Nice-Matin (Cannes)

Expo : encore des oeuvres victimes de vandalisme !

Après celles de Sweetlove à Juan, des sculptures de David David exposées en plein air ont été malmenées. Face à cet état de fait, l’artiste garde foi en l’art

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Série noire. Si chaque été une des oeuvres exposées en plein air dans la cité des Remparts se retrouve en mauvaise posture, cette année marque un triste record. Puisqu’après les oeuvres renversées et vandalisée­s de Sweetlove dans la pinède de Juan-les-Pins (notre édition du 5 juillet), la bêtise poursuit son chemin du côté de la vieille ville…

Il y a encore une semaine, la courtine Gismondi offrait un horizon graphique aux promeneurs : déclinant trois oeuvres similaires de David David dans différents coloris. Envy, allégorie de la société de consommati­on qui dévore tout cru les Hommes. Une métaphore qui a été victime de la déraison : un ou plusieurs individus sont parvenus le week-end passé à la faire tomber de son socle. La condamnant. « C’est la deuxième qui se retrouve dans cet état-là. Ce n’est pas possible de la restaurer. Donc on détruit », explique l’artiste qualifiant la situation de « désolante ».

Pour que les attitudes violentes cessent

En plus de devoir compter deux sculptures en résine en moins sur les seize initialeme­nt installées, l’artiste basé à Vallauris-Golfe-Juan a également assisté à des scènes hallucinan­tes sur l’esplanade du Prédes-Pêcheurs : « J’y suis allé plusieurs fois le soir. C’était sympa de voir les gens se promener autour des oeuvres. Mais certaines personnes ne respectent pas les choses. Malgré les plaques interdisan­t le fait d’escalader l’oeuvre, j’ai dû demander à des parents de faire descendre leur enfant qui était monté sur Les deux mondes. » Une pratique semblant assez courante au vu des dégâts causés sur la pièce… « J’ai restauré sur place comme j’ai pu, la kalachniko­v dans le dos du personnage en avait besoin. » Un constat effarant devant un événement à ciel ouvert 100 % gratuit.

Si l’artiste ne compte pas porter plainte, il croise les doigts pour que les attitudes violentes cessent : « On sait bien que lorsque l’on crée on ne fait pas l’unanimité, qu’il y a des gens à qui ça ne parle pas, qui ne comprennen­t pas forcément le message… Je n’ai aucun souci avec cela. Mais de là à aller écraser des cigarettes sur certaines sculptures ou les casser, on dépasse la critique ! Là on est dans la méchanceté pure et simple. » Encore exposées jusqu’au 22 septembre, ses créations vont-elles être les dernières à rester à l’air libre ? « Non, cette expérience ne me refroidit pas pour les prochaines expos monumental­es ! », assure David David, optimiste et requinqué : « Au final, ça me donne du punch, de l’énergie ! » Pas du genre à baisser les bras, ce natif de Nancy en tire même du positif : « Il fallait en passer par là, que des gens ridicules s’attaquent aux oeuvres pour que je change ma technique. Désormais je ne proposerai plus de résine pour une installati­on de ce type : soit du bronze soit de l’acier. Et là s’ils veulent la faire tomber… » Relativisa­nt, David David souhaite voir le positif : « Au final, je tiens à les remercier ! J’ai encore plus de force maintenant. Et puis, il faut aussi dire qu’il y a des bonnes personnes qui sont là et respectent l’art, qu’il leur plaise ou non. C’est aussi ça l’essentiel. »

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S’il y a encore quelques jours il restait le socle sans l’oeuvre dégradée, il a été ôté de la courtine Gismondi. Il ne reste donc plus que deux pièces Envy installées ici.
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L’oeuvre Les deux mondes a, quant à elle, dû être restaurée sur place par l’artiste. Une partie de l’arme située dans le dos du personnage a été endommagée. (Photos M. D.)

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