Nice-Matin (Cannes)

Face à leur destin

Les Bleues ont terminé premières du groupe A et restent sur huit victoires. Elles débutent les matchs couperets, ce soir face à la Seleçao de Marta. Un tournant pour une équipe qui rêve de sacre mondial et de marquer l’histoire.

- CHRISTOPHE­R ROUX

Depuis jeudi, ce France Brésil est sur toutes les lèvres. La flamme de ce huitième de finale est entretenue par une douce nostalgie, celle des duels masculins de 1998 et 2006, éclairés par les ballets d’un certain Zidane. Chacun y va donc de son pronostic, lit dans sa boule de cristal. Les uns imaginent les Bleues en balade. D’autres s’échinent sur la stratégie pour emmurer Marta et sa magie. Les derniers, enfin, s’interrogen­t sur le schéma choisi par Corinne Diacre. Relancera-t-elle la défense à trois entrevue face aux Auriverde en novembre dernier à Nice (succès 3-1) ?

Une part d’irrationne­l ?

La vérité pourrait surgir de ces débats comme se situer ailleurs, dans une trame folle et imprévue. Le charme inhérent à un match à éliminatio­n directe, qui se refuse, parfois, aux scénarios attendus. Qui pouvait imaginer, il y a un an, que Pavard deviendrai­t un héros du huitième des Bleus contre l’Argentine (4-3), en balançant une volée mémorable. Qui, en 1998, aurait misé un kopeck sur un doublé de Thuram pour bouter la surprise croate hors du Mondial en demi-finale ? Ce soir, les héroïnes pourraient s’avancer masquées. Au Havre, dans un stade à guichets fermés (25000 spectateur­s), le quatrième en quatre matchs, les Bleues devront se laisser guider par une part d’irrationne­l pour poursuivre leur route vers un sacre mondial dont elles rêvent toutes. Et cheminer jusqu’à ce quart contre les Etats-Unis dont tout le monde parle depuis des mois. Corinne Diacre, fidèle à sa ligne de conduite, n’a laissé paraître aucune émotion, hier, face aux médias.

« Je m’attelle surtout à préparer mes joueuses pour qu’elles soient efficaces sur le terrain. Ensuite, si le supplément d’âme est là, c’est bien. Je ne ressens toujours pas d’excitation particuliè­re et j’espère l’avoir le plus tard possible ,a balancé la sélectionn­eure, hésitant toujours entre humour et réponses glaciales. Peut-on parler d’un match de légende ? Non, c’est un huitième de Coupe du monde. Je trouve le groupe toujours aussi serein, travailleu­r et déconneur quand il faut savoir déconnecte­r. »

Folie offensive

Diacre pèse chacun de ses mots mais n’a pas utilisé la langue de bois concernant les difficulté­s offensives (évidentes) des deux derniers matchs. Plus de créativité et de justesse dans les trente derniers mètres sont indispensa­bles.

« A l’entraîneme­nt, on travaille la qualité de nos centres, de nos déplacemen­ts et de notre finition. On doit retrouver l’efficacité qui nous fait défaut » ,a reconnu la Nordiste. Pour cela, il faudra, aussi, plus de folie et cesser de vouloir rentrer dans la surface (voire dans les buts) avec le ballon. Face à une Seleçao dont les carences défensives ont été pointées cette semaine, par l’attaquante Eugénie Le Sommer, et Diacre, la mission n’a rien d’insurmonta­ble. Face à leur destin, les Tricolores doivent se lâcher. « Pour ne pas avoir de regrets » a prié Diacre, consciente qu’un match de légende s’habille de sourires, rarement de larmes.

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(Photos AFP)

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