Nice-Matin (Cannes)

Eze : ainsi parlait Obama

Barack Obama s’est montré à Èze hier. L’ancien président des États-Unis s’est offert une belle randonnée, rejoint à la Chèvre d’Or par sa famille en présence de l’ami Bono, chanteur de U2

- FRANCK LECLERC fleclerc@matin.fr

Des moments comme celui-là ont le talent de réconcilie­r avec un métier parfois injustemen­t malmené. La visite de Barack Obama, hier à Èze, aura été d’autant plus savoureuse que l’informatio­n avait à peine fuité. Pas assez, en tout cas, pour laisser à la rumeur le temps de prendre trop d’ampleur. À tel point que le restaurant La Chèvre d’Or, le matin encore, démentait avec la dernière énergie.

De source sûre, cette incursion avait été envisagée très largement en amont, avant même que ne soit divulgué le programme des vacances de la famille Obama dans le Vaucluse. Faute de confirmati­on officielle, on pensait que l’ex-président des États-Unis avait tout simplement ajourné son projet. Finalement, une alerte jeudi soir et le branle-bas de combat immédiat. Rendez-vous à l’entrée du village vendredi à 9 h. Pour la suite, on verra…

On a vu. On l’a vu ! Et mieux que cela, croisé de très près, puis carrément accompagné sur le chemin de Nietzsche. Un sentier escarpé grimpant depuis la mer jusqu’aux premières venelles médiévales, où le poètephilo­sophe aurait peaufiné la troisième partie de l’une de ses oeuvres majeures, Ainsi parlait Zarathoust­ra. Plus humblement, Barack Obama y avait prévu une allègre randonnée.

On savait qu’il devait quitter vers 11 h la villa Les Roses, propriété depuis une vingtaine d’années de Bono, le chanteur irlandais de U2. En réalité, on n’osait pas trop y croire. Mais la tentation de dévaler le raidillon sur quelques centaines de mètres, histoire d’en avoir le coeur net, était grande. Et ça n’a pas loupé. D’abord, des gendarmes français, athlétique­s et courtois. Puis quelques gardes du corps américains à la corpulence nettement plus imposante. Et enfin cette silhouette longiligne, une allure qui ne trompe pas, la classe naturelle que n’entament ni les baskets ni le pantalon de survêt. Sans parler du teeshirt sans marque et de la

casquette US ne laissant apparaître que deux tempes grisonnant­es et autant de fossettes reconnaiss­ables entre mille. The Edge, un des musiciens du groupe U2, paraît-il, était là ; on a remarqué que Barack Obama.

« No time for pics »

Son regard dans le nôtre. Bienveilla­nt, mais ferme. Et cette injonction inattendue, présidenti­elle, admirable : «Notimeforp­ics». Que les puristes traduiront de la manière suivante : « Pas de temps pour les photos ». Mais que l’on préférera interpréte­r ainsi, pour la grandeur de notre légende personnell­e :

« Merci les gars, vous êtes très sympas et j’aurais aimé vous faire plaisir, mais le moment n’est pas tout à fait adéquat pour faire des images. » Ainsi parlait Barack Obama. Car il faut bien le dire, sur le chemin de Zarathoust­ra, lui-même peut avoir une légère tendance à suer. On a donc rangé les zooms et pris nos jambes à notre cou. Moins vite cependant que le « former President » dont la condition physique a de quoi épater. Un jeune homme de 57 ans capable d’avaler le dénivelé sans grimacer, seulement pressé de rejoindre, tout là-haut, Michelle et Bono. Qui, de leur côté, avaient sagement pris le parti de monter à bord d’un confortabl­e Chevrolet Suburban climatisé, sans se laisser accabler par la chaleur écrasante de ce premier jour de l’été.

À grandes enjambées

Barack, que l’on ne désignera plus que par son prénom en raison de l’intimité nouée sur le sentier, s’est provisoire­ment laissé doubler, le temps d’admirer le panorama. En une fraction de seconde, il reprend la tête à grandes enjambées. Atomisant son escorte américaine éreintée (nos gendarmes tiennent magnifique­ment la foulée), le voilà qui termine la randonnée en courant, comme si de rien n’était. Déboulant à midi pile sur le parking de La Chèvre d’Or, point de ralliement du champion et de son clan.

13 h 45. La famille Obama quitte la suite aimablemen­t privatisée par Bono, où l’on croit savoir que des flacons de champagne rosé Taittinger et Ruinart ont été sacrifiés. Fromages de la région et charcuteri­e hexagonale auront tenu lieu d’en-cas : chez les Obama, on se sustente, mais on ne gaspille pas son temps en repas. Départ vrombissan­t en direction de la villa Les Roses où, la veille, auraient été aperçus Bruce Springstee­n et Steven Spielberg, rien que ça, mais c’est à prendre au conditionn­el. Les Obama, ce week-end, ont prévu une escale du côté du lac de Côme, chez un autre de leurs distingués amis, George Clooney.

 ?? (Photo Jean-François Ottonello) ?? Michelle Obama et Bono du groupe U, au premier plan, précèdent Barack Obama hier matin à Eze.
(Photo Jean-François Ottonello) Michelle Obama et Bono du groupe U, au premier plan, précèdent Barack Obama hier matin à Eze.

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