Dans la ruche Renault
Soixante ouvriers aux aguets durant une heure et demie, du bruit, de la fureur et deux monoplaces en guise de reines. Immersion durant les essais libres chez Renault F1 team
Àl’arrêt. Casque sur les oreilles, le regard fixe. Assis sur un pneu, rivé devant un écran ou tout simplement debout, prêt à bondir.
Un ronflement réveille tout le monde. La ruche se met en mouvement. Un ballet coordonné au millimètre près. Mécaniciens et ingénieurs Renault se ruent sur la monoplace de Daniel Ricciardo. Deux secondes plus tard et un nouveau train de pneus installé, tout le monde est de retour à sa place. La reine est repartie en piste, les ouvriers attendent désormais Nico Hülkenberg.
Un moment privilégié pour les ingénieurs
Seules fenêtres du week-end permettant de modifier en profondeur les réglages des F1, les essais libres sont un moment privilégié pour les ingénieurs, ces hommes de l’ombre. Vêtus de
‘‘ jaune et noir, ils sont soixante, pas un de plus, à s’affairer. Jusqu’à tard dans la nuit, car la séance de roulage n’est qu’une étape dans cette longue journée. « Il faut tout analyser, explique Lucas Mazzocco, manager technique chez Renault F1 team. La voiture passe même une ‘‘échographie’’ pour voir si rien n’a bougé au niveau
Nous avons beaucoup de dégradations sur les pneus soft... ”
structurel. C’est comme dans l’aérospatiale, il ne faut pas qu’il y ait le moindre défaut, car l’erreur se paye cash. » À voir la mine fermée d’Alain Prost, il reste du travail. Le conseiller spécial, assis au côté du président de Renault F1 Team Jérôme Stoll, ne peut se satisfaire des 12e et 14e places de ses pilotes. « Nous avons beaucoup de dégradations sur les pneus soft, souffle le quadruple champion du monde. En revanche, on était pas mal sur les longs runs. Il reste pas mal de travail pour être au point pour dimanche... » D’un simple regard, les abeilles ont compris le message. En cinq minutes, le bolide est démonté. Le moteur mis à nu. Les données informatiques disséquées.
Alors que le soleil est tombé depuis longtemps sur le Paul-Ricard, la ruche Renault vibre encore. La nuit ne fait que commencer.