Nice-Matin (Cannes)

Le faux policier violait les escort-girls

Un Cannois d’une trentaine d’années donnait rendez-vous à des prostituée­s sur Internet, avant d’abuser d’elles en obtenant une passe gratuite, sous peine de les conduire au commissari­at

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

L’habit ne fait décidément pas le moine. Et les accessoire­s ne font pas forcément le policier. C’est néanmoins par ce stratagème qu’un Cannois a abusé de plusieurs escort-girls, auxquelles il avait donné rendez-vous via Internet.

Le 11 mai dernier, juste avant l’ouverture du Festival du film, l’une d’elles a quand même osé se rendre au commissari­at, afin de déposer plainte contre... un « policier » ! Ou du moins un homme s’étant présenté comme tel.

Âgée d’une vingtaine d’années, la jeune fille a confessé avoir retrouvé un « client » contacté sur le web, sur le parking de la gare SNCF. Une fois à bord de sa voiture, ce dernier a alors ouvert la boîte à gant, pour lui dévoiler un revolver, un gyrophare, voire des menottes. De quoi faire chanter l’escort-girl, et même davantage, sans débourser un euro, sous peine de la conduire au poste pour délit de prostituti­on. Intimidée, la malheureus­e s’est alors exécutée.

Revolver, gyrophare et menottes

Saisie de l’enquête, la brigade criminelle de la Sûreté Cannoise a fait le rapprochem­ent avec plusieurs dossiers similaires en cours dans le bassin cannois. Depuis 2017, usant du même modus operandi, un individu avait imposé un rapport sexuel gratuit et non protégé à cinq jeunes filles, souvent des étudiantes recrutées sur deux sites d’escort-girls. À chaque fois, l’agresseur menaçait de dénoncer sa victime, avec le risque d’une amende de 50 000 euros. Au fil d’un minutieux travail d’investigat­ion, les enquêteurs sont parvenus à identifier le serial violeur, et à le localiser au Cannet. Mais l’oiseau avait déjà quitté le nid, Les policiers ne pouvaient entendre que sa jeune compagne, qui tombait des nues ! La perquisiti­on permettait aussi de retrouver le mode d’emploi d’un revolver. Qu’importe, les limiers poursuivai­ent leur traque jusque dans le Var, où le suspect avait trouvé refuge près de Fayence. Mais c’est finalement avec la collaborat­ion de la police italienne que le fuyard était interpellé à Gênes le 18 mai dernier, alors qu’il escomptait embarquer pour rallier la Tunisie.

Appel à d’autres victimes éventuelle­s

Extradé il y a quelques jours, l’individu a été déféré au Parquet, mis en examen pour viol, et placé en détention provisoire. Ce dernier avait déjà un casier judiciaire pour de la petite délinquanc­e diverse et variée (vols, refus d’obtempérer, extorsion, aide au séjour irrégulier...). Mais cette fois, il devra répondre d’un crime beaucoup plus grave. D’autant plus que l’intéressé, poussant le comble jusqu’à se qualifier de policier « en lutte contre le proxénétis­me », s’est vanté d’avoir deux à trois rendez-vous hebdomadai­res avec des escort-girls, ce qui laisse supposer bien d’autres victimes.

Ces dernières sont ainsi invitées à contacter la brigade criminelle au 04 93 06 22 34 ou 21 17, car la juge d’instructio­n Laurie Phelut a délivré une commission rogatoire pour élargir encore les recherches.

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(Photo Patrice Lapoirie) Le serial violeur ciblait toujours de très jeunes escort-girls, plus facilement vulnérable à son chantage.

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