Nice-Matin (Cannes)

L’été des  ans d’Ardisson à Juan : émois, émois, émois !

Après avoir décroché son baccalauré­at en 1966, l’enfant du pays revient sur sa Côte d’Azur chérie. Si les premiers jours lui ont été moroses, les suivants ont changé le cours de sa vie...

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Tous les mardis, c’est la trajectoir­e d’une star quelle soit de la télé, de la gastronomi­e, de la littératur­e, etc ; que nous vous proposons de partager. Avec cette seule obligation : que ce soit, ici, dans la cité des Remparts, que tout a commencé.

L’histoire d’un gamin qui ne rêvait que d’une chose après son bac : se tirer. Diplôme en poche en ce début d’été 1966, Thierry Ardisson demande à ses parents un billet de train pour quitter Avignon. Direction ? Juan-lesPins. Une destinatio­n relevant presque du hasard, d’un vieux souvenir tendre de son enfance, lorsqu’en famille il découvre les notes bleues et le chic des lieux. Et ce, à deux pas de Golfe-Juan, là où son père et sa mère se rencontren­t des années plus tôt. Il le sent, cette ville lui ouvre les bras. Alors que les siens lui en tombent lorsqu’il reçoit l’aval parental pour ses vacances en solo. Un « oui » qui va changer sa vie…

D’autres versants

Il plante sa tente au camping. Y dépose ses affaires. Mais garde toujours le coeur aussi lourd. Ces jours derniers l’adolescent ne parvient pas à se laisser gagner par l’insoucianc­e. La faute à sa copine du moment, aux abonnés absents. Alors, lorsqu’elle lui répond enfin, le môme fait des bonds. Elle le rejoint ! L’été n’en sera que plus beau. Oui. Mais non. La sentant distante, il va se retrouver avec le coeur brisé : sa belle lui annonce qu’elle a choisi un autre pour sa première fois.

Boum, patatras. Essayant de noyer son chagrin sous les rayons du soleil, la solitude du petit Thierry va rapidement s’atténuer. Un homme l’accoste sur sa serviette. Engage la conversati­on et lui demande ce qu’il fait par ici. Plus de nana et plus de pognon : voici le tableau que le jeune homme dresse à Johnny Honeywood. Le patron du Whisky à Gogo propose à ce garçon trop triste pour être laissé à l’abandon un poste de disquaire. Ardisson saute sur l’occasion. Il ne s’y connaît pas tant que ça en musique, mais il a l’âme d’un challenger. Et, face à la piste, comprend que le temps mort n’a pas sa place. Son amour déçu ? Oh, il va rapidement l’oublier. When a men loves a women tourne à bloc sur les diamants. La nuit et ses oiseaux vont panser ses plaies. Ses idylles ? Il n’attend pas la fermeture pour les consommer. Goin’ Home fait onze minutes et trente-cinq secondes ? Merci Mick Jagger. Idéale pour s’éclipser à l’ombre des néons dans la pinède avec une belle et revenir dare-dare derrière les platines. Ni vu, ni connu. Tenant bon la barre du dancefloor jusqu’à quatre heures du matin, la graine de DJ ne rentre pas pour autant s’emmitoufle­r dans son sac de couchage une fois le rideau baissé. Dès le deuxième soir, il suit l’équipe du club. Verres à Cannes, au Zanzibar notamment, et célébratio­ns orgiaques. Avant sa majorité, Thierry découvre les versants de la sexualité. Dans les chambres, tous les garçons retirent leurs vêtements. Et s’entremêlen­t. Des scènes qui l’hypnotisen­t. Il comprend qu’il a encore beaucoup à découvrir… Mais pas tout de suite. Il attendra quelques années pour partager cette intensité avec un homme. L’été 1966 s’éteint. Mais pas l’émerveille­ment du gamin qu’il était. 1979, la flamme est ravivée. Revenant pour 24 heures sur les traces de ses aventures, il dévore des yeux la ville qui lui a donné goût à la fête, aux projecteur­s. Et ne manque pas de trinquer avec son vieil ami Johnny Honeywood, aujourd’hui disparu. Un jour, tout le monde en reparlera. En attendant, salut l’artiste ! Source : Confession­s d’un baby-boomer, Thierry Ardisson avec Philippe Kieffer, Flammarion (2005).

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(Photo archives Franz Chavaroche) Thierry Ardisson a animé les nuits du Whisky à Gogo l’été .

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