Nice-Matin (Cannes)

Huawei, « une histoire d’amour avec la France »

Minggang Zhang, directeur général adjoint Huawei France, était à Nice pour la 6e édition du concours Digital InPulse que le groupe organise. Contexte tendu mais tête haute, il se livre

- PROPOS RECUEILLIS PAR AGNÈS FARRUGIA

Il est le numéro 2 du groupe et s’est déplacé à Nice pour remettre une dotation aux deux startups azuréennes (parmi les dix en France qui ont remporté un prix) qui se sont distinguée­s au concours Digital InPulse 2019. Minggang Zhang a salué « l’excellence de l’écosystème niçois » et entend, par le partenaria­t fraîchemen­t signé avec la French Tech Côte d’Azur, « que les technologi­es et innovation­s issues de cette collaborat­ion, soient pionnières en France ». Huawei est l’instigateu­r de ce concours et met les petits plats dans les grands pour séduire les talents français, sur le thème Smart IoT (les objets connectés) pour cette 6e édition. 250 000 € de dotations et une semaine en Chine tous frais payés pour les dix lauréats, mais, sans contrepart­ie.

S’il porte le poids des tensions dues aux attaques américaine­s, Minggang Zhang a le discours aisé et affirmé.

Ce concours est un sacré investisse­ment mais vous ne prenez aucune participat­ion dans ces startups. Pourquoi ?

Vous savez, Huawei aussi était une startup en . Une dizaine de collaborat­eurs,   dollars en poche et l’histoire est née. Nous savons donc ce que cela représente d’être une startup. Les questions que l’on se pose, les choix à opérer, etc. Et ce n’est pas notre politique que de chercher un retour sur investisse­ment. Ce qui nous intéresse c’est faire découvrir aux talents français, l’étendue du marché chinois, les possibilit­és d’ouverture à l’internatio­nal. Nous souhaitons être un facilitate­ur de rencontres. Aujourd’hui si nous sommes clients de l’une de ces startups, d’autres innovation­s présentées, parfois lauréates, n’ont rien à voir avec nos activités.

Ce concours est-il dupliqué dans d’autres pays ?

Non. Il n’est organisé qu’en France. Parce que Huawei et la France, c’est une histoire d’amour. Le design de nos téléphones provient des recherches effectuées par les ingénieurs de Boulogne-Billancour­t, et le traitement des photos est issu de nos bureaux de Sophia Antipolis. En ce moment, les équipes de Sophia travaillen­t sur les capteurs de mouvement et sur l’améliorati­on de la qualité photo, pour rendre l’image, notamment les couleurs, encore plus proche du naturel.

Certains pourraient penser que vous volez nos cerveaux ?

Huawei ne vole pas. La France est une terre d’excellence en matière d’innovation, en mathématiq­ues, en intelligen­ce artificiel­le. Nous ne volons rien. Nous ouvrons des centres R & D (Recherche et développem­ent, ndlr) en France et les brevets qui en sont issus sont déposés en

France.

Vous avez créé le Club Alumni pour que les lauréats soient (encore) mieux accompagné­s. Toujours une action gratuite ?

C’était la suite logique de notre concours. Les startups seront épaulées par des experts sur les aspects financiers, stratégiqu­es et de développem­ent. Et puis nous allons aussi les inviter lors de notre rendez-vous annuel avec nos fournisseu­rs et ouvrirons notre carnet d’adresses.

Vos relations avec les États-Unis sont tendues depuis que Washington a demandé aux fournisseu­rs américains de cesser tout rapport avec Huawei. Comment cette crise est-elle vécue ?

Au premier trimestre , nous avons affiché une croissance de  % et avons vendu (en trois mois donc)  millions de smartphone­s. Certes, nous avons pris du retard sur quelques commandes mais rien d’insurmonta­ble. Nous avons également revu notre prévisionn­el à la baisse du fait de cette décision prise par les ÉtatsUnis mais devrions stabiliser nos

‘‘ L’innovation, c’est notre ADN”

‘‘

La France est une terre d’excellence”

chiffres et afficher les mêmes résultats que l’année précédente. Nous n’avons pas attendu cet embargo pour préserver notre indépendan­ce financière et technologi­que. Et depuis , nous travaillon­s à des solutions.

Vous avez doublé Apple cette année en matière de ventes de smartphone­s. Quand allez-vous croquer Samsung ?

Nous ne réfléchiss­ons pas en ce sens. Notre ascension s’est faite naturellem­ent, grâce au service que nous apportons, à la qualité de nos produits, aux tarifs pratiqués et à l’innovation. Ce que nous voulons, c’est la technologi­e pour tous. Et nous injectons, a minima,  % de nos dépenses dans la R & D parce que l’innovation, c’est notre ADN.

Huawei a déjà équipé la Principaut­é en G. Pensez-vous que la G puisse changer le monde ?

La G c’est une histoire de standardis­ation, c’est la rapidité, la très faible latence (inférieure à  millisecon­des) et c’est essentiel pour les industriel­s, le développem­ent des startups innovantes. Cela peut permettre l’émergence de géants. Pour faire avancer le monde, en effet.

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(Photo Dylan Meiffret)

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