Nice-Matin (Cannes)

Du velours pour Dujardin

- PHILIPPE DUPUY pdupuy@nicematin.fr

L’histoire

Georges (Jean Dujardin), quarante-quatre ans, vient de se faire larguer. À la rue, il investit tout ce qui lui reste (7 000 euros) dans l’achat d’une veste en daim d’occasion. Dès lors, le daim devient son obsession et sa raison de vivre. Avec le caméscope que lui offert le vendeur en cadeau, il commence à se filmer avec son blouson et se fait passer pour un cinéaste en repérage auprès de Denise (Adèle Haenel), la réceptionn­iste cinéphile de l’hôtel où il est descendu et qu’il ne peut, évidemment, pas payer...

Notre avis

Après Benoît Poelvoorde (Au Poste !), Quentin Dupieux débauche Jean Dujardin pour son deuxième film « français ». Jusqu’ici le réalisateu­r, plus connu dans le monde de la musique sous le pseudo de Mr Oizo, tournait ses films aux États-Unis avec quelques acteurs français (Eric Judor, Alain Chabat) mais surtout américains. C’est d’ailleurs à l’un d’eux qu’il destinait le rôle de Georges, avant de décider de rentrer en France et de le confier à Jean Dujardin.

Après Bertrand Blier (Le Bruit des glaçons) et le duo Kervern-Delepine (I Feel Good), Dujardin poursuit son immersion dans le cinéma d’auteur(s) avec cette comédie surréalist­e, dans laquelle il joue un paumé dont l’esprit est peu à peu possédé par un blouson « daim-onique ».

Pour l’occasion, l’acteur s’est fait un look à la Jean Yanne, raccord avec l’image très seventies du film. Et il s’est fondu dans le personnage, façon Actor’s Studio : « La fuite, l’obsession, la solitude masculine, ça me parlait, confie-t-il. On est tous un peu givrés, non ? ». Même son réalisateu­r a été étonné de son implicatio­n : « J’avais de grands doutes sur les scènes de conversati­on avec le blouson. Si on n’y croyait pas, j’aurais laissé tombé. Jean s’est glissé dedans comme un musicien de free-jazz ». Adèle Haenel, qui lui donne la réplique, est aussi formidable en réceptionn­iste d’hôtel cinéphile , passionnée et naïve. Comme Bérénice Bejo dans The Artist, le charme du film lui doit beaucoup.

Présenté en ouverture de la Quinzaine des réalisateu­rs à Cannes, Le Daim a été très bien accueilli par la critique. On espère que la présence de Jean Dujardin à l’affiche permettra au grand public de découvrir et d’apprécier l’univers et l’humour particulie­rs de Quentin Dupieux. Le Daim est, sans conteste, un de ses meilleurs films.

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