN SEILLER

Les étiquettes de Patrick Mouratoglo­u sont nombreuses. Mais cette semaine, l’entraîneur de l’Américaine Serena Williams est entièremen­t plongé dans la deuxième édition de « l’Open Mouratoglo­u », tournoi organisé à l’académie éponyme de Sophia Antipolis dont il est le créateur. Même si la pluie est venue perturber la journée d’hier, le natif de Neuillysur-Seine se félicite de la qualité des joueurs présents et du « tremplin » que peut représente­r ce tournoi challenger pour les jeunes espoirs. En grand profession­nel, Patrick Mouratoglo­u porte également un regard pointu sur l’actualité du tennis mondial... et ses dérives. Éclairant.

Le tournoi est lancé depuis lundi.

Les premiers retours ?

Mon retour se fait en fonction des spectateur­s, des sponsors et des joueurs. Il n’y a pas de tournoi et de réussite sans public. Les spectateur­s sont ravis parce qu’on a ajouté un côté show donc il y a plusieurs portes d’entrée possible. Je n’ai eu que des bons retours de la part des sponsors. Il y a un vrai dynamisme. Les joueurs sont reçus dans des conditions qui sont assez rares sur le circuit. On fait tout pour que tout le monde soit ravi, la réussite d’un tournoi c’est du long terme.

Le joli plateau doit être vu comme une forme de progressio­n ?

Oui, c’est très important. On sait qu’on a un tableau digne d’un ATP . C’est une vraie récompense, ça veut dire que c’est déjà une référence pour les joueurs. Il y a des joueurs confirmés, des jeunes qui sont des futures stars, des Français et notamment des régionaux comme Elliot Benchetrit qui est Niçois...

Le tournoi doit passer en ATP  pour franchir un palier ?

Je pense qu’il ne faut pas s’emballer. On est là pour des années voire des décennies, on va construire année après année, consolider ce qu’on a fait de bien et améliorer ce qu’on peut améliorer. d’ennuis physiques récemment. On est en train de faire le tour pour comprendre tout ce qu’il s’est passé mais la motivation est là. Son niveau de jeu n’était pas si mal l’an passé, elle a fait deux finales de Grand Chelem alors qu’elle revenait de grossesse. C’était très encouragea­nt mais il va falloir que ses problèmes physiques soient résolus pour qu’elle puisse s’entraîner correcteme­nt.

Où en est la relève du tennis français ?

Je suis positif et négatif. Je suis négatif parce que le réservoir n’est pas énorme. Lucas (Pouille) est un peu esseulé, il a beaucoup de pression sur les épaules. Je suis optimiste parce que Gaël (Monfils) rejoue incroyable­ment bien, parce qu’il y a un ou deux jeunes qui arrivent comme Corentin Moutet et Ugo Humbert qui jouent très bien et parce que le président de la fédération a insufflé un état d’esprit très différent.

Il a vraiment fait bouger les lignes avec une politique volontaris­te et ambitieuse.

Je pense que ça va payer mais il va falloir être patient parce qu’ils ont tout repris à la base.

La réforme de la Coupe Davis fait beaucoup parler. Qu’en pensez-vous ?

Je suis un fervent partisan de faire bouger les lignes au niveau internatio­nal, le tennis doit rentrer dans une ère moderne. C’est un sport trop conservate­ur, il ne bouge pas. Mais il faut faire les bonnes réformes, il ne faut pas effacer le passé mais apporter de la modernité au tennis. Il ne faut pas le dénaturer. Ce qui a été fait avec la Coupe Davis dénature la compétitio­n, c’est triste. La réforme qui a été faite sur les tournois ITF est une

() catastroph­e absolue, elle va encourager ce qu’on veut éradiquer à savoir les paris truqués, ça va mettre encore plus en difficulté les joueurs qui n’ont pas d’argent. Demain s’il n’y a plus de compétitio­ns entre  et  à l’ATP il n’y a plus personne à haut niveau, c’est une catastroph­e. Ce n’est pas normal qu’un joueur classé e mondial n’arrive pas à boucler ses fins de mois. Tout est à revoir. L’ITF a pris de très mauvaises décisions récemment. Les réformes doivent avoir du sens. Il y a un virage très rapide à prendre.

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(Photo Eric Ottino)

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