Scepticisme
L’essor du football féminin à la fin des années s’accompagne d’une vague de scepticisme. « La femme est-elle aussi apte que les hommes à jouer au football ? », « Sont-elles davantage exposées aux blessures ? », « Les amortis de la poitrine peuvent-ils créer des troubles des glandes mammaires », autant de questions posées par les médias aux médecins. Ces doutes poussent même l’archevêque de Strasbourg à faire annuler un match. Des articles fleurissent et expliquent que les footballeuses ne sont ni « des monstres » ,nides « laiderons musclés et virils ».
Aux sceptiques, Pierre Geoffroy, l’entraîneur rémois, répondait :
« Notre histoire, c’est celle d’une farce qui a manqué son but (...). Dès que j’ai vu ces filles arriver après la parution de ma petite annonce, j’ai compris que l’on ne pourrait pas tourner le match à la rigolade, comme prévu (...). Nous nous imposerons, même s’il faut pour cela pécher par excès de sérieux. Si nous voulons faire admettre au public le sérieux de ces filles, il nous faudra lutter contre tout laisser-aller (...). Elles sont femmes, c’est entendu, mais pourquoi s’en moqueraiton ? (...). J’affirme qu’il y a bon nombre de sports plus violents. »
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Des rock-stars
Pierre Geoffroy et Richard Gaud jouent également les paratonnerres et les Rémoises, véritables attractions, sont alors demandées aux quatre coins du monde, telles des rock-stars. Maud
Bessi fera partie de l’aventure jusqu’en 1973, année où la milieu se retire pour se consacrer à sa carrière de professeure d’économie puis d’histoire. Quelques années avant de donner naissance à son fils unique, Olivier, la trentaine aujourd’hui. La Niçoise d’adoption laisse encore ses souvenirs gambader.
« On a été jouer en Tchécoslovaquie en bus, en juillet 1969. Mais comme on n’avait pas d’argent pour le payer, on avait passé une annonce dans le journal pour que des personnes puissent nous accompagner. Le début du co-voiturage ? C’était un peu ça (rire). En octobre, on avait participé à Turin à une Coupe d’Europe officieuse. Le terrain paraissait immense (rire) .On avait écumé les marchands de souvenirs pour acheter des écussons France et les coudre sur nos maillots (photo ci-dessus). C’est à partir de là qu’on a commencé à avoir des articles dans L’Equipe, France Football, Le Monde… »
Suivront des tournées au Canada, aux Etats-Unis et en Indonésie. « Je n’ai pas joué en équipe de France (lancée en 1971), achève la pionnière, mais le seul regret que je peux avoir, c’est de m’être arrêtée en 1973, un an avant le retour du championnat de France. »
Une légère amertume chassée par les retrouvailles avec ses anciennes partenaires, organisées en marge de France - Norvège. Quarante-cinq ans après s’être perdues de vue…