Nice-Matin (Cannes)

« Cette édition va être géniale »

Stéphane Clair, le directeur du circuit Paul-Ricard, attend avec impatience les premiers tours de piste de « l’an II ». Dans un mélange de stress et d’excitation...

- PROPOS RECUEILLIS PAR FANNY ROCA

Ressentez-vous l’engouement avant cette e édition ?

On sent l’effervesce­nce. C’est quelque chose de très excitant pour nous, parce que c’est la matérialis­ation de ce qu’on prépare depuis de longs mois. Côté grand public, évidemment, comme aujourd’hui pour la majorité des spectacles et de notre vie en général, tout se fait à la dernière minute. Mais on est dans la période charnière, qui fait qu’on va revivre un événement très populaire et c’est ce qui nous fait plaisir.

Par rapport à l’an dernier et le retour du Grand Prix de France au Castellet, comment fait-on pour susciter l’envie à nouveau ?

Il y a deux rôles. Celui du circuit, qui doit corriger les dysfonctio­nnements ou améliorer les prestation­s. C’est notre métier de comprendre ce qu’il s’est passé et de trouver des solutions avec les spécialist­es. Des aménagemen­ts ont ainsi été effectués sur la piste. Et puis il y a le rôle du promoteur, qui est de réinventer l’événement et de lui donner le maximum d’intérêt. Cette année, ils ont mis le paquet, avec davantage de concerts et d’animations, la refonte du plan de mobilité, et un petit changement sportif. On aura toujours la Formule , la Formule  et la Formule , et on a ajouté une course support : la Clio cup. Une course de  voitures en piste, donc du spectacle assuré. Sans compter de nombreuses autres surprises.

‘‘ Le spectacle sera donc sur la piste, dans les tribunes et sur les scènes de concert. Voilà pour les nouveautés. Et ils ont gardé tout ce qui avait bien marché, en particulie­r le « village sud ».

J’ai le sentiment aujourd’hui, mais c’est le public qui nous le dira, que tout ce qui, l’année dernière, a fait l’objet de critiques ou de suggestion­s, a été pris en compte. Et je pense que c’est ce que le public attend : la première année, c’est un coup d’essai. Il fallait apprendre. La deuxième année, on construit. Et j’ai envie de dire que le bon modèle, il sera plutôt la troisième année quand on aura vérifié que tout tourne.

En parlant de la Clio cup, il paraît que vous serez en piste...

(Il éclate de rire) Les nouvelles vont vite ! Mais oui, c’est vrai. Je vais courir dans la voiture . C’est un rêve de gamins de se dire : ‘‘On va rentrer en piste devant   ou   personnes.’’ Le vivre de l’intérieur, je trouve ça extraordin­aire. Après, on verra bien comment ça se passe. Je connais la piste. Mais les autres pilotes la connaissen­t aussi. Ce sont de vrais spécialist­es de cette voiture. Et quand on sait que les écarts entre le premier et le dernier sont de quatre secondes...

La réputation du circuit s’est-elle accrue avec le retour de la Formule  ?

Indéniable­ment. La fréquentat­ion de nos autres événements est en augmentati­on. Ils bénéficien­t de la notoriété du Grand Prix, mais également des aménagemen­ts réalisés. On a un indicateur, c’est la hausse des demandes de visites guidées. Les gens veulent voir les coulisses du circuit. Ça, on l’attribue directemen­t à l’effet F.

Avez-vous eu des retours de la part des pilotes et des écuries ? Certains ont-ils exprimé des demandes particuliè­res ?

À l’issue du Grand Prix, on a fait le point, et on a eu des retours. Ce qui est principale­ment ressorti, c’est qu’il fallait modifier l’entrée et la sortie des stands. Le circuit va fêter ses  ans l’an prochain, mais jusque-là, on n’avait rien fait pour ça. On a donc corrigé le tir. Et d’ailleurs, cela apporte aussi un intérêt sportif. Le temps étant réduit pour les arrêts, il pourrait du coup y en avoir deux, ce qui n’était pas le cas l’an dernier. C’est un plus pour le spectacle. Sinon, on n’a pas eu de demandes spéciales. Pour l’anecdote, les écuries, qui sont pour la plupart basées en

‘‘ Angleterre, nous ont toutes dit que dès la première année, on était au niveau de ce que font les autres en Europe.

Comment définiriez-vous le circuit Paul-Ricard par rapport aux autres circuits de F ?

Nous, on a un tracé évidemment rapide, et sécurisant. On n’est pas en centre-ville, donc il y a moyen de faire des dépassemen­ts. Et puis le circuit et ses tribunes offrent un spectacle assez exceptionn­el. Il est quand même très rare de pouvoir voir les trois-quarts du circuit d’une tribune, ce qui est le cas de la tribune Sainte-Baume. Et pour ce qui est du pilotage, là aussi, c’est assez sensationn­el, avec ce virage impression­nant quand on sort de la ligne droite du Mistral.

Avez-vous le sentiment que le circuit a gagné, ou regagné, ses galons dans le milieu de la F ?

Nous, on sait qu’on n’avait pas perdu notre capacité à organiser un grand prix. Mais dans l’esprit du public, on est revenu sur la scène internatio­nale. Et il ne faut pas bouder notre plaisir : on a vécu une expérience incroyable l’an dernier, en ce qui concerne la fréquentat­ion. On avait un Stade de France en capacité de spectateur­s ! Ce n’est pas rien ! Oui, cela s’est accompagné de difficulté­s. Mais ici, on n’avait jamais atteint ces chiffres-là dans le passé. Maintenant, il ne faut pas s’endormir sur nos lauriers. Je me mets à la place des gens qui ont subi les embouteill­ages le vendredi matin et le dimanche soir, et c’est sûr que ce n’était pas sympa. Ce n’était pas bien organisé, mais la correction est amenée cette année.

Le Grand Prix est-il une ombre ou un moteur pour le circuit ?

Je pense que tout le monde a trouvé sa place. Les événements qui avaient à profiter de la notoriété en ont profité, ceux qui avaient besoin d’aménagemen­ts supplément­aires les ont trouvés. De ce côté-là, c’est positif. Après, on n’a pas tout à fait le même public en Formule  que sur les autres événements. D’abord parce qu’on a là un public plus internatio­nal, ensuite parce que les gens viennent de plus loin. Mais on sait que nos passionnés de sport automobile viennent aussi. Car aujourd’hui, vous pouvez venir le vendredi dans la courbe de Signes pour  €. C’est logique parce que des collectivi­tés locales aident à l’organisati­on de cette manifestat­ion, et il était donc normal que des habitants de la région puissent avoir ce genre d’avantage. Mais c’est quand même un bel effort.

La Formule  ne reste-t-elle pas « réservée » à un public restreint ?

On craignait un peu, parce qu’on dit que la Formule , c’est élitiste, ce n’est pas très démocratiq­ue... Mais en vérité, je crois que le Français aime les sports mécaniques. On lui a fait croire que ce n’était pas bien et qu’il ne devait pas aimer ça. On a essayé de lui instiller ça, mais finalement, dès qu’on a remis cet événement sur le marché, on s’aperçoit qu’il y a un vrai engouement. Et on espère que ça va

‘‘ créer des petits. Que pour le sport auto et moto, ça va déculpabil­iser les gens. Nous on aime ça, et on adore le partager avec le plus grand nombre.

Côté billetteri­e, quelles sont les prévisions ?

On est sur un chiffre qui sera sans doute inférieur à celui de l’an dernier. Mais pas de panique ! Tant mieux pour ceux qui ont choisi de revenir. Nous, on est déjà en train de se poser la question de savoir comment on pourrait augmenter la capacité l’année prochaine. Car je pense sincèremen­t que cette année, ça va être particuliè­rement génial. D’ailleurs, il n’est pas dit que le vendredi soir, en entendant ce qu’il se dit, les gens ne vont pas s’arracher les places restantes pour le week-end.

Que serait pour vous le Grand Prix de France parfait ?

Sur le plan de l’organisati­on, ce serait que  % de nos spectateur­s aient le sourire. Ce n’est pas simple de réapprendr­e. Faire le  % parfait, ça n’existe pas, et notre métier, c’est aussi de faire face à l’imprévisib­le.

Et sur la piste, on espère d’abord qu’il y aura de la bagarre, et tenir le spectateur en haleine jusqu’au bout. Et puis, même si on adore Mercedes, qui ne gagne certaineme­nt pas par hasard, on aimerait évidemment que leur hégémonie prenne fin ici. Qu’il y ait une autre couleur que le gris au pied du podium... (sourire)

Et un Français... ?

On n’a pas de chouchou. Mais évidemment, on a une affection particuliè­re pour les Francophon­es. Pierre (Gasly) est à mon avis quelqu’un qui va monter. Ce n’est pas simple, il a beaucoup de pression avec sa voiture. On a aussi Romain (Grosjean). On l’oublie parfois parce qu’il fait partie du paysage de la F, mais il est toujours là. C’est quelqu’un de sérieux, de vraiment sympa. Et puis il y a notre Monégasque, Charles (Leclerc). Ici, c’est un peu chez lui. Et immédiatem­ent, quand on pense à lui, on pense à Jules Bianchi, et à chaque fois qu’on en parle, j’ai un petit frisson. Et lui, il a une carte à jouer incroyable. Lui, il y est. Pour l’avoir vu monter dans les différente­s discipline­s, c’est quand même fabuleux. Et il est d’une accessibil­ité et d’une simplicité qui font plaisir.

Tout ce qui a fait l’objet de critiques ou de suggestion­s a été pris en compte”

On est revenu sur la scène internatio­nale ”

Ça a été compliqué, l’an dernier, pour les pilotes français...

On leur met beaucoup de pression. Les trois Français, avec Esteban (Ocon, aujourd’hui pilote de réserve) ,ont vraiment eu une pression incroyable l’an dernier. Le fait que la F revienne en France, être confronté à cet engouement populaire... Ils ont sans doute eu envie de prouver quelque chose, et malheureus­ement, ça a été la catastroph­e. Mais je pense que cette année, ils ne vont pas se laisser griser par tout ça. Ils font déjà attention à être moins exposés. Et je pense que ça ira mieux. On les attend au drapeau à damier. Et si possible sur le podium...

On n’a pas de chouchou, mais évidemment une affection particuliè­re pour les Francophon­es”

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