Nice-Matin (Cannes)

Cannes : carré de stars pour les Lions

Le festival mondial de la créativité, Cannes Lions 2019, recevait hier Alfonso Cuaron, Laura Dern, Natasha Lyonne et Jean-Michel Jarre...

- PHILIPPE DUPUY

Cannes Lions serait-il en train de devenir un « after » du Festival du film et du MipTV ? La Croisette avait des airs d’Hollywood-sur-mer, hier, puisque le festival mondial de la créativité (lire : publicité) recevait un carré de stars du 7e art et de la musique venus parler de leur travail, en lien avec les marques clientes des grandes agences invitantes.

C’est ainsi que le réalisateu­r mexicain Alfonso Cuaron (Gravity, Roma) a ouvert le bal pour W + K sur le thème de l’art engagé. La sortie de Roma aux États-Unis a, en effet, inspiré un vaste mouvement pour la reconnaiss­ance des droits des employés de maison qui sont très souvent exploités et ne bénéficien­t d’aucune couverture sociale. Le réalisateu­r, qui s’est basé sur des

souvenirs familiaux pour raconter l’histoire d’une domestique mexicaine dans les années 1970, a expliqué avoir senti dès les premières projection­s que le sujet touchait une corde sensible. Il s’est donc mis en rapport avec Participan­t Media ,une agence spécialisé­e dans l’accompagne­ment de projets culturels à vocation sociale, pour voir comment la promotion du film pourrait servir à mettre en lumière la situation des employés de maison dans les différents pays où il sortirait. « On ne pensait pas aller jusqu’aux Oscars et on est restés discrets sur la démarche au début, raconte Alfonso Cuaron. Mais après le Lion d’or à Venise, c’est devenu évident que le film aurait un impact social. Même si je n’y avais pas pensé en le faisant, il y a eu un “effet Roma”. Je ne peux que m’en réjouir ».

Femmes, femmes, femmes...

Engagée elle aussi, mais pour la cause des femmes, la réalisatri­ce de séries Natasha Lyonne (Orange is the New Black, Russian Doll) n’a pas mâché ses mots dans le forum consacré à la place des femmes dans l’industrie du cinéma et de l’audiovisue­l : « Alors que le mouvement MeToo a enfin libéré la parole à Hollywood, on assiste aux États-Unis à une régression des droits des femmes, notamment sur l’avortement. C’est la preuve qu’il ne faut jamais baisser la garde », note-t-elle les mâchoires serrées de colère.

Plus détendue et souriante, l’actrice Laura Dern qui triomphe actuelleme­nt sur HBO dans la série « girlie » Big Little Lies a tout de même fait remarquer qu’alors qu’elle fait ce métier depuis l’âge de 11 ans, c’est la première fois qu’elle se retrouve entourée presque uniquement de partenaire­s féminines : « Il a fallu tout ce temps pour qu’on s’aperçoive qu’on pouvait faire un succès mondial avec des histoires de femmes ». Jean-Michel Jarre, lui était venu pour parler du jingle qu’il a composé pour HSBC. Après avoir travaillé son identité visuelle en changeant de logo, la banque cherchait à développer une « identité sonore ». « Étonnammen­t, c’est la première fois qu’on me demandait cela et l’idée venait d’une femme confie-t-il. J’ai travaillé comme pour une musique de film, en m’inspirant des visuels et de l’histoire d’HSBC. L’avantage, par rapport à un disque ou une BO (bande originale), c’est que c’est une matière évolutive. À partir du thème original, on peut varier et développer à volonté, selon l’environnem­ent ou le support sur lequel il est diffusé ». Le compositeu­r a ainsi conçu une demi-douzaine d’arrangemen­ts différents du thème musical : techno, electro, pop, orchestral, intimiste… « Comme ça quand les voyageurs de l’aéroport de Singapour, où HSBC est partout, auront fini de traverser les halls avec le jingle en fond sonore, ils n’auront pas tous envie de me tuer ! » s’amuse-t-il. Aujourd’hui Cannes Lions reçoit Tom Odell, John Legend et Jeffrey Katzenberg.

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(Photos N.-M.) Jean-Michel Jarre a composé une « identité sonore » pour la banque HSBC.

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