Nice-Matin (Cannes)

Enfin le péage gratuit pour les pompiers, mais...

Mi-juillet au plus tard, les pompiers ne devraient plus payer sur l’autoroute A8. Une économie importante. La mise en applicatio­n reste toutefois compliquée pour les autres services de secours

- GRÉGORY LECLERC ET SONIA BONNIN gleclerc@nicematin.fr sbonnin@varmatin.com

Des pompiers en interventi­on contraints de payer le péage, cela paraît ahurissant. C’est pourtant ce qui se passe en France. Seule exception : s’ils intervienn­ent pour un blessé sur l’autoroute.

Cette situation ubuesque va enfin changer, à partir de mi-juillet au plus tard, grâce au décret d’applicatio­n sorti au printemps. Il prévoit la gratuité pour les « véhicules d’intérêt général prioritair­es en opération ». C’est-à-dire, selon la loi, les sapeurs-pompiers, mais aussi les services de police, de gendarmeri­e, de douanes, etc.

« C’est une de mes plus belles victoires », commente Eric Ciotti, l’un des deux parlementa­ires à l’origine de l’amendement. « Les enjeux financiers ne sont pas gigantesqu­es pour les sociétés d’autoroute. Mais il était illogique que les intérêts privés puissent prospérer sur le secours à personne ou sur les missions des sapeurs-pompiers. »

Mi-juillet

Si la loi semble claire (lire ci-contre), elle n’est pas appliquée intégralem­ent. Le statut des pompiers s’éclaircit, mais pas celui des gendarmes, Samu, etc. Premiers sur la liste, les pompiers devraient bénéficier dès la première quinzaine de juillet du passage gratuit aux barrières de péage. Même s’ils se rendent sur un secours à l’extérieur de l’autoroute. L’annonce de ce calendrier émane du président de Vinci Autoroutes, entendu devant une commission du Sénat, à la fin du mois de mai (1).

« L’accord entre les sociétés concession­naires et le gouverneme­nt, de manière à rendre la gratuité des véhicules d’interventi­on des pompiers, [sera] effective à partir du 14 juillet », a fait savoir Pierre Coppey. « On a convenu qu’on serait prêt pour le 1er juillet ou le 14 juillet », les discussion­s devant être menées « départemen­t par départemen­t ».

Au Service départemen­tal d’incendie et de secours des AlpesMarit­imes (Sdis) on se frotte les mains. « On arrive enfin à une solution de logique et de bon sens », réagit Charles-Ange Ginésy, président du conseil d’administra­tion. Chaque année le Sdis dépensait 250 000 euros en barrières de péage. « Sur cette somme, seule la moitié concerne des véhicules en interventi­on, ceux qui rentrent dans le champ d’applicatio­n de la loi », précise CharlesAng­e Ginesy. Soit, tout de même, une économie de 125 000 euros. Quelles seront les modalités ? «Escota nous propose de relever à chaque fin de mois, sur les listings de passage, quels véhicules étaient en interventi­on », explique Charles-Ange Ginesy. Soit une personne équivalent temps plein pour effectuer ce travail. Coût : 35 000 euros. L’économie pour le Sdis ne serait alors plus que de 90 000 euros. « J’ai fait une contreprop­osition, soutenue par les présidents des conseils départemen­taux du Var et des Bouches-duRhône. Il s’agirait de déclarer une fois pour toutes quels sont nos véhicules d’interventi­on et de leur accorder la gratuité permanente », ajoute Charles-Ange Ginésy.

Le Samu pas concerné

« C’est un dossier techniquem­ent plus complexe qu’il n’y paraît », selon le concession­naire autoroutie­r. Tellement complexe que l’élargissem­ent aux autres forces d’interventi­on d’urgence n’est pas d’actualité malgré la loi. Exception : ceux dont le champ de travail est l’autoroute, comme les gendarmes spécialisé­s ou les CRS. Exit donc le Samu, malgré ses interventi­ons vitales. Fabien Matras, député varois qui a cosigné une partie du texte de loi s’engage. « L’effort va se poursuivre, le gouverneme­nt va continuer de négocier. La pression des élus locaux et nationaux est essentiell­e. »

Eric Ciotti rappelle qu’à ses yeux, « le Samu est aussi concerné. Quand un véhicule est en interventi­on, il ne doit pas payer ». On en est encore loin… 1. Audition du 29 mai, notamment autour des concession­s d’autoroutes.

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Prendre l’autoroute pour intervenir le plus rapidement possible est assez logique pour les secours d’urgence. Même si le lieu de l’incident n’est pas situé sur l’autoroute. Mais dans ce cas, qui paie quoi ? (Photo Dominique Leriche)

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