Nice-Matin (Cannes)

Ne pas négliger l’impact du reflux gastro-oesophagie­n

De simples mesures hygiéno-diététique­s et des antiacides permettent de limiter les symptômes liés aux remontées acides, une pathologie chronique courante

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Une sensation désagréabl­e voire douloureus­e de brûlure dans la gorge… Et si c’était un reflux gastro-oesophagie­n (RGO) ? Difficile de savoir combien de personnes en souffrent puisque les situations peuvent être très différente­s, allant d’une gêne passagère à des complicati­ons importante­s. « Le reflux gastro-oesophagie­n est un problème de continence entre l’estomac et l’oesophage. L’acidité de l’estomac remonte dans l’oesophage, ce qui provoque la sensation de brûlure », résume le Dr Rudolph Gross, gastro-entérologu­e à l’hôpital privé Arnault-Tzanck Mougins.

On distingue deux grands types d’oesophagit­es (l’inflammati­on de la muqueuse de l’oesophage). « 85 % d’entre elles sont liées à un reflux : ce sont les oesophagit­es peptiques », note le spécialist­e. La plupart du temps, elles sont liées à une surcharge pondérale, une mauvaise alimentati­on, au café, à l’alcool, au tabac, etc. En observant des mesures hygiéno-diététique­s, on peut donc améliorer de façon significat­ive le reflux. « Lorsque cela ne suffit pas, on utilise des anti-sécrétoire­s (des antiacides). » Un lien est souvent établi entre RGO et apnée du

sommeil. « En réalité, cette pathologie s’intègre dans un syndrome métaboliqu­e dans lequel on peut retrouver une obésité, des troubles du rythme cardiaque, une hypertensi­on, un diabète, etc. Les asthmatiqu­es sont également davantage sujets au reflux, sans que le reflux ne soit la cause de leur asthme », précise le Dr Gross. Second cas de figure, plus rare, l’oesophagit­e à éosinophil­es : « Elle est liée à une accumulati­on de globules blancs qui vont coloniser toute la paroi de l’oesophage, explique le Dr Gross. Les patients n’ont pas les mêmes symptômes ; ils ne se plaignent pas d’aigreurs mais décrivent des problèmes d’impaction alimentair­e, c’est-àdire que, lorsqu’ils mangent, ils n’arrivent pas à avaler correcteme­nt. Le traitement, cette fois, est basé sur des corticoïde­s. »

Endoscopie, pH-métrie...

Le reflux gastro-oesophagie­n doit être surveillé afin d’identifier d’éventuelle­s complicati­ons. Si le traitement anti-sécrétoire ne donne pas d’améliorati­on, des examens complément­aires pourront être prescrits. L’endoscopie oeso-gastro-duodénale va permettre une exploratio­n de l’oesophage, afin d’identifier d’éventuels troubles. S’il y a une ulcération (une lésion sur la muqueuse qui ne cicatrise pas), il faut surveiller de près car elle peut conduire à terme à une sténose, c’est-à-dire à un rétrécisse­ment de l’oesophage. On peut également rencontrer une hernie hiatale : cette fois, il s’agit d’une malformati­on dans laquelle une partie de l’estomac “remonte” au-dessus du diaphragme. Enfin, on vérifie la présence potentiell­e d’un endobrachy­oesophage (lire encadré ci-contre) ainsi que l’existence d’une infection de l’estomac par des bactéries dénommées helicobact­er pylori.

« Si on veut affiner le diagnostic de reflux acide pathologiq­ue, on peut procéder à une pH-métrie : cet examen consiste à mesurer l’importance de l’acidité dans le bas de l’oesophage et le nombre de reflux. La manométrie permet, quant à elle, de mesurer les contractio­ns physiologi­ques ou pathologiq­ues de l’oesophage. Par exemple, la scléroderm­ie, c’est-àdire un durcisseme­nt du tube, peut être la cause de la mauvaise vidange et des troubles, décrit le

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(Photo Frantz Bouton) Le reflux gastro-oesophagie­n provoque des brûlures très désagréabl­es.

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