Comment « l’affaire Paul Bismuth » a démarré à Nice
Nice, le 4 mars 2014 à l’aube. Me Thierry Herzog reçoit la visite inopinée de la police judiciaire dans son appartement, à l’entrée de la vieille ville, à deux pas de la Prom’. Ordinateurs, téléphones... Les enquêteurs recherchent des traces échanges compromettants entre l’avocat et son plus célèbre client et ami, Nicolas Sarkozy. « L’affaire Paul Bismuth » en est à ses prémices.
Le même jour, les limiers de l’office central de la lutte anticorruption perquisitionnent aussi à Paris (toujours chez Me Herzog, mais à son cabinet cette fois), ou à Bordeaux, chez le haut magistrat Gilbert Azibert. A Nice, les policiers s’offrent un mini détour par la zone piétonne. Direction une boutique de téléphonie, rue Masséna, où Thierry Herzog s’est rendu quelques semaines plus tôt. C’est là, au coeur du Nice touristique, qu’il a discrètement acquis deux smartphones. Avec deux puces dédiées.
Ce sont donc ces « TOC », ces « balourds », comme les surnomme la police, qui ont permis à l’ex-président et son fidèle conseil de converser loin des grandes oreilles de la justice. Du moins le croyaient-ils. Le 22 février 2014, un appel « borne » près de la résidence du Cap Nègre où réside Nicolas Sarkozy. Ce bref échange varois confirme aux magistrats l’existence d’une ligne téléphonique occulte, établie au nom fictif de « Paul Bismuth ». L’affaire mettra en fureur le vrai Paul Bismuth, promoteur immobilier à Tel-Aviv. L’histoire judiciaire, elle, retiendra que la Côte d’Azur, bastion sarkozyste réputé, a enfanté une affaire fort embarrassante pour son ancien champion. Comme nous le révélions alors, c’est à vingt kilomètres de là, à Monaco, que le tandem Sarkozy-Herzog aurait fait miroiter un poste prestigieux à Gilbert Azibert. On connaît la suite.